Pokémon : un succès multigénérationnel loin d’être terminé ?

Dans ce premier dossier mensuel, nous nous intéressons à la success story de Pokémon, jeu qui vient de fêter ses vingt ans.

Le samedi 27 février 2016, Pokémon fêtait déjà ses vingt ans. Et pour tout vous dire, cela ne nous rajeunit pas. Je me souviens encore du temps où, à mes onze ans, je volais la Game Boy Color de ma petite sœur pour jouer à Pokémon version Bleu. Et rien qu’en y pensant, tout plein d’anecdotes me viennent à l’esprit. Je me souviens des nombreuses parties que j’ai dû rejouer pour une multitude de raisons alambiquées : par exemple, en possession de Salamèche, il m’était tout bonnement impossible de venir à bout des pokémons de Pierre dans l’arène d’Argenta. J’ai donc du redémarrer une partie avec un pokémon de départ plus approprié. Je me rappelle aussi de la fois où, comme un imbécile, j’avais utilisé la fameuse méga ball sur une créature qui n’en valait pas la peine. Plus tard, en face d’un Mewtwo pourtant moribond, j’étais dans l’incapacité d’attraper le pokémon le plus puissant du jeu. Encore une fois, réinitialisation de la partie… Et je ne vous parle même pas des fois où, suite à de violentes disputes avec ma sœurette, la console portable que nous chérissions tant finissait au sol, endommagée, nous condamnant à lancer une énième partie ! Si la seule version de Pokémon que j’ai eu l’occasion de tester par la suite fut la version Jaune, c’est néanmoins avec grand plaisir que je vous propose ce premier dossier exclusif dans lequel nous allons débattre ensemble du succès incroyable de Pokémon, jeu vieux de plus de vingt ans.

Pokémon, l’histoire d’un homme

Cela peut paraître stupide mais il me semble essentiel de jeter un petit coup d’œil aux prémices de Pokémon. Cette franchise transgénérationnelle a été créée au milieu des années 1990 par Satoshi Tajiri, qui est aussi chef de la direction de Game Freak, société de développement qui planche sur tous les jeux Pokémon depuis les débuts de la licence. Bien avant Pokémon toutefois, Game Freak avait travaillé sur des jeux comme Mario and Yoshi, qui était sorti sur NES et Game Boy en 1991. Plus récemment, le studio japonais a également développé Tembo The Badass Elephant, un jeu PC encore méconnu en Europe. Il semblerait donc que Game Freak cherche d’une manière ou d’une autre à se débarrasser de l’étiquette « Pokémon » en diversifiant ses activités et en s’intéressant à de nouveaux supports.

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Le créateur de Pokémon, c’est ce monsieur, Satoshi Tajiri. 

Mais revenons-en à Pokémon. Savez-vous quelle a toujours été la principale source d’inspiration de son créateur lorsqu’il s’agit d’inventer des petites bêtes toujours plus farfelues les unes que les autres ? Les insectes ! Eh oui, déjà enfant, Satoshi Tajiri était un fin collectionneur d’invertébrés en tous genres (de criquets notamment) qu’il n’hésitait pas à troquer en fonction de leur valeur marchande. Vous qui avez déjà joué à Pokémon, cela ne vous dit-il rien ? Ce n’est pas pour rien que les proches de Satoshi Tajiri le surnommaient Doctor Bug ! Mordu de jeux vidéo et d’électronique, l’homme aujourd’hui âgé de 50 ans décida par la suite de suivre un cursus d’informatique plutôt que de travailler aux côtés de son père pour Nissan Japan – dommage, moi qui suis fasciné par la rapidité de la GTR ! Au bout de deux ans, il devient titulaire d’un diplôme en informatique décerné par la Tokyo National College of Technology. En 1982, il lance son magazine Game Freak avec des amis. En 1991, il découvre avec émerveillement la toute première Game Boy et se décide à lancer un jeu qui révolutionnera le genre. Voilà, vous connaissez la petite histoire de Pokémon.

Un jeu vidéo pour les 7 à 77 ans

Pokémon, c’est un succès multigénérationnel – oui, je sais, c’est déjà le titre de l’article mais j’aime bien ce mot. Il faut savoir qu’il existe pas moins de sept générations de jeux Pokémon ! Au Japon et nulle part ailleurs, on a eu ainsi droit à Pokémon Rouge et Vert. Deux ans plus tard, ce fut le tour de Pokémon Rouge et Bleu, qui furent commercialisés aux USA et en Europe. Puis, à partir de 1999, les nouveaux opus se sont enchaînés avec Pokémon Jaune, Pokémon Or et Argent, Pokémon Rubis et Saphir, Pokémon Diamant et Perle, Pokémon Platine, Pokémon Noir et Blanc, Pokémon Noir et Blanc 2 (humm… d’accord), Pokémon X et Y sans oublier deux nouvelles versions qui viennent tout juste d’être annoncées, Pokémon Soleil et Pokémon Lune. À en croire qu’un jour Game Freak parcourra toutes les lettres de l’alphabet ou nous fera voyager jusqu’aux confins de la galaxie !

Tous les jeux Pokémon depuis 1996
Plus de vingt jeux Pokémon sont sortis depuis 1996.

Blague à part, l’un des éléments qui prouvent que Pokémon a marqué les générations, c’est le fait que la franchise ait été adaptée à une multitude de supports qui ont depuis longtemps pris la poussière. Game Boy, Game Boy Color, Nintendo 64, Game Boy Advance, GameCube, Wii, Nintendo DS, Nintendo 3DS, Wii U, Pokémon a logiquement traversé les époques et ce qui est encore plus admirable, c’est que chaque jeu – remakes et spin-offs inclus –, a largement trouvé preneur. Ainsi, fin 2010, le géant Nintendo affirmait avoir écoulé 215 millions d’exemplaires de Pokémon partout à travers le monde. Et parmi les acheteurs, on trouve forcément un grand nombre de trentenaires nostalgiques qui ont porté dans leur cœur une licence alors enfantine. Aujourd’hui, 25% des fans de la Pikachu family sont âgés de plus de 25 ans. De quoi balayer les vieux stéréotypes qui placent encore la franchise de Tajiri comme un jeu réservé aux enfants ou adolescents…

Pokémon, un symbole de la pop culture

En tant que jeu qui a traversé les âges, Pokémon est devenu un symbole de la culture de masse. Après tout, Pikachu n’est-il pas l’équivalent japonais de Mickey aux États-Unis ? Certes, cela fait un peu cliché, mais nous ne sommes pas très loin de la vérité. La Pokémania a envahi les consoles mais a aussi pris d’assaut les écrans de télévision et de cinéma par exemple. Les séries et films tirés de Pokémon sont trop nombreux pour être énumérés. Après l’exceptionnel Pokémon, le film : Mewtwo contre-attaque sorti en 2001, seize autres longs métrages ont vu le jour. Quant à la série télévisée, elle comporte au total dix-huit saisons. Le brainwashing commercial ne s’arrête pas là puisque tout un tas de produits dérivés ont marqué notre existence de Pokémon-addict : on se souvient par exemple des cartes à jouer que l’on exposait fièrement à la cour de récré, des mangas comme Pocket Monsters, plutôt éloignés de l’intrigue principale mais très sympathiques dans leur genre, sans oublier les peluches, les casquettes, les voitures (oui, oui, les voitures), les costumes, les hamburgers, les soucoupes volantes etc.

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On ne peut pas le nier : Pokémon a eu un impact culturel fracassant et cela est dû à une série de campagnes marketing rondement menées. Et si la licence qui met aujourd’hui en évidence plus de 700 créatures différentes (cela change des 150 pokémons que j’avais connus étant enfant) est née de l’imagination débordante de Satoshi Tajiri, l’homme qui a permis le succès de ce qui est aujourd’hui un phénomène planétaire n’est autre que Tsunekazu Ishihara. C’est bien lui qui a fait de Pokémon une marque de commerce à part entière, une lignée de produits bankable qui s’exportent facilement, et ce peu importe le public visé.

Pokémon, un jeu avec des valeurs fortes

Pokémon est, étrangement, un jeu auquel on s’identifie facilement. Ses créatures aux noms amusants, qui ne sont pas sans nous rappeler les animaux du monde réel, sont farcies de références culturelles. Pokémon éveille donc notre imaginaire tout en gardant un peu les pieds sur terre. Et puis Pokémon, ce sont aussi des valeurs fortes, que ses créateurs défendent au fur et à mesure des épisodes. Si Sacha, le héros de la saga, incarne courage, détermination et loyauté, les relations entre les principaux protagonistes restent basées sur l’entraide, le dépassement de soi et le respect du monde qui les entoure. Même s’il y a des méchants dans Pokémon – à l’image de la Team Rocket –, l’ensemble de l’œuvre semble pacifiste. Pour preuve, il me semble qu’on ne voit jamais le moindre pokémon « mourir » dans l’anime. Il faut dire que dès que l’un d’entre eux est groggy à la suite d’un combat, on le rappelle immédiatement avant qu’il ne soit remplacé par l’un de ses convives.

Une licence difficilement recyclable ?

Cependant, en dépit du fait que Pokémon soit bel et bien un jeu pour adulte, on admettra que beaucoup finissent tôt ou tard par lâcher l’affaire. La raison ? Le manque de variation proposé en termes de jouabilité. Certes depuis Pokémon versions Bleu et Rouge les choses ont bien changé (on a maintenant tout un tas de possibilités pour faire évoluer ses bêbêtes, on peut leur attribuer des compétences à notre guise, et c’est sans compter le nombre de créatures que l’on peut désormais capturer), mais, au bout du compte, mis à part garnir son Pokédex et rejouer les matches de la Ligue jusqu’à l’infini, l’aventure finit tôt ou tard par devenir lassante et répétitive.

Pokémon e-sport
Pokémon et l’e-sport, c’est tout sauf une histoire d’amour…

Autre chose assez effrayante pour une licence comme Pokémon : à l’heure où tout le monde ne jure plus que par l’e-sport, la franchise ne semble pas capable de relever les enjeux de demain. Même sur le plan professionnel, Pokémon rapporte très peu aux grands champions. Les dotations proposées sont en effet très faibles, la faute à une orientation trop grand public préconisée depuis des décennies par Nintendo. À titre de comparaison, les prix offerts dans le cadre de compétitions autour de jeux tels que Dota ou Starcraft sont dix fois supérieurs ! En quelque sorte victime de son propre succès, Pokémon pourrait bien ne plus être au premier rang dans les années à venir, bien que Pokémon: Let’s Go et surtout Pokémon Go puissent nous prouver le contraire… L’e-sport, cela sera justement le prochain dossier que nous vous proposerons. En attendant, laissez la nostalgie vous envahir en visionnant le premier épisode du dessin animé qui nous a bercé pendant notre enfance !

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5 réponses

  1. Et dire que j’ai mis des heures à finir le pokedex sur la première gen pour qu’ensuite ils sortent d’autres versions…

    Merci pour cet article Eric et bonne continuation.

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