Noël : surabondance de cadeaux pour nos petits geeks ?

À Noël, les gameurs, qu'ils soient enfants ou adultes, ne sont-ils pas trop gâtés ? Où se trouve le juste équilibre ?

Les gameurs sont de vraies machines à consommer. Vous n’êtes pas d’accord avec cette affirmation ? Franchement, arrêtez votre petit jeu, vous le savez tout autant que moi. De toute façon, les deux ou trois jeux que vous achetez tous les mois, les t-shirts, figurines, peluches et goodies qui débordent de votre étagère ne vous donnent aucune sorte de crédibilité. Oui, les gameurs sont des machines à consommer. Ce fut le cas en 2016. Cela sera encore le cas en 2017. Et cela ne risque pas de s’arrêter…

Il faut dire que de nos jours, on assimile sans mal plaisir à dépense. C’est prouvé. Plus on achète, plus on se sent existé. Et s’il y a une période où on n’hésite pas à mettre la main au porte-monnaie, c’est bien Noël. À Noël, on voit toujours plus gros, toujours plus cher, et surtout on voit en quantité. Le rituel reste le même : d’une année sur l’autre, on se gâte, on se surcharge de présents que l’on ne mérite pas forcément. Et le pire dans tout ça, c’est qu’on reproduit exactement le même schéma pour nos enfants… Pourquoi un tel comportement ? Pourquoi s’abandonne-t-on si facilement aux vices de la société de consommation ? N’est-il pas dangereux de se laisser aller ainsi ? Faut-il priver ses enfants de récompenses ? Quant aux gameurs adultes, ne sont-ils pas finalement de grands enfants capricieux, un brin irresponsables et pitoyables ? Dans ce dossier mensuel, je vais tenter de dévoiler au monde entier votre vrai visage. Je ne prétends pas avoir la science infuse. Voyez-vous, je souffre des mêmes troubles que vous ! C’est parti pour une petite psychanalyse qui, on peut le dire, tombe à pic. Joyeux Noël !

Trop de cadeaux à Noël : les gameurs ne s’autorisent plus à rêver…

À l’image du gameur adulte qui s’achète tout ce qu’il veut sans rechigner, les enfants d’aujourd’hui n’ont plus le temps de rêver. Il faut dire qu’ils perçoivent leurs cadeaux comme quelque chose qui leur est dû. Quant aux parents, il est rare qu’ils fassent quelque chose pour les détromper. Dernières consoles, jeux vidéo à la pelle, peluches, figurines… Il semblerait qu’on ne recule devant aucun sacrifice pour combler nos joyeux bambins. Les preuves sont là : les ménages français dépensent en moyenne 195 € pour chacun de leurs petits tous les ans à Noël. Oui, vous avez bien lu, une somme plutôt conséquente !

Noël : la surabondance de cadeaux est-elle nuisible pour nos enfants ?
Est-ce vraiment bien de gâter ses enfants dès le plus jeune âge ?

Cette surenchère totalement assumée date du début des années 1960. Cette époque correspond à la naissance de la société de consommation. D’ailleurs, quel meilleur moment pour assister à l’éclosion de l’enfant roi, me demanderez-vous ? Depuis, la société de consommation n’a cessé de grandir. Mais rendons-nous vraiment service à nos enfants lorsqu’on les chouchoute à tout-va ? Nos pulsions d’achat, même si elles sont ambigües, ne risquent-elles pas de déteindre sur eux ? On dirait que le temps où toute chose se méritait est désormais loin… En obtenant tout ce que l’on veut en claquant des doigts, on ne s’autorise plus à rêver, nos envies sont submergées par la certitude de pouvoir assouvir sans difficulté nos désirs. Finalement, le gameur d’aujourd’hui et son enfant sont pourris gâtés et ont du mal à saisir la réelle valeur des choses. Mais comment leur en vouloir ? Après tout, tout le monde est pareil.

Pourquoi les adultes gâtent-ils autant leurs enfants ?

Les sollicitations visuelles et la profusion d’offres alléchantes ont facilement raison de nous. Il ne faut pas se leurrer, les joueurs sont des cibles très faciles. Pourquoi ? Parce que la plupart des gameurs collectionneurs souffrent d’un mal commun : en possédant de nouveaux biens, il se sentent soudain exister. Et s’ils achètent autant, c’est avant tout parce qu’ils sont à la recherche du plaisir, cette douce sensation synonyme de satisfaction. Les adultes sont les premières victimes de la société de consommation. Aussi, il n’est pas étonnant que leurs enfants soient eux aussi affectés. Sur le plan social, tous les signaux sont au vert, tout semble indiquer que le bonheur de chacun réside dans l’abondance de biens de consommation. Pour être de bons parents, faut-il suivre le mouvement ?

Noël : la surabondance de cadeaux est-elle nuisible pour nos enfants ?
À qui profitent réellement les cadeaux destinés à nos enfants ?

D’un point de vue général, c’est sans doute parce que l’on confond trop souvent besoin et envie que l’on s’évertue à autant dépenser. Néanmoins, il existe probablement des cas à part. Par exemple, le fait d’offrir en abondance à ses enfants peut vouloir dire que l’on cherche à se déculpabiliser : devant notre manque d’investissement et le peu de temps que l’on consacre à nos chérubins, on se dit que pour se racheter, on va leur offrir tout ce qu’ils nous demandent. Noël, c’est aussi l’occasion pour tout le monde de se replonger en enfance. Les parents qui étaient privés de jouets ou d’attention lorsqu’ils étaient enfants ont souvent tendance à vouloir combler leurs protégés. Dans d’autres cas plus extrêmes, les cadeaux que l’on offre à ses enfants sont le reflet de nos envies personnelles. Exemple : la PS4 que papa offre à Kevin pour Noël. Finalement, la PS4, papa compte lui aussi en profiter ! Ces cadeaux de substitution sont un prétexte parfait. On remarquera d’ailleurs que bien des cadeaux ne sont pas adaptés à l’âge des enfants. Pendant que les petits s’amusent avec le papier cadeau et les rubans déchirés, ce sont les grands qui s’éclatent avec les jouets qui leur étaient destinés. C’est ça être parent !

Les dangers relatifs à la surabondance de cadeaux

La surabondance de cadeaux ne doit pas être assimilée à de l’amour. On peut accorder de la valeur à quelqu’un autrement qu’en lui offrant un millier de cadeaux. Vous l’aurez compris, le risque pour l’enfant est qu’il confonde affection, argent et cadeaux. Il faudrait s’assurer que le petit gameur ne soit pas obnubilé par la valeur matérielle des présents qu’on lui offre, faute de quoi il pourrait tomber dans le narcissisme. Par ailleurs, l’essentiel n’est-il pas de saisir la valeur symbolique du don ? Comme on dit, c’est le geste qui compte. Dès son plus jeune âge, l’enfant doit comprendre que tout cadeau a un coût. Il doit aussi se rendre compte qu’il y a quelque chose de sentimental dans le fait d’offrir une récompense.

Noël : la surabondance de cadeaux est-elle nuisible pour nos enfants ?
Avant de recevoir, n’est-il pas indispensable d’apprendre à donner ?

S’il serait stupide de priver les enfants de cadeaux à Noël, il est probablement indispensable de leur inculquer les bonnes valeurs. Un cadeau doit être une récompense, il doit se mériter, il doit être soumis à certaines conditions. Hors de question de sanctionner les plus petits bien sûr. Par contre, on peut les féliciter ou les initier au plaisir de recevoir et de donner. En effet, le don ne doit pas aller dans un seul sens. Il doit être profitable aux deux parties : celui qui offre, et celui qui reçoit. Il s’agit d’un échange.

À Noël, le cadeau doit être une preuve d’amour

Oui, une preuve d’amour, et non pas une demande d’amour. Les risques d’offrir trop de cadeaux à Noël pour son petit geek sont multiples : ce dernier peut finir par devenir blasé, il peut décider de prendre part à ce vaste engrenage et développer des réflexes capricieux afin obtenir tout ce qu’il veut… Si chacun est libre de faire ce qu’il entend, les cadeaux que l’on offre à son enfant (ou à soi-même) ne doivent pas être un dû. Il est important de se laisser le temps d’émettre des souhaits, de poser des désirs sans que ceux-ci ne soient immédiatement satisfaits. C’est de cette seule manière que l’on peut s’autoriser à rêver, à se projeter dans le futur. C’est aussi l’unique moyen de différencier besoin réel et simple désir, chose que bien des gameurs adultes ont du mal à discerner, la faute au fantasme de toute-puissance qu’ils développent une fois leurs envies comblées. Serait-ce le cas du monsieur en bas ?

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10 réponses

  1. Et oui tout cela est bien vrai, mais cela vaut pour tous, les femmes qui achètent 300 paires de chaussures par an, on ne s’en est pas rendu compte mais on est auto-formaté à acheter. Ce qui est dingue c’est qu’au cours de notre avancée en âge (quand on y réfléchit) on n’a rien vu venir, mais on est des drogués de l’achat hormis les peuples reculés qui existent toujours. Le pire, c’est qu’on est incapable de ne plus savoir acheter, franchement qui arriverait à le faire?
    N’ayant jamais roulé sur l’or, en étant même plus jeune, j’ai toujours fait attention à acheter ce que j’aimais le plus car je devais choisir au mieux, vu que je ne savais pas comme mes amis avoir tout ce que je désirais. Ceci m’est resté en grandissant, je n’achète pas n’importe quoi, c’est ciblé, je sais ce que je veux, je n’ai que rarement d’hésitation. Et puis aussi, j’ai une autre façon de voir les choses et vous verrez peut-être d’ici dimanche ou lundi matin. ; )

  2. Ben finalement il est là, je n’ai pas dû le retaper mon texte .^^
    Joyeux Noël Éric, Joanne, Arnaud, les lecteurs et lectrices de ce site.

  3. J’achète souvent (ma fréquence d’achat a augmenté en même temps que mon pouvoir d’achat), mais suis-je vraiment dans le cas des acheteurs compulsifs ? Quand nos passions sont liées à la société de consommation, c’est vrai qu’on ne discerne pas toujours le besoin et l’envie. Mais se faire plaisir n’est-il pas également un moyen de s’évader en partie d’une vie à travailler dans domaines souvent non épanouissant pour les personnes ? En tant que blogueur, ne participons pas nous-même à cette débauche de consommation ? Le débat est difficile… car vivre sans plaisir, c’est survivre.

    Un bon dossier comme toujours. J’ai bien ri en voyant que tu concluais ton dossier par une vidéo de Kirby54… L’exemple est parfait !

  4. Bonjour, je me lance pour mon premier commentaire.
    Super dossier et très bon thème. Effectivement notre société oublie souvent les fondamentaux mais à nous d’élever nos enfants (et les grands aussi) en leur expliquant certaines règles. Sans jeux il n’y a pas d’imagination, sans imagination il n’y a plus de rêves, sans rêves il n’y a plus de vie.
    Alors continuons à jouer mais bien sur sans surabondance ni « compulsion ».
    Je souhaite à l’équipe ainsi qu’aux lecteurs une heureuse année 2017

  5. Je pense qu’en un sens les jeux vidéos font aujourd’hui partis de l’éducation de l’enfant. Ils sont plus réactifs, intuitifs, logiques. Après comme tout, cela doit être fait avec parcimonie, et être complété avec d’autres activités, comme la lecture, les jeux de constructions, … Quelques cadeaux sont bien, mais je ne suis pas sûre que trop gâter un enfant soit bon.

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