Gaming : un secteur frileux qui peine à recruter…

On peut dire ce que l'on veut, le secteur du jeu vidéo ne recrute pas, ou trop peu. Et les disparités sont nombreuses...

Tandis que l’Hexagone est le septième pays producteur de jeux vidéo au monde, le méta-moteur de recherche d’emploi Joblift a pris l’initiative de mesurer l’impact du marché du jeu vidéo sur l’emploi en France. Souvent considérée comme dynamique et innovante, l’industrie du jeu vidéo est en réalité au ralenti. En effet, la période propice aux recrutements est loin derrière nous. La récession financière de 2008 a entraîné la raréfaction des offres d’emploi à l’international, hormis dans certaines sous-branches telles que celles de l’iGaming (les bookmakers, les poker rooms et le meilleur casino en ligne recrutent massivement depuis une décennie). Un autre constat est établi : lorsque des postes sont à pourvoir dans les métiers du jeu vidéo, ce sont majoritairement les profils les plus aguerris qui réussissent à les combler. Bien souvent donc, les plus jeunes sont sans espoir et livrés à eux-mêmes.

Recrutement dans le gaming : quand la précarité rôde…

En France, sur les 24 derniers mois, près de 5 200 annonces d’emploi ont été publiées dans le secteur du jeu vidéo. Sur les 12 derniers mois, on constate une diminution de 2 % des publications des offres dans le secteur du jeu vidéo récréatif. Toutefois, une évolution de 8 % est établie dans les domaines de la gamification, qui correspond au transfert de mécanismes du jeu à d’autres domaines. La gamification représente 12 % des offres d’emploi. Des disparités importantes sont observées en fonction des postes.

De la crise des fonctions commerciales et marketing

L’immense majorité des postes à pourvoir se répartit entre les développeurs et programmeurs (42 % des annonces), et les business developers (30 %). Les autres spécialités que sont le marketing, la communication et l’événementiel ne font l’objet de quasiment aucun recrutement. Entre 2013 et 2016, le secteur du jeu vidéo a recruté de façon moyenne. Qui plus est, il est extrêmement volatile car susceptible de se replier sur lui-même à tout moment. Lorsque les prévisions annoncées ne sont pas atteintes, l’industrie du jeu vidéo se restructure immédiatement. Il faut comprendre que les sociétés sont frileuses en matière de recrutement : elles réfléchissent à deux fois avant de faire signer un contrat d’embauche et misent sur la polyvalence de leurs employés, parfois, tristement, jusqu’à l’abus.

L’expérience semble être plus importante que les diplômes

Dans le secteur du jeu vidéo, les formations et diplômes ne semblent pas être des critères de recrutement importants. Ainsi, selon Joblift, dans plus de 60 % des offres de développeurs ou programmeurs, aucun niveau d’étude spécifique n’est exigé. Même chose en ce qui concerne les postes commerciaux et marketing. Le problème ici souligné, c’est qu’une multitude d’annonces réclament de longues années d’expérience et au moins une implication dans un jeu commercialisé, chose qui handicape très nettement les fraîches recrues. Les recruteurs, fréquemment en sous-effectif, sont donc circonspects et préfèrent donner leur confiance à des seniors qui connaissent le métier sur le bout des doigts, lesquels se retrouvent d’ailleurs à chercher un emploi suite à la fermeture de leur ancien studio.

 

Face au turnover, dans le jeu vidéo, il faut s’accrocher

D’après le Syndicat National du Jeu Vidéo, il y aurait en France 68 % de CDI dans les PME impliquées dans le secteur du jeu vidéo. Dans les petites structures, ce sont les travailleurs indépendants qui représentent la majeure partie de la masse salariale. Dans les grandes sociétés, on trouve 40 % de CDD. On peut donc véritablement parler de précarité d’autant plus qu’il existe des distinctions en fonction des salariés : les plus talentueux jouissent d’un statut qui fait rêver, quant au commun des mortels, il est contraint d’enchaîner les missions à répétition et passe de studio en studio, un joli contrat à durée déterminée dans la main. Mais où est donc passée l’assurance de prospérer dans ce milieu si convoité ?

Finalement, le jeu vidéo comme vecteur d’emplois n’est qu’une illusion, un mensonge de plus. Les écoles promettant de belles carrières dans le gaming prolifèrent, et inévitablement, le nombre de candidats ne cesse de grandir. Mais face à une offre fluctuante, beaucoup d’entre eux se retrouvent à la case départ. Tel est le paradoxe de l’emploi dans le secteur du jeu vidéo, qui n’arrive pas à trouver sa place entre frilosité et mutation. Vous voulez travailler dans le jeu vidéo ? Dans ce cas, réfléchissez bien.

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9 réponses

  1. Dossier vraiment intéressant. Ce que j’aime vraiment dans ton blog, c’est que tu parles de tous les aspects du jeu vidéo. C’est un grand respect que tu as à mes yeux pour tes lecteurs d’être aussi complet dans ta démarche.

    1. Salut Marion ! Merci pour le compliment, j’essaie d’être un maximum transparent et d’offrir une véritable variété à nos lecteurs car finalement, le jeu vidéo, cela ne se résume pas qu’à des jeux. Il existe tout un tas de problématiques sociales, économiques voire même environnementales !

  2. C’est hyper intéressant ! Je ne me doutais pas que le marché du travail était aussi fermé dans ce domaine-là… Quant aux écoles qui ne préviennent pas de la réalité des places de travail, on retrouve ce problème dans énormément de secteurs ! Je ne comprends pas qu’on ne ne fasse pas plus de prévention dès le début : quel est l’intérêt de former des milliers de gens dans des domaines où l’on embauche pas ? Je trouve que ce serait bien que ces écoles donnent une idée des tendances au moment de l’inscription, qu’on soit un peu plus préparés à ce qui nous attend. Surtout dans ce genre de secteurs où les chiffres sont assez inattendus !

    1. Coucou Coline ! Eh oui, en matière d’emploi le secteur du jeu vidéo est saturé. Toutefois, certaines sous-branches sont plus propices à l’embauche : l’iGaming (j’ai travaillé dans ce secteur pendant sept ans), la gamification mais aussi l’eSport, qui monte petit à petit en puissance. Oui, malheureusement, ce n’est pas vraiment dans l’intérêt des écoles de dire la vérité aux candidats ; ça les ferait plus fuir qu’autre chose ! Moralité : nous vivons dans un monde de désinformation. La communication est mensongère, sauf sur JSUG bien sûr 😉

  3. Eric, le vrai journaliste par excellence dans toute sa classe, la synthétisation parfaite, la pertinence de l’analyse et surtout le dévellopement d’un sujet qui ne sera surement abordé par aucun autre site de JV (ou alors je demande à voir). Et une toute petite touche critique histoire de marquer les esprits 😉

    Tout ça pour te dire que j’adore ce que tu fais. Comme les copines d’en haut je pense que tu sais parler des choses qui comptent. Et de choses différentes surtout (puisque tu passes de ton 40ème platine à rise of the tomb raider à un sujet vraiment pas facile à aborder). GG comme dirait les minots !

  4. Donc les vieux ont une place importante dans ce domaine. C’est clair qu’il vaut mieux avoir tout connu en matière de jeux vidéo. Les personnes qui travaillent là-dedans depuis des décennies sont plus susceptibles d’être prise que quelqu’un qui n’a jamais rien fait. En général si tu as déjà planché sur un jeu c’est un gros atout. Avant, il y a longtemps à la TV j’avais vu qu’on engageait des testeurs de jeux vidéo, cela consistait à jouer au jeu donc et tu devais remplir une fiche sur le jeu que tu faisais. Ils avaient montré tout ça en détail, c’était un métier. Quand tu vois maintenant les jeux et le tas de souci dedans, bug et Cie, je me dis quand même qu’ils feraient bien d’engager des joueurs passionnés pour faire ce job. Ce n’est pas pour un petit salaire que cela leur couterait. Franchement je me demande sur les jeux s’ils le testent parfois, si testeur il y a, c’est que leur vue n’est plus très bonne.^^

    1. Oui l’expérience est le premier critère d’importance ! La passion également, d’autant plus que les diplômes semblent compter pour du beurre. Ce qui rend l’emploi difficile dans le domaine du JV, c’est aussi l’internationalisation des offres : 40 % des annonces sont rédigées en anglais, même en France ! Du coup, les emplois ne sont jamais réservés aux nationaux. Oui, on parle de QA & QC Testing Lab. En réalité ces trucs là ne valent pas grand chose. Pourtant tous les éditeurs sous-traitent cette partie du boulot à des entreprises de QA & QC Testing. À Montréal j’avais justement passé un entretien pour intégrer une équipe de testeurs bilingues français-anglais. Les gars n’avaient aucune connaissance du JV, moyenne d’âge de 21 ans. J’ai pas trouvé ça très sérieux. Le patron n’avait même pas cherché à comprendre si j’étais intéressé de près ou de loin au jeu vidéo… Du coup je lui ai ri au nez, j’ai avorté l’entretien et je me suis barré ^^

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