Pourquoi jouer capte-t-il si vite notre attention ? Les neurosciences montrent que les jeux vidéo d’action entraînent les circuits de l’attention sélective et accélèrent la vitesse de traitement sans sacrifier la précision. On observe, chez les joueurs entraînés, notamment les athlètes eSport, une meilleure détection des cibles visuelles ainsi qu’une bascule plus efficace entre les différentes tâches effectuées (des effets mis en évidence dès 2003, puis consolidés par des revues de littérature ultérieures).
Mais au-delà du réflexe, le jeu vidéo structure aussi le raisonnement. Les jeux de stratégie poussent à planifier des actions, à tester des hypothèses, à corriger une trajectoire : un cycle qui est très proche de la méthode scientifique, en somme. Une étude longitudinale réalisée auprès de 1 492 adolescents a permis de conclure qu’une pratique régulière des jeux vidéo de stratégie prédit de meilleures compétences auto-rapportées en résolution de problèmes, et, indirectement, de meilleurs résultats scolaires via lesdites compétences.
Les effets du jeu vidéo sur l’attention : décider vite, décider juste
Dans la vie quotidienne, décider sous contrainte d’information ressemble à une manche chronométrée. Qu’il s’agisse d’optimiser un build dans un RPG ou de comparer des offres numériques, le cerveau pondère les risques, les gains et la fiabilité des sources. C’est par exemple dans ce cadre précis que l’on peut choisir entre des casinos sur une plateforme internationale : l’exercice, ici illustratif et non prescriptif, relève de l’architecture du choix (définir des critères, filtrer, hiérarchiser, etc.).
Sans surprise, ces mêmes compétences sont mobilisées quand on révise un examen ou qu’on organise un séjour en famille pour nos prochaines vacances.
Des bénéfices… et des garde-fous qui minimisent leurs effets ?
Les effets positifs du jeu vidéo sur l’attention existent bel et bien, mais restent modestes et hétérogènes selon les genres de jeux, et surtout les publics visés. À titre d’exemple, certaines revues récentes relatives à l’« exergaming » (qui combine jeu vidéo et activité physique) suggèrent des bienfaits cognitifs chez différents profils, tout en rappelant que l’ampleur des effets varie et que tous les protocoles ne se valent pas.

Côté usages, le contexte compte également. Coopérer peut renforcer l’empathie et la performance sur des tâches sociales, quand une compétition mal calibrée accroît le sentiment de frustration… Sur le terrain de la santé publique, l’OMS rapporte que 34 % des adolescents jouent tous les jours et que 22 % d’entre eux jouent au moins 4 heures les jours de jeu (la pratique des jeux vidéo est même problématique pour 12 % de ces jeunes). D’où l’importance de fixer un cadre temporel clair, des pauses actives et une supervision adaptée à l’âge des jeunes gameurs !
Le transfert des compétences à l’école et au travail
Transférer des compétences du jeu vidéo vers la « vie réelle » n’est pas automatique, ni garanti. Les synthèses distinguent un transfert proche (par exemple, la lecture de mini-cartes améliorerait l’orientation visuo-spatiale) plus probable, d’un transfert lointain (les jeux de stratégie en temps réel favoriseraient la réussite scolaire globale) plus incertain. Si les données longitudinales existent, les chercheurs appellent toutefois à des protocoles mieux contrôlés et à des mesures objectives (au-delà du seul auto-rapport). En pratique : varier les genres (action, puzzle, coopération), verbaliser les stratégies en groupe et relier chaque session à un objectif concret maximiseraient les chances de transfert utile.
Dans la pratique pure, il faudrait donc cadrer la durée des sessions de jeu (privilégier des sessions courtes, avec des temps de pause, et respecter à la lettre les repères « 3-6-9-12 » pour les enfants), varier les genres (alterner action, puzzle/stratégie et coopération pour stimuler des fonctions complémentaires), transférer les acquis (après un jeu de gestion, planifier un emploi du temps par exemple), enfin, jouer à plusieurs quand cela est possible (car verbaliser les choix ancre les apprentissages et limite l’isolement).