Pour mon premier test dans l’équipe de JSUG, me voici propulsé à la découverte de NieR Replicant ver.1.22474487139, la dernière production de Square Enix et du studio Toylogic Inc. Une œuvre culte de la septième génération de console (Xbox 360/PS3), qui fait aujourd’hui peau neuve. Il faut dire que lors de sa sortie en 2010, le titre est passé inaperçu chez la majorité des joueurs, et il faudra attendre l’incroyable NieR: Automata en 2017 pour que l’univers singulier de Yoko Taro rencontre enfin le succès escompté. Complété par mes soins en une quarantaine d’heures, le titre s’est-il embelli avec le temps ? Réponse dans mon test de NieR Replicant réalisé sur Xbox Series S. Un grand merci à Square Enix !
NieR, un ovni dans le paysage de 2010
Comme de nombreuses œuvres cultes, NieR a gagné ses lettres de noblesse à travers le temps et le bouche-à-oreille. Pourtant, à sa sortie, cette suite spirituelle à Drakengard n’avait, à première vue, pas grand-chose pour elle. Très en retard graphiquement et techniquement, même pour l’époque, la presse ne pouvait que saluer sa proposition singulière. Pourquoi donc se rappeler de ce jeu en particulier ? Principalement pour l’esprit torturé de son créateur : Yoko Taro.
En 2010, nous découvrons ainsi l’histoire du Protagoniste (vous êtes libre de choisir son nom), un père évoluant dans un univers post-apocalyptique dans l’espoir de sauver sa fille, Yonah, atteinte d’une maladie incurable. C’est un conte macabre qui nous fait traverser un monde atypique, autant infesté par les Ombres, des entités semant le trouble chez les derniers survivants de l’humanité, qu’habité par une galerie de personnages uniques. Du moins, c’est l’histoire telle qu’elle nous a été racontée en Occident. Sur le sol nippon, la véritable version du jeu est sortie exclusivement sur PS3 : NieR Replicant… Et celle-ci est légèrement différente de la première.
NieR Replicant, la véritable vision de Yoko Taro
Comme son nom l’indique, c’est la version jusqu’à présent exclusive au Japon qui a servi de base à la ver.1.22474487139. La principale différence vient du Protagoniste et de Yonah. Nous ne contrôlons plus un père, mais un frère voulant sauver sa sœur ! Un détail qui pourrait paraître anodin, mais cette version est la véritable vision de son créateur. Le Protagoniste paternel n’était, en réalité, qu’une volonté de s’approcher des canons de l’époque avec ses quadragénaires body-buildés sur nos jaquettes occidentales de jeux vidéo.
Si en 2010 nous avions fait avec la seule proposition que nous avions, le NieR Replicant de 2021 nous permet d’enfin toucher à cette aventure dans son plus bel apparat. Techniquement, c’est enfin fluide, pas désagréable visuellement (malgré un retard encore évident), et les combats ont gagné en consistance via une refonte du gameplay s’inspirant du plus récent NieR: Automata. Alors, si pour compléter le tableau on trouve du contenu inédit permettant de faire le lien avec sa suite… Que pouvons-nous demander de plus ?
Un action-RPG aux nombreuses influences
Après cette trop longue introduction pour un test, NieR Replicant qu’est-ce que c’est ? En vérité, la question n’est pas simple. À première vue, le titre se présente comme un action-RPG très classique dans sa forme, avec son héros adolescent projeté dans une quête personnelle, mais qui prend le temps d’aider les nombreux PNJ qui croisent sa route. Sur cette base, il est également un héritier du shoot’em up comme Ikaruga, avec des boulettes colorées, qui remplissent l’écran en une fraction de seconde, en particulier face aux boss.
Mais comme si cela ne suffisait pas, NieR Replicant s’amuse également avec sa caméra. En alternant régulièrement, par exemple, sa caméra libre avec vue latérale et vue de dessus, ou même en jouant avec des caméras fixes pour un passage emblématique rappelant les premiers Resident Evil ! On nous offre un melting-pot d’influences et de références diverses, qui font de NieR une lettre d’amour à notre médium. Cohérente de bout en bout et sans jamais tomber dans le too much, cette proposition inhabituelle forge son image face à la concurrence.
Les différentes fins de NieR Replicant
La structure de NieR Replicant s’articule autour d’un new-game+, qui permet de découvrir la totalité de son histoire et ses cinq fins différentes. En réalité, il s’agit de finir trois à quatre fois (selon comment vous gérez vos sauvegardes) la même aventure à partir d’un point précis qui représente la seconde partie du titre. Si vous êtes venus jusqu’ici sans décrocher, vous aurez le droit à un end-game inédit en guise de dernière fin. Forcément très répétitif manette en main, il en devient à la limite du supportable une fois combiné à des allers-retours incessants.
Dans une trop grosse majorité des quêtes, on passe en effet notre temps à jouer les facteurs entre deux PNJ pour pouvoir avancer. C’est un point qui touche majoritairement les quêtes secondaires, Fedex et sans intérêt pour la plupart, mais ces allers-retours sont également trop présents dans l’aventure principale. On se serait clairement passé de devoir traverser la carte de part en part, dans un sens, puis dans l’autre, pour trois lignes de dialogue ou une foutue lettre. Malheureusement, le jeu ne dispose pas de véritable voyage rapide, le système mis en place est trop limité pour permettre de gagner du temps. Je ne vous cache pas qu’à cause de cela, j’ai voulu abandonner plus d’une fois.
Syndrome de Stockholm chez NieR Replicant
On peut pester sur la proposition, mais NieR Replicant peut facilement être classé au côté de Demon’s Souls dans les productions qui ont une vision bien à elles du jeu vidéo. Ne pas se plier à ses exigences en se limitant à une seule run, c’est passer complètement à côté de son lore, de ses thèmes, et du jeu, tout simplement. Chaque nouvelle partie est ainsi l’occasion de découvrir de nouvelles scènes, des lignes de dialogues et des informations qui sont indispensables à sa compréhension globale, et qui nous questionnent régulièrement sur notre propre rapport au monde.
Récit portant sur les différences, la mort, l’amour et les relations fraternelles, ce conte macabre nous fait également découvrir un casting difficilement oubliable. Nous serons donc accompagnés de Kainé, une terrible guerrière au langage aussi cru que sa tenue, de Weiss, un grimoire à la langue bien pendue avec son petit accent british, et d’Emil, un jeune garçon timide et victime d’une terrible malédiction. Comme devoir clôturer ce test, quitter cette famille de fortune à la fin de notre aventure, est un véritable déchirement.
En bref, replonger pour ce test dans NieR Replicant avec cette nouvelle version n’a pas été une sinécure. Déjà en retard dans le paysage vidéoludique lors de sa première sortie en 2010, le poids des années se fait encore sentir dans sa structure. On aurait aimé une refonte plus en profondeur du titre, en particulier des allers-retours et de la profusion de quêtes Fedex. Reste que cette ver.1.22474487139 est aujourd’hui le meilleur moyen de découvrir le bébé signé Yoko Taro. Si comme moi vous regrettez souvent le manque d’audace dans le jeu vidéo moderne, il serait dommage de bouder cette proposition tant elle transpire d’inventivité et d’amour pour notre médium. Une fois que vous serez prêt pour le voyage, n’hésitez pas à passer par ce lien. Les plus et les moins ✔︎ Yoko Taro, une vraie vision d'auteur. ✘ Une structure très répétitive.La note de la rédaction
✔︎ L'histoire et le lore.
✔︎ Une galerie de personnages inoubliables.
✔︎ Enfin propre techniquement.
✘ Des allers-retours à n'en plus finir.
✘ Le syndrome du facteur avec trop de quêtes Fedex.
9 Responses
Je ne suis pas pour acheter ce jeu, ayant pris nier automata. Le premier run au début est sympa, trop d’aller-retour comme tu le dis, mais le second run on évolue dans l’histoire et le 3ème est encore autre chose, faut avancer dans le jeu pour comprendre et aimer ce jeu. J’ai passé un bon moment dessus et je crois aussi une 30ène ou 40 peut-être. Il y a des missions très sympa à faire aussi. J’avais pris aussi Nier sur la xbox360, jeu que j’avais aimé également, bon techniquement déjà à l’époque pas top, mais l’histoire était prenante.
NieR Automata est, en effet, moins contraignant dans sa construction que NieR Replicant. Un très bon jeu vidéo lui aussi !
J’ai une vingtaine d’heures au compteur sur Nier Replicant. Je rejoins ton excellent test : le jeu est bon, le scénario au top du top, l’OST sublime, en plus tous les PNJ sont doublés, visuellement il passe très bien, le bémol pour moi comme tu l’as dit ce sont les multiples quêtes secondaires FedEx… Un jeu à mettre entre les mains de tout bon fan de J-RPG qui se respecte 😄
Je n’ai pas parlé de l’OST, mais c’est vrai qu’elle est sublime aussi ! 😄 Merci pour le compliment concernant le test !
Il va falloir que je me penche un jour sur ces Nier…
Apparemment ce sont des jeux légendaires, mais quand j’entends quetes Fedex et allers retours… j’ai encore Yakuza 3 4 5 à terminer !
On verra un jour :!
Dans le genre, les Yakuza sont déjà des gros morceaux ! Bon courage pour en venir à bout. 😄
Merci pour ce test qui permet un bel aperçu du jeu ! Je comprends pourquoi il a marqué à son époque, pour sa quête, ses décors, sa mise en scène qui varie. Je ne pensais pas qu’on pouvait à l’époque jusqu’à changer le rôle d’un protagoniste (père puis frère) pour juste mieux correspondre à un public… C’est une bonne chose que la véritable version ait pu profiter de cette ressortie pour s’améliorer et proposer le concept initial ! Surtout qu’on sent à quel point son ambiance et son esprit ont marqué les joueurs. Les personnages ont l’air terriblement attachants : c’est toujours difficile de dire au revoir à des protagonistes qu’on a vraiment aimés.
Je n’ai fait aucun des Nier. Honte à moi !
Que conseilles-tu ? De faire Replicant en premier puis Automata ? Ou alors seulment Automata qui semble plus accessible ?
Dans un souci de chronologie, Nier Replicant en premier ! Mais les événements de Automata sont suffisamment autonomes pour pouvoir en profiter sans avoir fait Replicant. Les connexions entre les deux se feront essentiellement dans le lore. 🙂