Le 24 avril 2025, Sandfall Interactive a déposé sur PS5, Xbox Series X/S et PC une pépite « artisanale » qui prend le contrepied des blockbusters aux budgets astronomiques : Clair Obscur: Expedition 33. Dix-sept jours après son déploiement en France, la presse et les joueurs chantaient déjà ses louanges — et à juste titre. Mais derrière la peinture clinquante des critiques se cache une expérience riche en contrastes, et suffisamment inventive pour prétendre au titre de jeu de la décennie. C’est en effet sous cet angle très particulier que je souhaite vous partager ce test de Clair Obscur: Expedition 33. Alors plongeons ensemble dans les abysses de ladite expédition pour en percer tous les secrets et mystères !
Test de Clair Obscur: Expedition 33, le jeu vidéo d’une génération
À l’heure où les notes plombent plus de gros jeux qu’elles n’en propulsent, Clair Obscur se pavane allègrement sur Metacritic (9,7/10 chez les joueurs, 93/100 chez la presse) : rares sont les jeux vidéo, indés ou AAA, à susciter un tel engouement. Cette alchimie entre note et punchline s’explique très probablement par un équilibre délicat entre nostalgie du genre JRPG et audace narrative : une sorte de potion magique qu’on s’arrache, et qui a propulsé le studio héraultais sous les sunlights de la gloire internationale. Mais pourquoi, diable, parler de Clair Obscur comme du GOTY 2025 après à peine six semaines de disponibilité ? C’est à cette question quelque peu saugrenue que nous allons répondre dans cet article.
Clair Obscur : une intrigue tissée dans la pénombre
La première grande force du jeu, c’est naturellement la toute puissance de son intrigue, à laquelle j’ajouterais également la profonde immersion narrative dans laquelle les joueurs sont plongés. Le délicieux monde de Clair Obscur fonctionne comme un roman-feuilleton visuel : la mystérieuse Peintresse efface à l’âge de 34 ans toutes les personnes qu’elle « peint » sur un monolithe, et c’est à Gustave, Maelle et leurs compagnons de lever le voile sur cette étrange malédiction. Sauf que dans le jeu vidéo de Sandfall, il n’y a pas de longs exposés en guise d’introduction, et les cinématiques à rallonge se font rares, bien que de toute beauté : on apprend par indices, et à travers des dialogues quasi-elliptiques.

Le scénario se révèle à travers l’observation minutieuse de l’environnement, les dialogues ciselés entre les différents personnages, et le dévoilement progressif d’une malédiction vieille de plusieurs siècles… La fameuse Peintresse, entité énigmatique capable d’effacer corps et âme de ses sujets, hante chaque plan sans jamais se montrer entièrement. La construction scénaristique minimaliste, presque chirurgicale, du jeu semble installer une tension permanente, si bien que les joueurs deviennent archéologues du moindre indice, déchiffrant paysages urbains baroques et forêts de verre pour recomposer une histoire à la fois intime et cosmique. Les indices, justement, sont nombreux dans Clair Obscur : les journaux laissés par les expéditions précédentes, les enregistrements musicaux et bien d’autres collectibles n’ont de cesse de nous renseigner sur l’incroyable lore du jeu.
Direction artistique : l’esthétique du contraste
À l’image des maîtres du clair-obscur qui jouaient subtilement sur les ombres pour mieux illuminer leurs sujets, Sandfall Interactive a confectionné des décors où la lumière et la noirceur dansent ensemble. Lors de mon test de Clair Obscur: Expedition 33, chaque cité, bâtie sur un mélange de Belle Époque steampunk et de ruines suspendues sous la neige, m’a donné l’impression d’admirer un tableau en mouvement. Il faut bien admettre que le jeu, qui alterne décors haussmanniens et paysages surnaturels — un océan suspendu qui côtoie de vastes forêts cristallines, par exemple —, est une œuvre d’art. Dans Clair Obscur, chaque plan ressemble à une toile ! En outre, il est déroutant de voir que les contrastes chromatiques ne sont pas qu’un effet de style, mais servent également le gameplay, à l’instar des sphères de peinture que l’on nous demande de détruire dans l’environnement !

Par ailleurs, les textures haute définition du jeu, rehaussées par le fameux ray tracing, ont clairement métamorphosé ma PlayStation 5 Pro en un chevalet numérique, et la manette DualSense en un pinceau sensoriel. Ressentir le frisson d’un rayon de lumière traversant une cathédrale gelée ou subir la morsure d’une ombre rampante a suffi à me démontrer qu’Expedition 33 n’est pas un simple jeu, mais une vraie expérience picturale et tactile.
Gameplay : l’alliance de la tradition et de l’innovation
À ce stade de votre lecture de mon test de Clair Obscur: Expedition 33, vous aurez peut-être compris que l’exploration est une composante importante du jeu. En effet, le monde est vaste et regorge de secrets que vous pouvez percer en marchant (ou plutôt en courant, et cela tombe bien, car nos personnages vont plus vite qu’Usain Bolt), en nageant voire même en volant. Pas de spoil, vous aurez le fin mot de l’histoire en jouant au jeu…

Mais le cœur du gameplay, ce sont bel et bien les combats. Bien sûr, Clair Obscur est un RPG au tour par tour, mais le studio montpelliérain a redéfini la formule en y injectant un souffle de dynamisme, et surtout de précision. En effet, chaque affrontement débute par une phase d’observation où l’on choisit librement ses cibles grâce à un système de visée « libre » : vous pointez un membre ennemi spécifique (sa tête, ses bras, son entrejambe, etc.) pour exploiter ses faiblesses, à la manière de certains RPG japonais classiques, tout en préparant votre prochaine manœuvre. Vient ensuite le temps de la riposte : esquiver, et surtout parer, dans la fenêtre millimétrée constitue une véritable épreuve de réflexes qui transforme la routine du tour par tour en un ballet nerveux, et potentiellement gratifiant.
La subtile alchimie d’un système de combat exigeant
L’innovation majeure en termes de gameplay réside dans l’intégration des Pictos et de leurs Luminas. Les Pictos, d’imposants sigils énergétiques, se gagnent au gré d’épreuves et octroient à leurs porteurs des compétences spéciales. Mais c’est après avoir combattu à leurs côtés pendant quatre batailles que leurs Luminas — des compétences passives singulières et durables —, se dévoilent véritablement. En effet, une fois débloquée, chaque Lumina peut être dissociée de son Picto d’origine et affectée à n’importe quel membre du groupe, offrant une liberté de build rarement vue : renforcement de la vitesse d’incantation, résistance accrue aux altérations d’état, ou encore régénération de points d’action (PA).

L’ingéniosité de ce système réside dans l’équilibre : un build purement offensif peut se révéler fragile face aux boss les plus agressifs, tandis qu’une posture trop prudente est susceptible de laisser filer les opportunités de dégâts critiques. La tension permanente des combats exige que l’on alterne sans cesse entre décisions tactiques (par exemple : optimiser notre réserve de PA, prioriser un partenaire avec peu de santé, etc.) et maîtrise des commandes en temps réel, un dosage qui confère à chaque affrontement un piquant inédit, transformant chaque duel en une véritable épopée mémorable.

Résultat : à mesure que l’on progresse dans le jeu, les combats ne sont plus de simples confrontations basées sur des algorithmes, mais des joutes émotionnelles où l’on ressent la fierté d’une parade parfaitement synchronisée ou la frustration d’une esquive manquée (un peu comme dans un Souls-like). Pour moi, cette hybridation du genre RPG — tour par tour classique sublimé par des mécaniques nécessitant beaucoup de concentration et de réactivité —, fait de Clair Obscur une expérience de jeu profondément exigeante mais également très vivante et satisfaisante. C’est aussi pour cela que le jeu est le GOTY 2025.
Une bande-son et un casting vocal haut de gamme
Au-delà de la direction artistique du jeu, la bande-son signée Lorien Testard insuffle à Clair Obscur: Expedition 33 une mélancolie poignante, tissant des thèmes dissonants qui se diluent en des mélodies suspendues, comme autant de respirations entre deux tempêtes narratives. Cette atmosphère sonore, profonde mais aussi nuancée, se marie à merveille avec le talent d’un casting vocal de calibre international — d’Andy Serkis à Charlie Cox —, dont chaque intonation parachève l’immersion. Les comédiens, qui ont été choisis avec un soin quasi-cinématographique, prêtent à leurs personnages une humanité très singulière : tour à tour grave ou vibrante, leur interprétation fait frissonner jusqu’au moindre murmure, conférant à l’univers de Sandfall Interactive une crédibilité et une intensité émotionnelle dignes des plus grandes productions filmiques… mais sous la paume de votre manette.

Pour finir ce test de Clair Obscur: Expedition 33, un rapide mot sur la durée de vie, qui n’est pas en reste pour un jeu vendu uniquement 49,99 € à sa sortie. En effet, il faut compter une bonne trentaine d’heures pour boucler l’intrigue principale, mais plus du double si l’on souhaite faire les quêtes secondaires, les arènes de combat optionnelles et la collecte de reliques disséminées aux quatre coins de la map. Pour un premier titre, c’est, je trouve, un véritable tour de force ! L’investissement est plus que raisonnable pour un contenu de cette ampleur, surtout face aux mastodontes AAA à 70 €. Le rapport qualité-prix est sans équivalent. De plus, la promesse d’un New Game + dopé à l’adrénaline garantit un retour en terrain connu avec de nouveaux défis à relever. J’ai personnellement 50 heures de jeu au compteur, et j’entends bien partir à la conquête du trophée platine de Clair Obscur.
Le jeudi 24 avril 2025 restera gravé dans la mémoire du jeu vidéo : ce jour-là, Sandfall Interactive, petit studio héraultais, a mis fin à la suprématie des géants du AAA en livrant Clair Obscur: Expedition 33. En moins de deux mois, ce titre a bouleversé les codes du JRPG, non par son budget certes colossal, mais par la force de son écriture, la puissance de son univers et l’élégance de son gameplay. Derrière la rugueuse façade du monolithe se cache une œuvre qui mérite à elle seule la palme du jeu vidéo de la décennie ! Amen. Les plus et les moins ✔️ Un récit incroyablement profond et émouvant ! ✖️ Trop d’informations scénaristiques à digérer...La note de la rédaction
✔️ Une direction artistique vraiment somptueuse.
✔️ Les combats au tour par tour nerveux et rythmés !
✔️ La richesse apportée par les Pictos et Luminas.
✔️ Des personnages attachants et bien écrits.
✔️ Une bande-son immersive et mémorable !
✖️ Le menu des Luminas très encombré (pour chipoter).