Depuis des années, la question revient en boucle : « Les Sims 5, c’est pour quand ? ». À chaque déclaration d’EA, à chaque rumeur sur les réseaux sociaux, l’espoir renaît… avant de retomber. En parallèle, la concurrence s’organise : de nouveaux jeux de simulation de vie comme le très ambitieux inZOI de Krafton émergent, et des structures fondées par d’anciens vétérans des Sims telles que Midsummer Studios viennent clairement marcher sur les plates-bandes de Maxis.
Alors que l’on parle désormais de Project Rene, de stratégie live-service et d’un rachat historique d’EA, il est temps de faire un vrai point d’étape : où en est la licence Les Sims en 2025, que devient le fameux jeu Les Sims 5 tant promis, et surtout, l’acquisition d’EA par un fonds d’investissement saoudien et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, peut-elle vraiment rebattre les cartes ?
Les Sims 5 : un projet officiellement abandonné…
Commençons par ce qu’EA affirme aujourd’hui noir sur blanc : il n’y a pas de jeu intitulé The Sims 5 en développement. À l’occasion de différents points avec ses investisseurs, la direction d’EA a expliqué qu’elle ne souhaitait plus suivre le schéma historique où chaque nouvel opus remplace purement et simplement le précédent… La logique n’est plus de rebooter la série, mais de faire vivre Les Sims 4 sur le très long terme et de lui ajouter des expériences complémentaires.

Plusieurs responsables de la licence ont été très clairs à ce sujet. Selon eux, repartir sur un Sims 5 classique, vendu comme un jeu de base relativement nu, obligerait les joueuses et joueurs à tout recommencer : familles, maisons, mods… sans parler des innombrables extensions et kits déjà accumulés au fil des années. Du point de vue de la communauté, cela serait vécu comme une rupture brutale. Du point de vue d’EA, cela serait renoncer à un modèle extrêmement rentable de jeu-service.
Sur le papier, on pourrait donc s’arrêter là : Les Sims 5, tel qu’on l’aurait imaginé dans les années 2010, n’est plus à l’ordre du jour. Mais la réalité est toutefois un peu plus subtile.
Project Rene : la prochaine génération des Sims sans le numéro 5
En parallèle de ce refus de lancer un Sims 5 classique, EA a officialisé en 2022 un nouveau projet baptisé Project Rene, présenté comme la « prochaine génération des jeux Les Sims ». Il ne s’agit pas d’une simple extension des Sims 4, mais bien d’un tout nouveau jeu vidéo, développé en parallèle, avec une ambition claire : devenir une plateforme créative majeure pour la licence The Sims.
Project Rene repose sur une idée forte : casser les frontières entre plateformes. Le jeu est pensé dès le départ pour tourner à la fois sur PC et sur mobile, avec une progression partagée d’un support à l’autre. On pourra commencer une construction sur ordinateur, la continuer sur son smartphone et la partager facilement à des amis. EA met également beaucoup en avant une dimension coopérative, avec la possibilité de créer et décorer des espaces à plusieurs, comme si l’on travaillait dans un studio de design collaboratif.

Les démonstrations publiques insistent aussi sur la richesse des outils de construction. Les objets peuvent être ajustés dans leurs formes, leurs matériaux et leurs motifs. Et le positionnement est beaucoup plus libre que dans Les Sims 4, avec moins de contraintes de grille et plus de contrôle créatif. L’objectif est clair : séduire les joueuses et joueurs qui passent déjà des heures dans le mode construction des Sims 4, tout en leur offrant des possibilités inédites.
Côté modèle économique, Electronic Arts a annoncé que Project Rene serait gratuit au téléchargement. Autrement dit, pas de jeu de base payant comme dans les anciens Sims, mais une expérience F2P qui sera alimentée par des contenus additionnels payants et des mises à jour gratuites régulières. Sur le papier, c’est un compromis entre l’accessibilité d’un free-to-play et la logique des packs et extensions que la communauté connaît déjà.
En revanche, aucune date de sortie n’a été annoncée. Les déclarations officielles parlent d’un projet encore à plusieurs années de son lancement. On peut deviner, au mieux, une fenêtre de sortie très lointaine, possiblement avec une phase d’accès anticipé. Toute date précise qui circulerait sur Internet, aujourd’hui, relève clairement de la spéculation.
Les Sims 4 : un Sims 5 déguisé en jeu-service ?
Pour comprendre pourquoi EA se montre si ferme sur l’absence de Sims 5, il faut regarder ce qu’est devenu Les Sims 4 depuis sa sortie en 2014. En effet, le jeu est passé free-to-play en 2022. Aujourd’hui, n’importe qui peut télécharger gratuitement le jeu de base, puis acheter les extensions, packs de jeu et kits qui l’intéressent. Après dix ans d’existence, le catalogue est énorme et représente un investissement colossal pour beaucoup de fans.
Du point de vue d’EA, Les Sims 4 est déjà, d’une certaine façon, Les Sims 5… Le jeu a en effet changé de modèle, s’est ouvert à un maximum de joueuses et de joueurs, et sert désormais de cœur à un univers Sims bien plus large. Dans cette vision, Project Rene ne remplace pas Les Sims 4, il vient s’y ajouter. On imagine aisément des passerelles entre les deux, des collaborations, des évènements croisés ou des partages de créations.

Pour mesurer à quel point Les Sims 4 reste vivant en 2025, il suffit de voir ce que les créateurs continuent d’en faire. Sur Je suis un gameur.com, la web série Les Sims 4 : Eric Lafleur illustre bien cette vitalité : malgré son âge, le jeu permet encore de raconter des histoires, de créer des personnages mémorables et de surprendre les joueuses et les joueurs qui y reviennent régulièrement.
Ce choix de privilégier la continuité plutôt qu’une rupture a des avantages, mais aussi des inconvénients. Celui-ci évite de jeter à la poubelle des années d’investissement pour la communauté, mais il donne parfois l’impression d’un moteur vieillissant et de limites techniques difficilement contournables. Et c’est précisément dans ce contexte que les nouveaux projets concurrents comme inZOI et Paralives trouvent un espace pour exister et séduire les fans en quête de renouveau.
Le rachat d’EA peut-il changer la donne pour Les Sims 5 ?
Fin 2025, un événement significatif est venu s’ajouter au tableau : l’annonce du rachat d’Electronic Arts par un consortium mené par le fonds souverain saoudien PIF, lequel est accompagné de Silver Lake et d’Affinity Partners. L’opération, déjà valorisée à plusieurs dizaines de milliards de dollars, doit transformer EA en une société privée, sous réserve d’approbation des autorités de régulation.
Officiellement, le message est rassurant, car Andrew Wilson reste PDG, et la nouvelle structure promet de soutenir la vision de long terme d’EA, avec une attention particulière aux licences fortes comme EA Sports FC, Apex Legends et, évidemment, Les Sims. Les nouveaux propriétaires insistent sur le fait qu’ils veulent accélérer le développement.
Il y a cependant une réalité financière difficile à ignorer : une opération de cette ampleur s’accompagne d’attentes extrêmement élevées en matière de rentabilité. Et dans ce contexte, exploiter au maximum les grandes licences devient presque une obligation. Or, en termes d’image et de potentiel de monétisation, Les Sims est dans le haut du panier.

On peut donc raisonnablement imaginer que les discussions internes autour de l’avenir de la franchise ne se limiteront pas à Les Sims 4 et Project Rene. À moyen ou long terme, l’idée d’un véritable jeu Les Sims 5 premium, positionné comme vitrine technologique et produit événementiel, pourrait redevenir séduisante pour un actionnariat à la recherche de gros coups. Cela ne veut pas dire qu’un tel projet existe déjà, ni qu’il sera annoncé demain, mais cela nuance beaucoup le discours fataliste du genre « Les Sims 5 ne sortira jamais ».
Alors, Les Sims 5 sortira-t-il un jour ?
Si l’on s’en tient aux déclarations publiques d’EA, la réponse reste pour l’instant « non ». L’éditeur ne planifie pas de Sims 5 au sens traditionnel du terme, c’est-à-dire un nouvel opus numéroté qui remplacerait Les Sims 4 et relancerait la machine à extensions à partir de zéro. La feuille de route officielle se résume à un duo : un Sims 4 qui continue de vivre comme plateforme centrale, et un Project Rene qui doit incarner la prochaine étape, plus moderne, plus connectée, plus souple.
Mais la situation n’est pas figée dans le marbre… Project Rene remplit déjà nombre de fonctions que l’on aurait autrefois attribuées à un Sims 5 : nouvelle technologie, cross-plateforme, multijoueur, modèle économique repensé. Le rachat d’EA, lui, remet sur la table de nouvelles contraintes et de nouveaux objectifs financiers, qui peuvent à terme redonner de l’intérêt à l’idée d’un grand opus haut de gamme capable de relancer la hype autour de la licence.
En 2025, la seule certitude demeure la suivante : aucune date de sortie des Sims 5 n’a été annoncée, et aucun développement officiel d’un jeu portant ce nom n’a été confirmé. En revanche, affirmer qu’un potentiel jeu Les Sims 5 ne verra jamais le jour est tout aussi excessif que d’annoncer une date farfelue pour 2026 ou 2027. Entre un Les Sims 4 qui refuse de mourir, un Project Rene qui avance doucement mais sûrement, et un nouvel actionnariat très ambitieux, l’avenir de la licence reste ouvert.







