Test de Tchia : le jeu indé qui va ensoleiller votre année 2023 !

Notre test de Tchia, le jeu d'Awaceb ! Vous avez envie de chaleur et d'évasion ? Alors partez pour la Nouvelle-Calédonie !

Sorti le 21 mars 2023 sur PC, PS4 et PS5, Tchia, jeu indépendant d’action-aventure du studio Awaceb, a tout pour vous faire oublier l’ambiance tendue du moment. La haine que suscite le roitelet zozoteur autocrate qui nous sert de président, les odeurs nauséabondes dégagées par les poubelles débordantes de détritus qui jonchent les trottoirs de France, le crash boursier qui se profile à l’horizon, les prix qui flambent et les frigos qui se vident, difficile d’être enthousiaste en ce moment, n’est-ce pas ? Mais pour tous nous sortir du désarroi, il y a un petit jeu vidéo inspiré de la Nouvelle-Calédonie ! Merci à l’éditeur Kepler Interactive pour sa confiance, et place à mon test de Tchia.

Test de Tchia : le tour de force d’un tout petit studio, Awaceb

Tchia est non seulement une bouffée de fraîcheur, mais c’est aussi et surtout un tour de force majeur. Pourquoi cela ? Eh bien tout simplement parce que Tchia est un jeu indé aux grandes ambitions, réalisé par une petite équipe de douze personnes dispersées un peu partout à travers le monde ! Les fondateurs d’Awaceb, Phil Crifo et Thierry Boura, sont des néo-calédoniens basés à Montréal, véritable épicentre de l’industrie vidéoludique. 

Tchia : le test JSUG.com
Les développeurs nous font part de leurs motivations dès le début du jeu.

À travers son jeu, le duo a un objectif simple : faire découvrir sa magnifique île ainsi que la culture kanak. Ce dernier y parvient avec brio, tout en agrémentant l’archipel construit de toutes pièces de nombreux éléments mythologiques qui rendent les pérégrinations de la petite héroïne, Tchia, tout à fait captivantes. Malgré les obstacles techniques et une « main-d’œuvre » disséminée ici et là, Awaceb a opté pour un open world, un concept de level design réputé pour sa complexité. Et cela fonctionne franchement très bien ! Pour débuter ce test de Tchia, il me semblait important de souligner la difficulté d’une telle tâche étant donné les moyens limités du studio, qui mérite de fait tous les honneurs.

Un monde ouvert sous les tropiques synonyme d’évasion

L’une des grandes forces de Tchia, c’est bien entendu le dépaysement que nous offre ce jeu vidéo, lequel nous propulse au milieu d’îlots paradisiaques aux noms indigènes (Madra Nöj, Ija Nöj, Uma, etc.). Il est assez rare d’évoluer dans un open world parsemé de plages de sable blanc, de palmiers et de cocotiers, de mangroves et de jungles montagneuses. Si dans Tchia le photoréalisme n’est pas le maître-mot, les graphismes colorés, les textures volontairement minimalistes et le chara-design particulièrement épuré — pour ne pas dire simpliste —, des personnages ne rendent pas moins le jeu immersif.

critique de Tchia (PS5)
Le monde ouvert de Tchia est tout simplement somptueux.

Le dépaysement se traduit dans un premier temps par ce que l’on voit : une nature luxuriante fourmillant de petits détails pas si anecdotiques qu’il n’y paraît, des panoramas de toute beauté à tout moment de la journée (Tchia disposant de son cycle jour/nuit), mais aussi une faune composée d’animaux en voie de disparition voire d’extinction tels que la perruche verte et la roussette, lesquels cohabitent avec des espèces introduites par les envahisseurs européens (cerf Rusa, bovins, cochon, etc.). Et c’est bien entendu dans les eaux couleur turquoise que le déracinement atteint son paroxysme (requin à pointes noires, tricot rayé, poisson-ange lyre de Watanabe, etc.).

Histoire, traditions et langue locales à l’honneur

Bref, Tchia porte bien son nom, il s’agit bien là d’un jeu inspiré de ce magnifique territoire qu’est la Nouvelle-Calédonie ! Il va de soi que le riche patrimoine de l’archipel colonisé par les Français sous Napoléon III est mis en exergue tout au long de l’expérience. S’il y a un jeu qui montre la complexité de la culture et des traditions kanak, c’est bien Tchia.

avis Tchia PS5
Tchia est un jeu sur le respect des traditions, et de valeurs humaines qui se perdent.

D’une part, la population néo-calédonienne est représentée dans toute sa diversité (de la mamie vêtue de sa traditionnelle robe mission au pêcheur à la sagaie, en passant par le petit geek tout droit venu de métropole). D’une autre, les références à la culture kanak sont légion : maisons cérémonielles, pétroglyphes gravés dans la roche, totems et sculptures taillées dans le bois, tissus colorés aux motifs imagés, etc.

Tchia et son ambiance sonore géniale et authentique ! 

Par ailleurs, durant mon test de Tchia, le dépaysement s’est également traduit par l’ambiance sonore incroyable du titre le plus ambitieux d’Awaceb à ce jour. Il faut savoir que Tchia est intégralement doublé en français et en drehu, dialecte qui n’est parlé plus que par une dizaine de milliers de locuteurs… Ce sont des habitants locaux, dont une grande partie d’amateurs et de citoyens lambdas, qui ont prêté leur voix au jeu ! Cela est l’une des raisons pour lesquelles Tchia est un jeu si touchant : les dialogues sont marqués d’une vraie touche d’humilité — et j’irais même jusqu’à dire d’humanité —, ce qui rend le jeu profondément convaincant et sincère. Sans l’amateurisme de ses doubleurs, Tchia aurait eu moins d’impact et résonnerait sans doute « plus faux ». 

Tchia jeu vidéo platine
Le contact avec la mer est quasi-omniprésent dans Tchia.

L’on notera que la musique du jeu, même si elle a été composée par un Américain (John Robert Matz), fait intervenir de véritables musiciens locaux. Ainsi, Thoan du groupe Madjas, originaire de Lifou, a eu la chance de doubler l’un des personnages du jeu et de faire retentir les sons d’instruments assez méconnus tels que les taperas, do, pilous et autres wejein. La musique, qui est somptueuse, occupe une place majeure dans Tchia : quasiment chaque chapitre débute et se termine par un clip musical auquel le joueur est invité à participer, ukulélé en main. Il s’agit de jouer certaines notes dans le bon tempo, pour vivre des moments tantôt rythmés, tantôt envoûtants, en-dehors du temps.


LE SAVIEZ-VOUS ?

Depuis le 21 mars 2023, Tchia est offert gratuitement aux abonnés PlayStation Plus Extra et Premium. Tandis que le jeu n’est pas disponible en version physique pour le moment, il est possible de l’acquérir au format digital à l’aide d’une carte PSN prépayée.


Un scénario un peu sommaire, mais qui tient la route

Dans ce test de Tchia, je ne saurais faire l’impasse sur l’histoire du jeu. Il faut savoir que dans le monde idyllique où évolue notre petite héroïne, la vie n’est pas si paisible qu’elle en a l’air. En effet, le père de Tchia se trouve rapidement kidnappé par de drôles de créatures recouvertes de tissus, et disparaît à bord d’un hélicoptère… Il faut un peu moins d’une dizaine d’heures pour boucler la campagne principale du jeu, durant laquelle Tchia devra faire face à une entité démoniaque ancienne, Meovara, mais je ne vous en dis pas plus car cela serait gâcher le plaisir. Retenez dans tous les cas que le scénario du jeu demeure assez classique, mais tient tout à fait la route compte tenu du contexte et de l’univers dans lequel nous sommes plongés.

test de Tchia sur PS5
Les feux de camp permettent à Tchia de recouvrir toute son énergie, entre autres choses.

En règle générale, les jeux vidéo modernes s’articulent autour d’une trame principale et de quêtes secondaires. Dans Tchia, il n’y a pas véritablement de quêtes annexes. Mais disons que comme dans un certain The Legend of Zelda: Breath of the Wild, des points d’intérêt attirent systématiquement notre attention. Ainsi, il y a de nombreux objectifs secondaires à réaliser, lesquels gonflent assez considérablement la durée de vie du jeu (petite pensée à mes amis chasseurs de trophées platine). Destruction de statues, collecte d’objets et de ressources, empilement de pierres, exploration de temples, chasse au trésor, défis de vitesse chronométrés, plongeons à réaliser depuis le sommet de falaises, la variété est en quelque sorte le maître-mot dans Tchia !

Un gameplay riche et facile à prendre en main !

Il me reste un dernier point à évoquer dans ce test de Tchia : le gameplay. Comme vous l’avez sans doute vu dans les images plus haut, le jeu est à la troisième personne et met l’accent sur l’exploration. Il faut donc considérer Tchia comme un voyage dans un monde ouvert, mais l’héroïne ne passe pas tout son temps à se déplacer à pied, rassurez-vous !

test du jeu vidéo Tchia (2023)
Le bateau de Tchia peut être personnalisé à volonté en se rendant dans un port.

Effectivement, Tchia possède des pouvoirs shamaniques qui lui permettent de prendre possession du corps des animaux et objets inanimés qu’elle trouve sur sa route, pendant une durée limitée. Ces habiletés particulières changent littéralement le rapport du joueur à l’exploration. Personnellement, j’ai rarement éprouvé un tel sentiment de liberté dans un jeu vidéo : Tchia nous encourage à visiter les moindres recoins d’un monde somptueux, que ce soit sur terre, dans les airs ou sous l’eau ! À noter que Tchia possède également un bateau que l’on peut personnaliser dans son intégralité (tout comme la tenue qu’elle porte d’ailleurs) et dont la maniabilité est très simple.

jeu vidéo Tchia 2023
Tchia peut invoquer et contrôler des petits bonshommes de bois qui crachent du feu.

En plus de ses prouesses shamaniques, Tchia est équipée d’un ukulélé magique. Tout au long de l’aventure, la petite fille apprend des chansons qui lui permettent d’invoquer des animaux, des plantes ou encore des créatures mystiques qui sont d’une grande aide pour éliminer les ennemis du jeu, des hommes enveloppés de tissus. Pour terminer, là où Tchia fait aussi beaucoup penser à The Legend of Zelda: Breath of the Wild, c’est dans la nécessité de faire augmenter l’endurance de la protagoniste au moyen de fruits spéciaux qui sont éparpillés un peu partout dans l’archipel.


Réalisé avec le cœur, Tchia est un jeu d’exploration qui est très accessible et fourmille de bonnes idées ! L’aventure que nous propose Awaceb alterne habilement entre moments de douceur, séquences d’humour et situations un peu plus pénibles. Le tout se déroule bien évidemment dans un décor somptueux où la nature est mise en valeur et où le sentiment de liberté est constant. Tchia n’est pas juste une bonne surprise, c’est la perle rare de 2023 en ce qui me concerne ! Il ne fait nul doute que ce jeu aura droit à son JSUG Award à la fin de l’année ! Vous hésitez encore à jouer à Tchia ? Vous ne devriez pas.

La note de la rédaction
  • Gameplay - 9.5/10
    9.5/10
  • Durée de vie - 9/10
    9/10
  • Graphismes - 8.5/10
    8.5/10
  • Scénario - 8.5/10
    8.5/10

Les plus et les moins

✔︎ La direction artistique de toute beauté !
✔︎ Les panoramas et décors de carte postale.
✔︎ Des doublages d’une rare sensibilité !
✔︎ La composition musicale folklorique.
✔︎ Le gameplay facile à prendre en main !

✔︎ Le sentiment de liberté omniprésent.
✔︎ La faune, la flore et les coutumes locales !

✘ Une map peu lisible (palliée par la boussole).
✘ De petits bugs résiduels (très insignifiants).

8.9/10

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13 réponses

  1. Bonjour.. Qu’est ce que c’est bien écrit, fluide et riche en vocabulaire. C’est un réel plaisir de lire cette découverte qui m’a profondément donné envie d’y jouer moi même. Le fait d’être passionnée par la découverte des peuples et leurs cultures, n’aide pas. 😂 Si j’en avais les moyens je ferais le tour du monde pour aller au contact de tout les peuples; mais comme ce n’est pas le cas, je crois qu’en ce qui concerne la population néo-calédonienne , j’aurais au moins le plaisir de m’offrir ce voyage là à travers ce jeu qui a l’air en passant vraiment très beau. 🥰

    Sabrina

    1. Coucou Sabrina ! Merci beaucoup d’être passée par ici ! 😀 Et merci pour les compliments !

      Tout comme toi je suis un passionné de voyages et de découvertes culturelles, je ne pouvais pas passer à côté de ce jeu qui me rappelle beaucoup ma petite île, l’île Maurice 😃.

      Tchia est un jeu qui nous fait nous évader, tu vas te régaler dessus ! 😍

  2. Complètement d’accord avec Sabrina ! Toujours bien écrits, les articles d’Eric et de tous aussi !!! Et ça donne envie d’aller se plonger en Nouvelle-Calédonie où j’aurais bien aimé aller vivre. Merciiiii et gros bisouxxx

    1. Merci MiJo ! C’est vrai que je t’aurais bien vu vivre en Nouvelle-Calédonie !

      J’insiste mais il faut vraiment que tu découvres ce jeu, qui fait beaucoup penser à Breath of the Wild (mais dans une ambiance plus exotique, dépaysante et pacifiste) !

  3. Quel beau test mon bon Eric ! Si quelqu’un avait une hésitation à se lancer dans ce jeu maintenant c’est fini.

    Tu rends toujours tes tests très instructifs, au delà du jeu vidéo on apprend plein de choses c’est ça qui fait de toi un bon journaliste ! 😃

    Bon ben il me manque plus qu’à jouer à Tchia maintenant 🤣

  4. Le jeu t’a vraiment enthousiasmé, ça se sent. Et ça donne bien envie de le découvrir. Outre le gameplay qui a l’air sympathique, j’aime bien découvrir une autre culture à travers un jeu vidéo. En ce sens, j’ai fait Never Alone dernièrement. Merci pour le test !

    1. Salut Flo, merci pour ton commentaire ! Clairement, j’ai adoré ce jeu et je suis impatient d’y retourner ! 😉

      Depuis le temps que je dois faire Never Alone, merci pour cette piqûre de rappel 😉

  5. Il a l’air pas mal mais il faudra que je regarde ce que c’est de plus près, j’ai l’impression que c’est un jeu de promenade culturelle mais apparemment il y a des ennemis de tissu et elle a des pouvoirs. Je l’ai noté sur ma liste de toute façon. Quatre commentaires avant moi, il se passe quoi, c’est la fin du monde demain ?mdr ^^

  6. Un commentaire d’une joueuse du dimanche aussi conquise que les autres par cet article : tout, dans ton compte-rendu de ce test, me donne envie de l’essayer un jour, je l’ajoute en gros dans ma wish-list. Merci pour cette apparemment sublime découverte !

    1. Coucou ! Merci à toi pour ton gentil commentaire ! Je viens de terminer le jeu et je pense qu’il est tout à fait adapté aux joueurs/joueuses du dimanche justement ! N’hésite pas à refaire un tour par ici une fois que tu auras joué à Tchia 😃

  7. Très belle critique cet article Eric ! On sent à quel point le jeu t’a passionné et charmé, je ne doute pas qu’il t’ait rappelé ton chez-toi ! C’est vraiment bien quand certains jeux indé se permettent d’être autant le reflet d’une culture, de moeurs, du folklore aux décors utilisés, jusqu’au doublage et à la musique. Cela devrait être encouragé bien plus souvent,pour nous faire découvrir le monde avec coeur et passion ! Et puis, parfois, le scénario sommaire ou prévisible s’oublie sous tous les autres charmes et l’ambiance d’un jeu.

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