Jeux vidéo et cerveau : ce que disent vraiment les neurosciences

Les neurosciences dévoilent comment les jeux vidéo activent nos circuits de plaisir, de stress et de motivation.

Des millions de personnes passent des heures devant leurs écrans sans voir le temps défiler. Jeux sur console, sur ordinateur, sur smartphone : le phénomène n’épargne aucune génération. Mais qu’est-ce qui, au juste, rend l’expérience vidéoludique si absorbante ? Depuis quelques années, des chercheurs en psychologie et en neurosciences se penchent sérieusement sur la question. Leurs travaux mettent au jour des mécanismes précis, à la fois dans le cerveau du joueur et dans la manière dont les jeux eux-mêmes sont conçus.

Que se passe-t-il réellement dans le cerveau d’un joueur ?

En juillet 2025, une équipe du Salk Institute for Biological Studies, implanté à San Diego, en Californie, a publié une étude qui éclaire d’un jour nouveau ce phénomène. Pour faire simple, les chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale de quelque 200 volontaires pendant qu’ils jouaient à Flappy Bird, ce petit jeu mobile où le but est de guider un oiseau entre des tuyaux en tapotant l’écran. Simple en apparence… mais redoutablement addictif.

Résultat : les chercheurs ont identifié une signature cérébrale particulière, baptisée P300-CE. Cette onde se déclenche environ 300 millisecondes après un « événement critique » (en l’occurrence le moment où l’oiseau heurte un obstacle et où la partie s’arrête net). Le cerveau réagit comme s’il faisait face à une menace réelle, alors même que le joueur sait pertinemment qu’il est en sécurité dans son canapé.

Jeux vidéo pilotés par le cerveau
Grâce à des électrodes, on peut piloter n’importe quel jeu vidéo par les ondes cérébrales du joueur !

Les chercheurs ont reproduit cette réponse avec d’autres jeux, y compris avec un simple jouet pour enfants où l’on retire des dents à un crocodile en plastique en espérant ne pas se faire « mordre ». Conclusion : des mécaniques de jeu bien conçues peuvent simuler des situations semi-réalistes qui « piratent » nos circuits neuronaux, et ce en déclenchant des réactions de stress, d’anticipation et de soulagement proches de celles du monde réel.

Ce mécanisme est d’autant plus puissant quand l’enjeu devient réel. C’est particulièrement le cas dans les jeux d’argent en ligne. Ces jeux sont accessibles sur les casinos en ligne, via leur application mobile ou leur site web. Nombreux sont les opérateurs qui proposent des tickets d’entrée modiques (dès 10 euros parfois) pour jouer aux mêmes jeux que dans les établissements physiques : le poker, le blackjack, la roulette, les machines à sous, etc.

Mais même si les mises et les blindes sont modestes, il n’en reste pas moins que jouer au poker en ligne en argent réel met le joueur face à un enjeu concret. Qu’il mise seulement 50 centimes par blinde ou plus, ce sont les mêmes zones du cerveau que dans Flappy Bird qui s’activent, à la différence près que la perspective de gagner ou de perdre de l’argent réel amplifie la réponse ! Chaque main gagnée ou perdue est vécue avec intensité. D’où l’importance, évidemment, de garder un cadre de jeu responsable et de ne jamais perdre de vue que le cerveau peut s’emballer beaucoup plus vite que notre portefeuille…

Dopamine, flow et défi calibré : un carburant invisible

À cette réponse de stress et d’anticipation s’ajoute le rôle d’une autre star du cerveau : la dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la récompense. Chaque fois qu’un joueur atteint un certain objectif (terminer un niveau, battre un boss, gagner une manche, débloquer un personnage, etc.), son cerveau libère une petite décharge de dopamine.

Aires cérébrales d'un joueur de jeux vidéo
L’activité cérébrale des joueurs est plus importante dans certaines régions du cerveau.

Les jeux vidéo ont la particularité de distribuer ces micro-récompenses très (voire même peut-être trop) fréquemment : un niveau bouclé, un objet récupéré, un nouvel objectif qui s’affiche… Autant de petites victoires qui alimentent un cycle de satisfaction et donnent naturellement envie de continuer la partie, laquelle peut durer des heures et des heures !

Et pour que cette mécanique fonctionne, le défi doit être bien calibré. Un jeu trop facile ennuie, tandis qu’un jeu trop difficile décourage… Les meilleurs titres nous maintiennent dans une zone intermédiaire, proche de ce fameux état de flow dont on a déjà parlé sur Je suis un gameur.com. On est concentré, mis au défi juste ce qu’il faut, et chaque progrès nourrit l’envie de relancer « une dernière partie »… qui n’est presque jamais la dernière.

Schéma de récompenses : les mécaniques qui accrochent

Les systèmes de récompenses jouent aussi un rôle clé pour captiver les joueurs. Plutôt qu’un seul gain en fin de partie, les jeux modernes distribuent des gratifications tout au long du parcours : points d’expérience, objets à collectionner, compétences à débloquer, succès, classements, passes de combat… En vérité, ça n’en finit plus !

Si vous avez déjà passé « juste une petite partie de plus » sur un jeu mobile comme Candy Crush Saga, vous avez expérimenté ce principe. Chaque bonbon aligné, chaque combo réussi, chaque objectif intermédiaire atteint nourrit cette sensation de progression quasi ininterrompue. Les objets récoltés créent un désir « insatiable », qui n’est autre que de tout vouloir collectionner, ce qui donne envie de revenir pour compléter ce qui nous manque.

Effets de Candy Crush Saga sur le cerveau
Le jeu mobile Candy Crush Saga arrive facilement à piéger votre cerveau.

Ce système de récompenses progressives entretient la motivation. Le joueur a toujours un objectif à court terme, y compris lorsque l’objectif final demeure lointain. On ne joue pas seulement pour finir le jeu, mais aussi pour décrocher le prochain badge, passer au rang suivant, gagner un nouveau skin, améliorer légèrement son deck ou optimiser son build.

Et naturellement, la compétition vient ajouter une couche supplémentaire à tout cela. Une étude menée en 2003 par des chercheurs de l’Université de Hanovre (Vorderer, Hartmann et Klimmt) a démontré que les situations compétitives — qu’il s’agisse d’affronter une IA ou d’autres joueurs —, constituent l’un des principaux moteurs du plaisir vidéoludique. La simple perspective de « gagner contre quelqu’un » ou de figurer dans un classement suffit à renforcer l’engagement observé chez les participants.

Dans un battle royale, un jeu de cartes ou une room de poker en ligne, cette mécanique est omniprésente : en effet, on se mesure à une communauté, on voit son pseudo monter ou descendre, on guette la prochaine victoire « qui comptera ». Le jeu ne nous oppose plus seulement à lui-même, mais aux autres, et la vérité, c’est que notre cerveau raffole de ce genre de comparaisons. Reste à présent à nous assurer de ne pas l’oublier en chemin…

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