Batman v Superman : Dawn of Justice n’est pas le film du siècle, on s’en doutait bien. La plupart du temps, les super productions hollywoodiennes de ce genre marquent l’esprit des personnes pour leur « hype » médiatique, leur contenu scénaristique finissant quant à lui par tomber dans l’oubli. Le nouveau film de Zack Snyder ne fera malheureusement pas exception à la règle. Sur le papier, Batman v Superman : Dawn of Justice, c’était supposé être le mariage de deux mondes marqués par des protagonistes aussi bien charismatiques que fascinants. Ce n’est pas vraiment l’impression que le film m’a donné lorsque j’ai quitté la salle obscure. Loin d’être ennuyeux, ce long métrage ne tient pas toutes ses promesses et m’a parfois même laissé dubitatif. Je vous explique tout cela dans cette nouvelle critique de L’instant cinoche.
Un récit qui prend des risques d’entrée de jeu
Là où cela commence mal pour Zack Snyder, c’est que son film n’est dans l’ensemble qu’un prétexte. L’affrontement qui oppose Batman à Superman devait être au cœur de l’intrigue mais on n’a jamais cette impression dans le film, le réalisateur ayant constamment une autre idée derrière la tête : introduire dans la mesure du possible les personnages qui seront amenés à apparaître dans les deux volets à venir de The Justice League. Aussi, le récit prend d’entrée de jeu des risques inconsidérés. Le combat tenace auquel se livrent les deux justiciers est là pour camoufler l’intrigue future mais ne perd-on finalement pas au change, Batman et Superman étant inévitablement privés d’une bonne partie de leur superbe ? On verra d’ailleurs que la réalisation trébuche par moment, ce qui sèmera probablement la confusion dans l’esprit des spectateurs non-initiés ou étrangers à l’univers Justice League. Le premier reproche que l’on fera à Batman v Superman : Dawn of Justice c’est qu’il est trop riche en informations. Le spectateur « intelligent », qui aime anticiper les événements ou imaginer d’éventuels scénarii, se retrouve donc frustré, surtout s’il n’a pas lu les comics originaux.
Un long métrage techniquement maîtrisé
Et pourtant, le film de Zack Snyder partait sur d’excellentes bases. La scène du meurtre de Thomas et Martha Wayne est de toute beauté et constitue une belle entrée en la matière même si on regrettera certains excès de symbolisme par moment (exemple : la scène où le jeune Bruce Wayne, alors qu’il vient de tomber dans une crevasse, fait la rencontre d’une horde de chauves-souris et entre en lévitation, porté par le vol frénétique des petits mammifères volants). L’ouverture qui suit quelques instants après, et qui nous fait vivre la fin de Man of Steel à travers les yeux du milliardaire le plus séduisant de Gotham, est également très ingénieuse et nous montre qu’un flashback subtilement utilisé fait toujours mouche au cinéma.
Finalement, Batman v Superman : Dawn of Justice est techniquement à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre. La direction photographique est sublime, l’échelle des plans n’a pas été prise à la légère et a, au contraire, fait l’objet d’un travail remarquable. Sans surprise, les effets spéciaux sont nombreux et de toute beauté. Il faut dire que Zack Snyder excelle dans ce domaine, lui qui est à l’origine de la réalisation de 300 et Watchmen notamment. À l’instar du dernier film cité, le scénariste originaire du Wisconsin est même habilement parvenu à insérer de l’émotion dans Batman v Superman : Dawn of Justice, preuve qu’il est capable d’associer efficacement drame et action. En ce qui concerne la bande originale du film, rien d’exceptionnel. Si le thème principal nous restera dans la tête pendant quelques heures, on oubliera rapidement le reste, certaines musiques étant d’ailleurs à côté de la plaque, notamment celles utilisées pendant les scènes de combat.
Un casting quelque peu déséquilibré
Je pense qu’il y a eu des erreurs de casting dans ce Batman v Superman : Dawn of Justice, ou plutôt une mauvaise interprétation de certains personnages en amont. La relecture du personnage d’Alfred étonne, voire rebute. Si Jeremy Irons est un excellent acteur, on ne parvient pas à comprendre ce qui fait de lui un vieux geek myope, un soudain spécialiste de l’high-tech. Même si les « batmanophiles » comme moi savent pertinemment qu’Alfred Pennyworth a un certain bagage militaire, on a du mal à saisir la relation qui existe entre Bruce Wayne et son père de substitution dans le film. Pour le coup, cette nouvelle version d’Alfred est pour le moins incohérente ; on nous la mâche et nous la crache sans aucune explication. Quant à Amy Adams, elle a réussi le pari fou d’incarner Lois Lane avec brio – un personnage plus dur à interpréter qu’il n’y parait. Cependant, cela semblera peut-être un peu sexiste de ma part, mais j’estime qu’une actrice plus glamour, moins intellectuelle, aurait mieux fonctionné pour ce personnage. Enfin, l’aberration viendra de Jesse Eisenberg, dans la peau du jeune Lex Luthor. La vision du personnage par le réalisateur ne fait pas l’unanimité car trop osée, trop en décalage avec le personnage original, qui est réputé pour être un sombre manipulateur, un calculateur doté d’un véritable sang-froid. Ici, on a plutôt droit à un Lex Luthor fou allié, la version bis d’un Joker non-assumé, un petit fils à papa démagogue et prétentieux. C’est dommage… La liberté scénaristique de Zack Snyder rend le tout surréaliste, irrationnel.
Finalement, heureusement que les personnages principaux sont là pour équilibrer les débats. Chapeau bas à Ben Affleck, qui est plus que convaincant dans le rôle d’un Bruce Wayne aigri et usé après vingt années de bons et loyaux services. Et pourtant, il offre un portrait tout autre une fois le costume de Batman enfilé – il n’y est pour rien le pauvre. Il faut dire qu’on ne comprend pas l’armure ultra-blindée du chevalier noir. Comment ce dernier peut-il se déplacer dans un scaphandre de la sorte ? Ses mouvements sont lents, prévisibles et par conséquent, le combat contre un Superman sévèrement amenuisé (la consommation de kryptonite est dangeureuse pour la santé) s’est vite avéré ennuyeux. Reste que Henry Cavill fait lui aussi le boulot dans la peau de celui qui porte fièrement le slip rouge, et ce tout en sobriété. Enfin, pour finir en beauté, il y a la ravissante Gal Gadot, qui incarne à merveille le personnage de Wonder Woman. L’actrice israélienne est particulièrement sensuelle et sculpturale et cela vient nous conforter dans l’idée qu’elle fera un tabac dans les prochains opus.
Un très bon film récréatif malgré tout
Batman v Superman : Dawn of Justice ne relève pas du chef d’œuvre cinématographique, c’est le moins que l’on puisse dire. Malgré tout, le film remplit sa fonction première, à savoir divertir une audience aussi bien constituée de fans que de néophytes. Personnellement, je ne me suis pas ennuyé en le regardant, et ce en dépit de quelques scènes un petit peu longuettes. Je regrette cependant le manque d’humour du long métrage de Zack Snyder. C’est vrai que le spectateur est à peine amené à sourire. Autant dire que producteur et réalisateur auront fort à faire s’ils veulent rendre une copie convaincante de The Justice League…
5 Responses
Je m’attendais à mieux comme la majorité des fans et c’est surement pour cette raison que la déception est si grande. Malheureusement, le film ne tient pas ses promesses !!!
Exactement ! Il n’est pas mauvais, loin de là. Mais les fans ont le droit d’exiger mieux… Merci de réagir à cet article, ton blog est vraiment sympa en passant ! 😉
Très bonne critique…….
Le plus dommage au final, dans les productions actuelles, c’est que les films sont des moyens de promotion pour les suites, et ne se suffisent plus à eux-mêmes. Je pense que tu es un peu plus sévère que moi – sans doute à raison -, mais on a quoiqu’il en soi le même avis ! Le choix ou l’interprétation des antagonistes sont mauvais.
Bonne critique 🙂 on est du même avis sur le film et surtout sur Lex Luthor. Je pense qu’il faudra voir la version director’s cut de la version blu ray, qui durera quand même 30min de plus. Histoire de voir si ça s’arrange sur les incohérences du film.