Quasiment cinq ans après le premier épisode du reboot, Lara Croft nous revient avec Shadow of the Tomb Raider, titre développé conjointement par Eidos Montréal et Crystal Dynamics et qui clôt la « trilogie ». Tandis que dans Tomb Raider (2013), la jeune archéologue en devenir fut confrontée à une violence extrême, dans Rise of the Tomb Raider (2015), Lara s’était recroquevillée dans une certaine assurance laissant parfois apparaître sa délicieuse naïveté. Moins emphatique que dans les volets précédents, l’exploratrice britannique se rend cette fois-ci en plein cœur de la jungle péruvienne, l’occasion pour le joueur de s’évader à l’autre bout du monde mais aussi d’assister à l’hypothétique réalisation d’une sombre prophétie maya. L’apocalypse n’est pas loin. Lara parviendra-t-elle à y mettre fin ? La réponse dans ce test de Shadow of the Tomb Raider sur PS4. Un grand merci à Square Enix, qui a décidé de faire confiance à Je suis un gameur.com et qui nous a fourni une version éditeur du jeu.
Shadow of the Tomb Raider, un clair-obscur
Exit les steppes enneigées de Sibérie, notre héroïne, toujours accompagnée du très loyal Jonah Maiava, part direction le Pérou. Il se trouve que jungles denses et montagnes abruptes sont le théâtre d’une prophétie apocalyptique. Et si cela n’était déjà pas suffisant, ces bons vieux Trinitaires sont toujours là pour faire régner chaos et désolation. Si le scénario de Shadow of the Tomb Raider n’a rien de révolutionnaire par rapport aux deux précédents opus, force est de constater que le dernier épisode du reboot est plus obscur, ou du moins plus contrasté. En effet, Lara fait l’objet d’un traitement très intéressant. Après avoir vécu l’enfer au pays du Yamataï, c’est bien elle qui semble être aujourd’hui la réincarnation du mal, la faute à un artefact précolombien qu’elle dérobe intentionnellement. S’en suit alors une série de cataclysmes dont les principales victimes sont les autochtones. Tsunami, tempête, tremblement de terre puis éruption volcanique, la culpabilité qui pèse sur les épaules de Lara devrait être un fardeau… Et pourtant, cette dernière fait souvent preuve d’un certain égoïsme, obsédée par la vengeance de la mort de son père et incapable de se questionner sur le bien-fondé de ses actes.
Dans ce test de Shadow of the Tomb Raider, il me semble donc important de souligner la prise de risque des développeurs, qui tentent de davantage développer le personnage central en montrant sa part de noirceur. Cette initiative est, je trouve, très intelligente. Mais comme toujours, Miss Croft n’aura pas le temps de philosopher. Face à elle se dresse une multitude de dangers : une jungle luxuriante mais suffocante, d’innombrables bêtes sauvages, les Trinitaires bien sûr, mais également d’étranges créatures oubliées… Clairement, Lara Croft doit faire abstraction de ses états d’âme pour tenter de survivre. Sauf que dans Shadow of the Tomb Raider, notre héroïne n’est plus vraiment une rescapée.
Dora… euh… Lara l’exploratrice ?
Que nenni mes amis ! Dans Shadow of the Tomb Raider, notre héroïne n’est ni une survivante, ni même une exploratrice. C’est une prédatrice oui ! Une chasseuse qui traque ses proies et les tue sans pitié, si possible de manière sanglante. Lara a bien changé, comme en témoigne son affrontement contre un jaguar, dont elle finit par endosser le rôle une fois qu’elle l’a tuée et dépecée. Qui plus est, l’esthétique du personnage a quelque peu été modifié par rapport aux précédents opus. Non seulement le visage de Lara est toujours plus beau et réaliste, mais elle possède désormais un physique plus sportif : ses bras notamment, laissent apparaître de jolis petits muscles bien saillants. L’escalade, ça rend fort !
En réalité, la belle brune excelle désormais à tous les niveaux. Elle fait montre de ses talents aussi bien dans les phases de plates-formes (plus nombreuses et mieux pensées que dans les précédents opus) que lors des combats qui l’opposent aux infâmes Trinitaires. Ces combats s’appuient sur un level design identique à celui de Tomb Raider et de Rise of the Tomb Raider. À l’exception du mode « Obsession mortelle », qui est réellement impitoyable, les affrontements sont abordables dans quasiment tous les niveaux de difficulté. Il faut dire que dans ce nouveau jeu Tomb Raider, l’accent est davantage mis sur l’infiltration que sur l’action. Et cela tombe bien, puisque Lara Croft est désormais capable de réaliser des éliminations aériennes, au sommet de lianes ou de branches, ainsi qu’à travers des murs de boue, entre autres. Clairement, la native de Wimbledon est implacable, rien ne peut l’arrêter, pas même les énigmes de tombeaux, lesquels s’avèrent magnifiques dans Shadow of the Tomb Raider, je le concède !
Il y a des lauriers dans la jungle péruvienne
Oui, parce qu’en matière de gameplay, Crystal Dynamics s’est reposé sur ses lauriers. Shadow of the Tomb Raider n’offre rien de vraiment innovant, tout comme sa structure narrative d’ailleurs, qui alterne inlassablement exploration et action. Les phases d’escalade piolet en main sont redondantes, et c’est la même chose lorsqu’on met la tête sous l’eau. Et comme toujours, Lara crafte : l’arbre de compétences, qui n’est pas bien différent de celui du premier opus, est de retour avec des skills inédits mais souvent inutiles. L’IA de Shadow of the Tomb Raider étant loin d’être la plus rusée de l’histoire du gaming, vous en aurez à peine besoin ! Cela est d’autant plus vrai que Shadow of the Tomb Raider est moins orienté « ça explose de tous les côtés et je tue tout ce qui se dresse sur mon chemin ».
Fort heureusement, même si le scénario de Shadow of the Tomb Raider est assez convenu et que les mécaniques, certes efficaces, manquent cruellement d’originalité, le jeu parvient à rester époustouflant visuellement parlant. Graphiquement, la claque est réelle bout en bout. Les paysages sont dignes de cartes postales, la végétation luxuriante est du plus bel effet et les cinématiques sont spectaculaires, bien que les personnages secondaires semblent avoir fait l’objet d’une modélisation un brin moins exigeante. Je vous parlais de clair-obscur dans les premières lignes de ce test de Shadow of the Tomb Raider, eh bien j’ai l’impression que l’équipe de développement a volontairement joué sur les effets de lumière et les contrastes pour créer une atmosphère ambivalente et parfois un peu perturbante. Une telle ambiance dessert un scénario intéressant, avec des personnages qui gagnent en profondeur, mais elle est malheureusement enrobée de situations peu crédibles et de twists très prévisibles, ou peu marquants. C’est comme si Eidos Montréal et Crystal Dynamics avaient mis le paquet sur le forme, tout en délaissant, quelque part, le fond. Pourquoi diable ne sont-ils pas allés au bout de leurs idées ?
Comme une légère pointe d’amertume…
En termes de durée de vie, je dirais que le jeu peut être terminé à 100 % en une trentaine d’heures ; quinze heures sont suffisantes pour terminer l’histoire principale si on joue en ligne droite, sans détour. Bien entendu, des missions secondaires sont là pour redonner un semblant d’intérêt au titre, mais encore une fois, lesdites quêtes montrent rapidement leurs limites. Certaines nouveautés anecdotiques, à l’instar de la confection d’armures anciennes, permettent cela dit d’apprécier Lara dans des accoutrements insolites. Pour finir, la VO, tout comme la bande-son du jeu, sont une vraie réussite, ce qui n’est pas le cas de la VF, peu convaincante et même parfois complètement à côté de la plaque.
Pour conclure ce test de Shadow of the Tomb Raider, retenons que le jeu avait un sacré potentiel, mais qu’il ne parvient pas à nous transcender. Shadow of the Tomb Raider n’est peut-être pas la consécration que nous attendions, car cet épisode est contrasté. D’un côté, on a un gameplay solide, un level design soigné et une direction artistique des grands jours, mais de l’autre, on a des mécaniques répétitives, un manque de profondeur chez la plupart des personnages et une intrigue un poil bancale. Reste que ce Shadow of the Tomb Raider fige à jamais la trilogie. Et rien que pour ça, les fans se doivent de faire une dernière fois leurs adieux à la belle Lara. Shadow of the Tomb Raider, un très bon jeu, mais pas le chef-d’oeuvre escompté. Les plus et les moins ✔︎ La psychologie ambivalente de Lara.
✘ Quelques incohérences en termes de mise en scène.La note de la rédaction
✔︎ Des décors et paysages sublimes !
✔︎ Des puzzles mieux pensés et plus corsés.
✔︎ Une direction artistique de qualité.
✔︎ Une VO et une bande-son impeccables.
✔︎ Les nouvelles éliminations aériennes !
✔︎ L'excellente gestion de la HDR sur PS4.
✘ Les combats moins nombreux, et peu marquants...
✘ Toujours le même système de progression...
✘ Des mécaniques qui peinent à se renouveler.
14 Responses
Excellent test comme toujours ! Donc si je comprends bien Shadow of the Tomb Raider est dans la continuité des deux jeux précédents… Personnellement j’avais beaucoup aimé Tomb Raider mais un peu moins Rise of the Tomb Raider, que je trouvais déjà trop calqué sur le modèle du premier. Du coup, je trouve ça dommage de pas avoir tenté quelque chose de nouveau au niveau du scénario, surtout que Shadow c’est un peu le baroud d’honneur de Lara.
Par contre, si y a un truc qui me branche totalement, c’est la jungle ! Ça c’est top, parce que ça me rappelle Tomb Raider 3 et Tomb Raider Legend ! Je pense qu’il y a pas meilleur endroit pour nous faire vivre une histoire avec Lara. Donc quoi qu’il arrive je prendrai SOTB ! Comme tu le dis, le jeu a l’air très beau graphiquement, Lara nous fait part de ses doutes et de l’ambiguïté de ses choix, le gameplay est solide (et ça c’est un fait, pourquoi changer une recette qui marche ?). Il me reste plus qu’à regarder ta vidéo maintenant ^^
Salut Bruno. C’est cela ! L’intrigue du jeu repose sur les mêmes mécaniques que les deux précédents opus. Le fil narratif est exactement le même. Cela dit, il y a de belles surprises à la fin quand même (je n’ai pas voulu spoiler). C’est à la suite de cet épisode que Lara devient Tomb Raider. En ce qui concerne les environnements tropicaux je suis entièrement d’accord avec toi ! Merci pour ton soutien !
Quand je lis ton test, on dirait tout simplement que Tomb Raider a pris la place d’Uncharted, en reprenant leur principe de base et en laissant les restes des 2 opus précédents de Tomb raider. J’ai vu très vite, dans une vidéo sous l’eau, c’était très joli à l’œil, le mieux encore était de reprendre le 1er Tomb Raider avec des leviers à déclencher pour ouvrir une porte des mécanismes et cie, des choses à réaliser sous l’eau, parce que c’est hyper bien fait, après peut-être que c’est le cas….. Il y a plus de plateforme comme dans les premiers épisodes de Lara Croft. Les animaux étaient surtout présents dans le N°1. Le jeu il est plus en monde ouvert ou en couloir ?
Changer son visage, pour les fanatiques, ça va rouspéter, elle a quand même changé niveau esthétisme.
Cela reste un bon jeu, vu la concurrence qui a disparue.
Salut Steph, oui rassure-toi, les puzzles répondent au même principe, il y en a également qui se déroulent dans des environnements aquatiques. Par contre, à la différence de Tomb Raider et de Rise of the Tomb Raider, ils sont beaucoup mieux fichus et surtout les tombeaux sont incroyablement beaux !
Personnellement, je trouve cette Lara Croft magnifique. Après, sa métamorphose est tout sauf radicale. Ça ne choque pas du tout. En réalité, Shadow of the Tomb Raider et le dernier Uncharted sont très différents. Uncharted est beaucoup plus « couloir » que Shadow of the Tomb Raider, qui te plonge dans un monde semi-ouvert où l’exploration y fait pour beaucoup !
Ok ça marche, de toute façon j’ai bien l’intention de le prendre.
J’ai jamais eu l’occasion de jouer à ces reboots, mais c’est vrai que ça a l’air assez sympa comme jeu !
Les mécaniques de jeu ont l’air assez sympa, et je vois que Square à pas révolutionné la recette mais si elle fonctionne pourquoi en changer ?
Le titre à l’air solide et la trilogie vraiment sympa.
Je pense que je franchirai le pas si une édition trilogie sort un jour, ou bien si il y a encore des super promos sur les autres versions.
Le test vidéo est aussi très réussi !
Salut Monsieur-Belette, merci pour le compliment ! Cela m’étonne que tu n’aies jamais joué à la trilogie reboot. Je pense qu’une édition spéciale réunissant les trois jeux sortira forcément un jour. Il faudra que tu sautes dessus car je suis sûr et certain que tu adorerais te plonger dans les aventures de Lara Croft avant qu’elle ne devienne la légendaire Tomb Raider !
Oui, j’ai entendu dire que ce jeu manquait de profondeur, au niveau de l’intrigue et de la psychologie; encore que la part sombre de Lara a l’air effectivement intéressante. Il est dommage qu’il y ait aussi ce manque de profondeur au niveau des quêtes. Ce n’est pas forcément mon genre préféré, aussi ne vais-je pas me précipiter pour le faire, mais merci pour ce test.
Hello Flo ! Oui, l’intrigue du jeu manque de profondeur. Par contre, la psychologie des deux personnages « principaux » (à savoir Lara et Jonah) est intéressante. Par moment, on sent qu’il y a une rupture entre les deux, mais le tout est mis en scène très subtilement, sans effusion de sang. Les quêtes de Shadow of the Tomb Raider ne sont pas exceptionnelles, c’est clair. Mais dans quel jeu les missions secondaires ont-elles de l’intérêt ? Il suffit de jouer au dernier Spider-Man pour constater que ces quêtes annexes ont pour seul objectif d’occuper le joueur quelques heures supplémentaires. Eh bien sûr, ces quelques heures sont facturées, et se répercutent sur le prix de lancement du jeu.
Comme je suis d’accord. Le manque d’intérêt des quêtes annexes et le remplissage est un défaut récurrent. A vrai dire, je peine à terminer Spider-Man, même si le jeu est très fun. (Je le ferai bien sûr, mais pour le 100%, on verra). Par contre, certains jeux montrent que les quêtes annexes peuvent être scénarisées et beaucoup apporter à l’univers. The Witcher III possédait des contrats, des quêtes secondaires, et même des DLCs, très intéressants ! Et sans parler de RPGs, j’ai bien aimé ce que proposait God of War, à côté de l’intrigue principale.
Un bel opus dans l’ensemble, bien kiffant, qui conclue très bien une trilogie solide. Au niveau de l’impact j’avoue que le reboot est celui qui m’aura le plus marqué.
Après ce Shadow est vraiment magnifique et j’ai aimé la proposition un peu différente qu’a voulu apporter Eidos Montreal. Avec un jeu plus basé sur l’exploration au travers d’une ambiance et de décors superbes. Les explosions de violence sont rares mais puissantes (j’ai trouvé qu’elles souffraient par contre d’un level design moins inspiré au niveau des arènes de combats).
Par contre narrativement c’est encore le point faible. Pas mauvais même si l’histoire est assez attendue et que les twists, comme dit par Eric, ne surprennent pas. Sur ce point là, la trilogie dans son ensemble n’aura pas su renouveler vraiment la saga alors qu’elle aura parfaitement su le faire au niveau du personnage.
J’aime vraiment cette Lara (ces anciennes versions ne m’intéressaient guère). Le petit bémol que je mettrais ce que dans son développement, là encore les auteurs n’ont pas su sur quel pied danser. On voit qu’ils veulent amener des nouveautés et fouiller un peu plus, en apportant des zones grises, mais ils ne vont jamais jusqu’au bout de leurs idées et s’ils prennent quelques chemins de traverses, ils reviennent bien vite sur des sentiers balisés. Dommage.
Mais dans l’ensemble, j’aurai vraiment apprécié cette trilogie qu’on peut compléter avec la série de comics qui est très sympa et permet de développer les personnages (j’ai appris à apprécier le crew survivant de L’Endurance – en particulier Jonah – grâce à eux) ; curieux de lire aussi le roman qui vient de paraître.
Enfin, dernier point sur l’ost composée par Brian D’Oliveira qui est de haut vol et amène une touche jungle amazonienne immersive et des couleurs ethniques superbes avec les thèmes pour Paititi). Sur les 3 opus, la musique aura été une constante (entre la partition à la fois intimiste et viscérale de Jason Graves, la version plus épique et lumineuse de Bobby Tahouri et donc celle-ci).
Hello Gilles ! Merci pour ce très long commentaire ! Je peux constater que nous sommes d’accord à quasiment tous les niveaux. Pourrais-tu me donner les noms des comics en question afin que je puisse moi aussi plonger un peu plus dans l’univers du reboot ? Quant au roman, je crois qu’il n’est disponible qu’en anglais pour le moment (ça ne me dérange pas de lire dans la langue de Shakespeare cela dit). Oh que oui, la BO aura été solide dans les trois épisodes, c’est incontestable !
Alors pour les comics, ce sont les suivant (dans cet ordre) :
The Beginning (prequel TR 2013)
Season of The Witch
Secrets and Lies
Queen of Serpents
Spore
Choice and Sacrifice
Survivor’s Crusade
Inferno
Pour le dernier arc, il manque le dernier volume qui sortira en octobre.
D’ailleurs ils ont déconné sur ce coup Square puisque l’arc Inferno se passe juste avant le roman qui lui se passe juste avant le jeu. C’eut été plus intelligent de compléter l’arc fin août, sortir le roman début septembre et ensuite le jeu. Là il ont fait l’inverse (jeu + roman en même temps et comics prévu donc en octobre).
Merci beaucoup ! J’ai jeté un oeil aux volumes sur le site de Dark Horse ça donne sacrément envie ! ?