On se souvient d’un temps où les jeux vidéo sortaient encore en version complète. À ce sujet, le prochain Hitman de Square Enix, dont la sortie a été repoussée au 11 mars prochain, fait beaucoup parler de lui. Il faut dire que l’éditeur a opté pour un format commercial plutôt flou, voire même étrange. Si vous aviez comme moi adoré Hitman : Blood Money ou le plus récent et très scénarisé Hitman : Absolution, sachez que vous ne pourrez pas apprécier à sa pleine mesure le nouveau volet des aventures du tueur à gage emblématique.
Le premier jeu de la franchise non payant à l’acquisition
Ce nouvel Hitman est pour moi un drôle de mystère. Sa commercialisation était initialement prévue pour la fin de l’année 2015, puis son lancement fut retardé au 11 mars 2016. Je me souviens également d’une conférence de presse tenue par l’éditeur Square Enix et le développeur danois IO Interactive durant laquelle les deux collaborateurs parlaient d’une soi-disant « Live Experience » : à l’époque, on expliquait que le jeu serait fini, mais pas tout à fait. On disait aussi que l’histoire serait bien implantée mais pas totalement terminée, que plusieurs DLC viendraient compléter le jeu peu de temps après sa sortie. Toutefois, comment peut-on oser parler de jeu – qui est supposé être un produit final prêt à être consommé –, lorsqu’on nous annonce des mises à jour de contenu à tire-larigot ? Hitman est passé par toutes les étapes et sans le savoir ou sans l’assumer, Square Enix a semé une confusion totale dans l’esprit des joueurs. Accès anticipé ? Payant à l’acquisition ? Achat de DLC au compte-goutte ?
Le modèle commercial utilisé par Square Enix – quoi que la firme se cherche peut-être encore –, n’inspire pas confiance. Et cela est normal. Ceux qui ont par exemple effectué une précommande du jeu ont été notifiés de l’annulation de cette dernière au milieu du mois de janvier, un nouveau signe de faiblesse de la part de l’éditeur, qui baigne dans l’indécision la plus totale. Alors qu’aux dernières nouvelles deux versions du jeu devaient être disponibles à l’achat (une version complète et une version ne comprenant que l’introduction du jeu), le prochain Hitman sera vendu en plusieurs morceaux via différents contenus téléchargeables qui seront inégalement répartis dans l’année. Désormais, quatre formules sont annoncées par Square Enix : un pack d’introduction (15 €), un pack « nouvelle destination » qui permettra de s’offrir de nouvelles maps en plus du prologue (10 € par destination), un pack de mise à niveau qui donnera les moyens aux détenteurs du premier pack d’accéder à la version complète (49,99 €) et, enfin, un pack complet qui débloquera l’ensemble du contenu commercialisé en 2016 (59,99 €). Or, acheter le dernier pack ne permettra pas forcément de mettre la main sur l’intégralité du contenu du jeu puisque de nouvelles missions verront également le jour en 2017 ! De ce fait, pour la première fois dans toute l’histoire de la franchise, les aventures du chauve spécialiste de l’infiltration ne seront pas (tout à fait) payantes à l’acquisition puisqu’elles seront proposées via un format épisodique, modèle qui avait bien fonctionné dans le cas de Life is Strange, jeu également édité par Square Enix.
Endetté jusqu’au cou, Square Enix veut se refaire une santé
La presse biaisée n’ose pas le dire mais étant donné que Je suis un gameur.com est un web magasine indépendant, on ne va pas mâcher nos mots. Il est évident que Square Enix cherche à se remplir les poches illico presto. Pour preuve, le groupe vient de lancer une édition collector qui est, il faut le dire, somptueuse mais qui coûtera la modique somme de 134,99 €. Elle comprendra un artbook de 60 pages, un exemplaire de la cravate rouge de l’assassin, une figurine de 25 centimètres à l’effigie de l’agent 47 et un exemplaire du jeu… en version dématérialisée. Eh oui, même pas de CD et de boîtier, simplement un code de téléchargement ! Voilà qui va fortement déplaire aux vrais collectionneurs, à ces joueurs traditionnalistes dont je fais partie.
Bref, en ce mercredi 27 janvier 2016, Square Enix ose faire payer une gamme de produits incomplets à ses clients fidèles. Si l’on fait les comptes, la version finale du jeu pourrait coûter excessivement cher. Certes Square Enix est en difficulté sur le plan financier et cherche à planifier des rentrées d’argent rapides – son année fiscale prend fin en mars 2016 –, mais le modèle de commercialisation ultra-capitaliste préconisé par la firme nippone pourrait signer son arrêt de mort. Et dire que Final Fantasy VII Remake sera également condamné à sortir au format épisodique… On espère sincèrement que Square Enix ne fait pas fausse route.
2 Responses
SE fait vraiment n’importe quoi avec ses licences occidentales, on se souvient du programme de précommande complètement ubuesque du prochain Deus Ex.
Après oui, le format épisodique fonctionne pour Life is Strange ou les jeux Telltale. Mais c’est des jeux qui coûtent 30€, pas 60, et qui se prennent souvent un « je le prendrai quand il sera complet, et en solde ». Bref, je ne suis pas confiant sur le modèle du jeu.
Entièrement d’accord avec toi! Après, bon, Square Enix est dans la galère et il faut le comprendre. Dans mon cas personnel, ce sera édition intégrale en version physique s’il y en a une, sinon rien 🙂