Je me souviens de ce matin-là comme si c’était hier. C’était une matinée somme toute classique. Le temps, pluvieux, ne m’enjoignait guère à mettre le nez dehors, mais malgré la météo morose, j’étais motivé. J’avais entendu l’appel des portefeuilles en souffrance des lecteurs de JSUG.com. J’avais enfin pris conscience de la portée de mes actes : en ne testant que des jeux de bonne qualité, j’étais à l’origine de la paupérisation accélérée de nos chers lecteurs. Avec force et détermination, je me mis à la recherche d’un titre médiocre, d’une abomination vidéoludique, le genre de jeu dont on ne s’approche qu’affublé d’une tenue anticontamination.
Et j’avais déniché un candidat prometteur dont le potentiel d’ennui égalait presque mes observations sur l’alimentation des bébés koalas, j’ai nommé Serious Metal Detecting. Qui n’a jamais rêvé de parcourir de vastes plaines armé d’un détecteur de métal et d’un parka militaire ? Qui n’a jamais voulu ressentir ce frisson qui vous parcoure l’échine tandis que l’on donne un brusque coup de bêche dans le sol à l’endroit au-dessus duquel notre détecteur s’est mis à faire le bruit doucereux d’une souris soprano qu’on égorge avec une brosse à dent ? Bref, ce titre me paraissait être la crème tournée de la crème tournée, celle qui tente de vous dévorer lorsque vous ouvrez la porte du frigo. Seulement voilà, par un malencontreux accident (pas super accidentel, je vous l’avoue honteusement), mon œil se trouva harponné par un titre au look sauvage, à l’aspect visuel brute et anguleux, un titre comme je les aime.
Riptale : trancher dans le vif
Riptale est un jeu résolument rétro, qu’il s’agisse des graphismes ou de la bande-son, et a été développé par un studio dont le nom est empreint d’une modestie certaine : Super God. Il s’agit d’un roguelike 2D où l’on incarne un épéiste arborant fièrement un couvre-chef à l’élégance douteuse qui ressemble à un wok. Les graphismes sont en noir et blanc à l’exception du foulard de notre avatar et du sang des ennemis. Ce sang peut être géré dynamiquement, ses gerbes teintant alors les murs d’un rouge satisfaisant. Ne reste alors que le cadavre de votre assaillant et vos mains couvertes de son hémoglobine, preuves de votre pouvoir destructeur.
Et ce sont justement cette dynamique et cette idée de pouvoir de destruction qui constituent l’un des points forts du jeu. Le gameplay est très simple à comprendre, mais difficile à maitriser. Notre personnage peut, au départ, porter trois coups d’affilée maximum dans la direction de notre choix. Une pression sur le bouton, et il se fend d’une ruade véloce pour pourfendre le ou les premiers ennemis qu’il croise. Ceux-ci meurent en un coup et se trouvent immédiatement tranchés en deux dans un feu d’artifice de globules rouges dont le rouge vif tranche à son tour avec le noir et blanc des décors. Chaque coup porté est accompagné d’un ralenti et d’un léger tremblement de caméra qui, combinés, donnent réellement une impression de toute-puissance. On se retrouve alors au fil de l’aventure à passer nos assaillants au fil de notre épée en tentant de ne pas perdre le fil de l’action, ce qui, en dépit des ralentis, demande une réelle concentration. Afin d’enrichir le système de combat, les développeurs ont eu l’excellente idée de nous permettre d’acheter de nouvelles techniques grâce à des pièces récupérées sur les corps exsangues de nos ennemis et dans d’autres objets.
Wokatépé
La moindre erreur est sanctionnée assez sévèrement. Notre petit Wokky ne dispose au départ que de quatre misérables cœurs qui semblent fondre comme neige au soleil. Pour en récupérer après que notre avatar a été touché, il faut détruire des caisses, des vases ou enchainer les ennemis de la manière la plus rapide et la plus fluide possible. Mais même avec toute la bonne volonté du monde, ils ne reviennent que très lentement. Ces cœurs, on en a cruellement besoin en fin de niveau lorsque l’on doit faire face aux différents boss du jeu. Pour les vaincre, il nous faut leur porter nombre de coups de taille, et pour être de taille, mieux vaut garder tous nos cœurs, car ils sont aussi retors que certains boss tordus de Dark Souls. Les opposants ont tous un pattern bien défini et identifiable immédiatement. Inutile de préciser qu’il nous faut les connaitre sur la pointe de notre lame pour espérer voir la fin du jeu.
Les niveaux, les ennemis et les boss s’enchainent à un rythme effréné, le tout soutenu par une bande-son rétro terriblement nerveuse. Les musiques nous mettent d’emblée dans le ton et nous forcent à adopter le bon tempo. Les seuls fausses notes de Riptale résident dans le « bruit » du menu d’accueil qui m’a donné l’impression que mon pc avait planté la première fois que j’ai lancé le jeu et dans sa durée de vie. Le titre ne compte que quatre mondes scindés en trois niveaux chacun. Il est possible de terminer le jeu très vite en fonction du skill du joueur, mais le fait qu’il n’y ait aucun checkpoint ou point de sauvegarde ralentit fortement la progression du joueur.
La sanction en cas de mort ne se fait pas attendre : le joueur perd instantanément l’ensemble de sa progression. Et une fois tous les boss vaincus, on peut recommencer le jeu en mode difficile. Ce mode se révèle décevant étant donné qu’il n’apporte rien de plus à l’aventure. Les développeurs se sont contentés de créer un mode où le joueur n’a tout simplement pas droit à l’erreur. Ainsi, il suffit que n’importe quel ennemi effleure notre orteil d’une habile botte pas forcément secrète pour nous occire cruellement et propulser notre ego de guerrier dans nos chaussettes. Il s’agit là d’une prolongation artificielle de l’aventure qui n’apporte pas grand-chose. Cependant, en dépit de ces petits défauts, les développeurs sont parvenus à porter un subtil coup d’estoc dans mon cœur de retrogamer.
Dans l’ensemble, Riptale est une excellente expérience rétro aux allures modernes. Ses graphismes étonnent par leur dynamisme et nous plongent dans un monde impitoyable en noir et blanc. Le gameplay, très simple en apparence, demande de la pratique pour être pleinement maitrisé et donne des mécaniques de jeu solides. Le seul point noir réside dans la durée de vie très courte et artificiellement prolongée. Mais au vu des autres qualité du titre, on lui pardonne.
LA NOTE DE LA RÉDACTION
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Gameplay - 8/10
8/10
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Graphismes - 8/10
8/10
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Bande-son - 8/10
8/10
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Rétro-fun - 10/10
10/10
Les plus et les moins
✔︎ Des graphismes rétro non périssables.
✔︎ Une bande-son effrénée .
✔︎ Des coups d'épée meurtriers.
✔︎ Un wok comme couvre-chef !
✘ Un wok comme couvre-chef ?
✘ Une musique d'accueil sauce erreur 404.
✘ Seulement quatre mondes !
2 Responses
On dirait presque un jeu sur Amiga. Quelle idée de lui avoir mis une casserole sur la tête. Le personnage est ultra-rapide, pas étonnant que l’on meure d’un rien, tu mets le pied où il ne faut pas par inadvertance et c’est fini. Du coup il faut tout refaire vu qu’aucune sauvegarde durant le niveau, automatiquement cela va en rebuter plus d’un. Vu la nervosité du gameplay, même si la durée de vie est courte, bien que normal car les jeux de l’époque ne durait qu’ 1h30 à 2h et encore, 50 minutes pour Prince of Persia. Avec les codes à taper, pour reprendre le niveau où on était, il y avait déjà des patchs pour les disquettes avec vies infinies, munitions infinies etc…..sinon je n’aurais jamais fini un jeu. J’adorais Logical et P. P. Hammer : beaucoup de jeu Amiga était addictif. Je ne sais pas ce que tu prends avec tes céréales, mais c’est du concentré…comment vais-je faire pour enlever cette image de cette souris égorgée avec une brosse à dents (S.O.S Joanne Bardot)
Le bon temps de Prince of Persia à ses débuts. J’ai joué à pas mal de jeux sur amiga, mais je jouais principalement sur PC. Another World était vraiment super cool !
Je mange du muesli, ça doit être ça la cause ><.