Il est rare que je sois traumatisé par un jeu. J’ai joué au jeu Blair Witch dernièrement, testé par notre Emilie préférée, et j’ai hurlé comme une fillette, mais ce jeu ne constitue tout de même pas un traumatisme. Par contre, il en va autrement d’Afterlife, titre développé par Signal Space Lab que j’ai pu essayer en avant première. Merci à eux pour cette expérience particulièrement traumatisante. Pour la petite anecdote, Afterlife a été nommé au dernier Raindance Film Festival, un festival de cinéma indépendant. À présent, place à mon test d’Afterlife. Je tenterai de ne pas trop vous secouer…
Test d’Afterlife : on se jette à l’eau
Afterlife. Il s’agit plus d’un film que d’un jeu, un film dont vous pouvez découvrir les facettes en fonction de l’endroit où vous regardez. En effet, il suffit de regarder un personnage avec insistance pour que l’histoire prenne une tournure différente. Tout commence par la noyade d’un enfant dans une baignoire, autant dire que cela nous met tout de suite dans le bain… Hum hum. À la suite de cette expérience (uniquement audio pour le moment) pour le moins désagréable, nous nous retrouvons dans la peau de l’enfant mort qui assiste aux déboires de sa famille.
Il s’agit donc d’un jeu sur la perte et le deuil. Visuellement, il est assez bluffant de voir comme on a véritablement l’impression de se trouver avec la famille de la victime. Grâce à un jeu d’acteur particulièrement convaincant, on n’a pas vraiment la sensation d’être devant un film, mais bien devant des scènes de la vie quotidienne, ce qui devient particulièrement dérangeant pendant les scènes de dispute, par exemple. En effet, je me suis parfois senti comme lorsque j’assiste à une véritable dispute… plutôt stressant.
De nouveaux codes filmiques ?
Il est intéressant de noter que les moments les plus puissants sont ceux dépourvus de musiques. Les scènes sans musique sont criantes de vérité, et on oublie vite qu’on assiste à un film. Petite confession, c’est dans ces moments que je me suis retrouvé à pleurer (à cause d’une poussière de VR dans l’œil, bien sûr…). Par contre, la musique avait tendance à casser l’immersion et à me rappeler que l’on voulait me faire ressentir des émotions particulières.
Nous nous trouvons donc face à une toute nouvelle manière de raconter des histoires. La VR est intéressante à plus d’un titre. Si, à la base, j’avais beaucoup de doutes quant aux films interactifs, je suis maintenant convaincu que nous nous trouvons face à une nouvelle manière de raconter des histoires, avec ses propres codes et ses propres usages. Si les musiques fonctionnent particulièrement bien pour les films lambda, j’ai l’impression qu’il en va autrement des films VR.
En outre, je ne suis par contre pas convaincu par les films à embranchements, à l’image d’Erica, récemment testé par Arnaud. Une fois la première expérience passée et la puissance émotionnelle déployée, il me paraît difficile d’avoir envie de réitérer l’expérience au vu de la relative passivité dont on fait preuve (les seules interactions consistent à regarder certains personnages ou à cliquer sur certaines choses pour provoquer quelques évènements). Ce test d’Afterlife s’est révélé surprenant et plutôt concluant, mais j’avoue ne pas déborder d’envie de recommencer le jeu/film pour en découvrir toutes les histoires. Une expérience aussi puissante ne se vit qu’une fois, selon moi.
Les films VR sont plutôt prometteurs, bien que l’on ne maîtrise pas encore tous les codes de cette « nouvelle » forme de narration. L’organisation spatiale, le jeu des acteurs, la composition des scènes, la diégétisation ou non de l’observateur, tout semble complètement différent, et dorénavant, je me réjouis de découvrir l’inventivité dont feront preuve les développeurs et/ou réalisateurs qui s’attaqueront à ce nouveau média. Ce test d’Afterlife convaincra peut-être les mordus de cinéma de vivre une expérience redoutable d’un point de vue émotionnel ! Les plus et les moins ✔︎ Un scénario dur ! ✘ Une rejouabilité à questionner...La note de la rédaction
✔︎ Des émotions à la pelle !
✔︎ Le prix : 4,99 euros.
✘ Des musiques contre-productives...
9 Responses
Avec le casque du coup, c’est comme si on était à côté des acteurs, on pourrait presque les toucher, de ce fait l’immersion est beaucoup plus grande. Ici cela reste un film, c’est comme si on faisait tomber l’écran qui nous sépare entre la tv et eux. Le VR pour le cinéma , ça pourrait être une renaissance, apporter un gros plus de nouveauté. Cela existe déjà la 3D au cinéma… je suis encore avec mes films en noir et blanc…faut pas m’en vouloir ^^
Pour un jeu, il faudrait qu’on devienne l’acteur…… cela se fera au fur et à mesure du temps. Comme pour le test d’Arnaud, son prix est un argument, si tu es déçu ce n’est pas très grave.
Je trouve que les jeux coûtent cher pour l’amusement qu’ils procurent très souvent.
Ajuster le prix en fonction de ce que les consommateurs le considèrent sur une échelle de valeur serait plus juste. Maintenant les prix dégringolent très vite, parce que les gens n’achètent pas le jeu.
Tous titres sortant chaque année , à la base ne devraient pas se retrouver à 60 ou 70 euros.
Je trouve qu’on devrait sérieusement réajuster le prix et sa valeur.
En tout cas, l’interactivité devrait être repensée.
Concernant les prix des jeux, autant je ne suis pas un très grand fan de la surconsommation et du grand capitalisme, autant il ne faut pas tomber dans le « tout est gratuit » et dans la « primarkisation » des jeux vidéo.
Derrière chaque jeu, peu importe le degré d’amusement qu’il procure, il y a des équipes énormes qui travaillent dessus. Seulement se baser sur le fun reviendrait, j’ai l’impression, à ignorer en partie le facteur humain qu’il y a derrière toutes les œuvres vidéoludiques.
Merci pour ton commentaire 🙂
J’imagine que ce type de « jeu » va finir par se démocratiser. Y a plein de gens qui aimeraient être les acteurs d’un vrai film !! Alors après c’est sûr on retrouve moins la dimension « jeu » dans la mesure où y a pas de gameplay et des interactions limitées mais la force de ces deux médias c’est de faire vivre des expériences (mémorables on l’espère). Là en tout cas ça a l’air de marcher ! Merci pour ce test PY ?
Pour être acteur d’un vrai film, je pense que c’est plutôt l’IA qui sera la clé pour l’expérience, plutôt que le médium par lequel l’expérience nous parvient. Il faudrait vraiment des réactions dynamiques de la part des PNJ, etc.
Après, il va probablement y avoir des jeux en mode JDR grandeur nature en VR qui vont émerger (et je m’en réjouis). Tant de possibilités et d’expériences en perspectives 😀
Je n’ai pas la VR, mais j’imagine comment ce type d’expérience doit être assez perturbant, surtout sur des sujets aussi délicats et difficiles. Néanmoins, cela fait vraiment une forme de jeu/film très intéressant, et pour une fois je comprends qu’un seul chemin y suffise, car ici l’expérience émotionnelle est vraiment très forte, et devrait se démarquer par un côté unique. Le côté passif ne doit pas aider, même si celui-ci doit vraiment servir, en employant la catharsis face à ce que ressentent les personnages du jeu. Ça pourrait être une forme de soin, d’ailleurs, de mettre ainsi des situations ou des expériences en scène, pour aider des personnes victimes de certains traumatismes tout en leur gardant une sécurité grâce à la VR. Et le silence est effectivement parfois une musique à lui tout seul parfois.
La VR commence déjà a être très utilisée comme thérapie pour pas mal de choses (notamment Alzheimer) !
Mais c’est vrai que je n’avais pas pensé à soigner des traumatismes par la VR :O
Après, ce serait peut-être un peu hard comme manière de soigner, quand même ! mais il y a potentiel d’en faire quelque chose en ce sens.
Un concept extrêmement fort !
Être uniquement observateur passif dans un contexte aussi grave… ça droit en effet être dur à encaisser.
L’expérience vidéo ludique s’enrichit de jour en jour avec ces nouvelles solutions, et cette application est vraiment singulière et bien intéressante.
Le prix est extrêmement abordable en tout cas ce qui est un bon point.
Oui, le concept est assez puissant, et j’ai bien dégusté haha.
Cette impression d’être à côté de personnes vivant des traumatismes était vraiment très étrange oO