En 2021, Twitch est devenu une plateforme de live streaming essentiellement axée sur les jeux vidéo. C’est simple : en moyenne, 2,5 millions de spectateurs sont connectés simultanément sur Twitch et visionnent le contenu de leur « vidéaste » préféré. Il est loin le temps où Twitch était pensé comme le successeur de Justin.tv, chaîne pionnière du concept de diffusion de contenu en direct.
Twitch : quand Justin.tv est éclipsé par son propre concept
Ce n’est qu’en 2007 que Justin.tv, site initialement pensé pour exhiber la vie de son créateur H24, a suscité l’intérêt des vidéastes. En effet, la majorité des utilisateurs n’avait qu’une ambition : s’exposer à son tour et diffuser son propre contenu sur la plateforme. Ainsi Justin Kan fut-il contraint de s’éclipser au profit de jeunes créateurs tous plus motivés les uns que les autres.
La suite de l’histoire, on la connaît : un streamer chevronné est recruté par Justin.tv Inc pour initier les utilisateurs au streaming de jeux vidéo, la rubrique « Jeux » de la plateforme explose littéralement, elle finit par devenir la plus populaire du site et condamne Justin.tv à l’oubli. la société mère est alors rebaptisée Twitch Interactive puis, en 2014, la géant Amazon passe par là, englobe Twitch et intègre la plateforme à son offre Amazon Prime. C’est le début de la gloire pour nos chers streamers, qui peuvent désormais gagner de l’argent en proposant des liens in-stream grâce auxquels les spectateurs peuvent acheter des jeux, sans compter qu’ils peuvent également verser des dons à leurs mascottes.
Twitch : des chiffres et statistiques hallucinantes !
Tandis qu’en octobre 2013 Twitch avait battu un nouveau record avec 45 millions de visiteurs uniques, en février 2021, la plateforme de streaming aujourd’hui détenue et exploitée par Amazon réunissait 123 millions d’utilisateurs simultanés.
Twitch, c’est également 9 518 000 chaînes actives en février 2021 et pas moins de 2 milliards d’euros de revenus en 2020 (contre 1,7 milliard d’euros de revenus pour YouTube) générés principalement grâce aux abonnements et la publicité. Ce sont aussi d’autres statistiques affolantes. Par exemple, en mars 2021, Ninja, l’utilisateur le plus suivi sur Twitch, justifiait de près de 17 millions d’abonnés.
Quels sont les revenus mensuels des streamers ?
Qu’on se le dise, beaucoup d’argent circule sur Twitch. Voici un rapide aperçu des salaires mensuels bruts des streamers français les plus populaires (non, il n’y a pas ceux de Meelou TV, ex-Émilie, mais à la vue des chiffres plus bas on comprend mieux pourquoi elle a sombré dans le côté obscur) :
- Zerator : 36 000 € minimum par mois ;
- Gotaga : 22 000 € minimum par mois ;
- Domingo : 21 000 € minimum par mois ;
- Squeezie : 15 000 € minimum par mois.
Les revenus mentionnés ne comprennent pas les innombrables dons versés par les fans, les éventuels gains en tournois, les OP, les publications sponsorisées sur les réseaux sociaux, etc… Donc on peut largement doubler ces revenus pour avoir une idée du fric qu’on peut se faire sur Twitch. Hallucinant !
Streamer des jeux vidéo quand on débute, c’est compliqué
On peut véritablement gagner sa vie grâce à Twitch. Mais attention, rien n’est facile quand on débute, surtout si on décide de faire du jeu vidéo sa spécialité. Certes les amateurs de jeux vidéo représentent la cible principale et la plus évidente des streamers, mais le streaming de jeux vidéo ne laisse que peu de place aux nouveaux venus souhaitant dégager des revenus rapidement. En effet, pour générer un salaire décent, il faut tout de même être suivi par un public assez large. Aussi faut-il comprendre que socialiser avec son audience, développer un sentiment de communauté au sein du public et beaucoup s’impliquer ne suffisent pas à garantir votre succès sur Twitch.
En outre, à l’exception de certains streamers qui se sont spécialisés dans des types de jeux plus ciblés et moins concurrentiels (comme les jeux indépendants par exemple), on note que les taux de conversion liés à la publicité sont très inférieurs sur les chaînes de jeux vidéo, contrairement à d’autres niches.
Les jeux vidéo ne sont pas ce qu’il y a de plus rémunérateur sur Twitch
Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, ce ne sont pas les jeux vidéo qui payent le plus sur Twitch (du moins si on considère la chose du point de vue des streamers). Ainsi, depuis le succès de la série Netflix The Queen’s Gambit (Le Jeu de la Dame), on remarque un engouement incroyable pour les échecs sur Twitch. Naturellement, les créateurs de vidéos spécialistes des échecs convertissent plus facilement les fans et bénéficient d’un taux d’engagement — et donc de revenus —, bien supérieurs.
Par ailleurs, on assiste de plus en plus à l’émergence des streamers de jeux de casino. Ce genre de contenu étant très spécifique, les streamers n’ont aucun mal à toucher une audience dès le début car cette dernière se convertit à des taux très élevés. Du moment que les créateurs sont suffisamment qualifiés, le contenu à produire est facile à mettre en place, sans compter que les revenus des streamers de jeux de casino sont décuplés par rapport à ceux des streamers de jeux vidéo lambda (en effet, les premiers sont directement rémunérés par les fournisseurs ou opérateurs de casino). Pour finir, de plus en plus de pays légalisent les jeux d’argent en ligne (comme le Canada, par exemple, dont la législation est de plus en plus tolérante à ce sujet), ce qui pourrait bientôt faire de Twitch le nouvel El Dorado des fans de blackjack, de craps ou de machines à sous.
3 Responses
Ce sont de fameux revenus, après il faut passer sa vie à ça. Faut aimer, pas pour moi trop de cons dans ce monde, fait semblant d’être sympa pour avoir un public et tout le tralala de rond de jambe. C’est comme le monde du sport et des salaires de malade. Je ne vois pas à quoi cela sert, en donner un peu à tous le monde et bien des choses iraient mieux dans le monde, dans chaque pays.
Un sportif sait se reconvertir quand sa carrière est finie, souvent ils sont consultants, et ils en gagnent encore de l’argent. Quand on voit le fric que justin henin a gagné pour quelques années de tennis, grande championne, oué si on veut, vite pris sa retraite surtout, l’amour de la balle jaune, on en reparlera, c’est surtout pour le salaire, leur fameux sacrifice, en même temps c’est censé être une passion, donc même payé 50 euros par mois logiquement tu le fais.Pour moi il y a des gens qui ne méritent pas du tout d’avoir autant d’argent. Prenons roger federer, ben il est toujours là, y a une différence de passion….
Je trouve tout ça abuser les plateformes comme twitch, je suis totalement déconnecté de tout ça, et tant mieux parce que ça ne m’intéresse pas du tout, c’est bon pour ceux qui s’emmerdent dans la vie et on peut dire que beaucoup de gens se font chier dans l’existence. Cela par contre c’est une réalité.
Comme Stephane je me désintéresse complètement de Twitch… Le choix d’Emilie d’aller sur Twitch m’avait pas vraiment étonné car elle est jeune.
Mais c’est clair que pour moi c’est pas la meilleure façon de promouvoir le jeu vidéo (vu tous les scandales et toutes les conneries que tu peux y trouver). Et puis ce star system montre bien ce qu’est la société d’aujourd’hui : égocentrique, opportuniste, superficielle (je parle pour les streamers qui font de Twitch leur métier). Perso je préfère jouer tranquille dans mon coin ☺️
Un article toujours aussi intéressant à lire et bien fourni Eric ! Je ne connais Twitch que de loin (j’ai dû essayer de regarder celui d’Emilie une fois, mais ça ramait, et Jour de play), donc ça me fait plaisir d’apprendre l’origine de cette plate-forme et de savoir davantage comment elle fonctionne. Ce sera comme Youtube je pense,plus le temps passe, plus les gens y seront nombreux et ce sera dur de gagner sa vie avec. Mai je comprends que l’aspect communauté, même si elle demande beaucoup d’efforts, puisse être sympa. Partager sa passion, faire découvrir des thèmes (de niche ou non) de cette manière peut être vraiment intéressant si le concept est bien bâti derrière. Je suis quand même surprise de voir que les jeux d’argent commencent à s’y nicher,mais tu as raison : plus le contenu est pointu, plus il est facile d’y trouver audience. Je trouverais ça sympa de l’utiliser pour des visites guidées de jeux vidéo, pour faire découvrir l’envers du décor (anecdotes de création, symboliques d’un jeu, détails à examiner) à des gens qui y seraient intéressés.