Test d’Oxenfree II: Lost Signals, que vaut la suite tant attendue ?

Les fans l’attendaient depuis de nombreuses années déjà, la suite d’Oxenfree est enfin disponible ! Il aura fallu sept ans, plusieurs fausses joies et un rachat de Netflix pour que Night School Studio vienne à bout de ce chantier, nous offrant enfin la possibilité de nous replonger dans l’univers très particulier du premier opus. De mon côté, j’avais beaucoup aimé Oxenfree, malgré un rythme parfois lent à mon goût et des déplacements trop répétitifs, et j’ai été enchantée qu’Eric me fournisse une clé pour te proposer un test d’Oxenfree II: Lost Signals. Alors, l’attente en valait-elle la peine ? Voyons ça ensemble !

Test d’Oxenfree II : une suite directe d’Oxenfree ?

Dans Oxenfree, on accompagnait une bande de jeunes sur une île abandonnée, alors qu’ils se retrouvaient coincés dans une sombre histoire de boucles temporelles et de rencontres surnaturelles. Ici, on reprend les mêmes ingrédients avec juste ce qu’il faut de changements : on suit cette fois deux adultes sur l’île voisine, qui vont observer ces mêmes événements mystérieux et tenter d’apporter leur aide à distance. En ce sens, on peut se dire que ce titre est accessible sans avoir joué au premier, et c’est d’ailleurs ce qui est dit dans de nombreux tests d’Oxenfree II: Lost Signals, mais je pense quand même qu’il est mieux de les faire dans l’ordre pour mieux appréhender les références directes qui prendront de l’ampleur à mesure qu’on avance dans le scénario.

Le gameplay offre également beaucoup de ressemblances avec son prédécesseur. On retrouve évidemment ce système de bulles de dialogues qui apparaissent spontanément pendant qu’on se balade dans l’île et qui font la patte de la franchise, permettant des dialogues fluides sans cinématique ou interruption de la progression. On retrouve aussi la radio qu’il faut parfois manipuler pour trouver la bonne fréquence et entrer en résonance avec certains objets. Du côté des nouveautés, on notera surtout le talkie-walkie, qui permet de provoquer des discussions avec d’autres personnages qui nous accompagneront ou qu’on espionnera, selon les situations. Pour le reste, on se balade à travers une carte un peu plus grande, et on croisera quelques mini-jeux pour activer certains appareils, mais l’expérience de jeu reste sensiblement similaire à celle du premier opus dans ses codes et son style.

Une ambiance qu’on est heureux de retrouver

Un des points forts d’Oxenfree, c’était son ambiance inquiétante, mystérieuse, soulignée par ce style graphique très reconnaissable et par un scénario qui posait directement beaucoup de points d’interrogation. Après un souvenir vidéoludique aussi marquant, ça fait forcément quelque chose de lancer la suite et de retrouver la même patte visuelle, la même identité sonore et un décor similaire. On fait cette fois la rencontre de Riley, qui vient d’accepter un job sur l’île de son enfance et qui va rapidement entrer en contact avec Jacob, un ancien copain de classe qui n’est jamais parti. Le public d’Oxenfree a mûri, c’est donc un choix tout à fait judicieux de nous proposer cette fois des protagonistes adultes, qui se débattent avec des questions de choix de vie, de positionnement, de légitimité, et leurs dialogues marqueront la plupart des phases de jeu. Tout le monde n’accroche pas avec Jacob, mais je l’ai trouvé plutôt sympathique avec ses maladresses et son besoin de reconnaissance. Le binôme n’est peut-être pas aussi percutant que celui qu’Alex formait avec son demi-frère, mais je n’ai pas eu à me plaindre de leurs échanges et de l’évolution de leurs rapports lors de mon test d’Oxenfree II: Lost Signals.

Par ailleurs, si on a déjà pas mal de réponses sur les phénomènes surnaturels en ayant joué au premier opus (ce qui pourrait enlever une grosse part de ce qui faisait le charme du jeu), j’ai trouvé très malin de nous placer sur l’île d’en face, ce qui permet de varier les décors, les lieux à explorer et les missions à mettre en place tout en retrouvant l’environnement qu’on attendait tant. Les nouvelles fonctionnalités arrivent très tôt dans la progression, elles semblent pleines de promesses, on nous montre cette grande carte qui se remplit d’annotations petit à petit, on nous fait mention d’une secte qu’il faudra garder à l’œil, bref tout s’aligne harmonieusement pour qu’on ait envie de se plonger dans le jeu et d’obtenir peut-être quelques réponses supplémentaires par rapport au premier volet.

Rien d’alarmant dans ce test d’Oxenfree II: Lost Signals…

Pour être honnête, j’ai été très agréablement surprise de cette nouvelle proposition, et je me suis laissée porter par le jeu sans voir passer les heures. J’ai l’impression qu’il a corrigé quelques désagréments d’Oxenfree ; j’ai en tout cas été moins sensible à des déplacements superflus (il y en a quand même, malgré tout) ou à des dialogues qui sembleraient ne jamais avoir de fin, impression qui m’était restée du premier. L’histoire se suit aisément, les lieux qu’on visite ne manquent pas de charme, on nous propose quelques puzzles pour progresser dans l’île, tout semble réuni pour que la fin puisse proposer de jolis défis et que la difficulté augmente agréablement au fil du temps.

Et puis, on réalise que ça y est, on est à la fin du jeu. Et passé la satisfaction d’avoir résolu certains problèmes et de voir l’aube s’approcher, je ne peux m’empêcher de me dire qu’une grande partie du potentiel mis en place n’a pas vraiment été exploitée. Qu’on a finalement ouvert beaucoup de portes, ajouté beaucoup de petits ingrédients qui avaient tout pour devenir passionnants, et qu’on a tiré le rideau avant de les avoir utilisés complètement. Qu’on nous laisse avec une histoire pas si complexe, des choix pas si cruciaux, des outils pas si importants, des puzzles pas si stimulants, et qu’on aurait eu largement de quoi proposer une expérience de jeu plus aboutie et plus mémorable. L’arc narratif se boucle tout de même avec de bonnes idées et un épilogue efficace, je n’ai rien de concret à reprocher au jeu (à part quelques quêtes annexes un peu brouillonnes et un constant zoom arrière difficile à justifier), il  me reste simplement cette sensation de mini-déception, cette impression qu’on a peut-être manqué d’ambition.

… Et pourtant, comme un goût d’inachevé

Il est possible que les sept ans d’attente y soient pour quelque chose, qu’on se dise qu’avec tout ce temps à disposition, il y avait moyen de proposer un jeu plus moderne, plus audacieux, plus percutant. Il est possible aussi que les difficultés de développement et les nombreuses montagnes russes qui ont décalé plusieurs fois la date de sortie expliquent en partie cette impression que toutes les bonnes idées étaient là, mais qu’on ne les a pas exploitées comme on aurait voulu. Peut-être qu’il fallait sortir quelque chose, parce que ça faisait trop longtemps. Peut-être que Netflix a eu un effet, positif ou non, sur le résultat final : à ce stade, je ne fais que des suppositions pour tenter d’identifier ce ressenti diffus, malgré une expérience de jeu plutôt solide.

Bref, ce test d’Oxenfree II: Lost Signals n’a peut-être pas une prise de position très marquée, mais on reste sur un jeu efficace, fidèle au premier opus, qui trouve le juste équilibre entre hommage à son prédécesseur et apport de nouveautés. Il contient un paquet de bonnes idées, il reprend les recettes gagnantes, les doublages sont top, il permet de retrouver une ambiance qui avait beaucoup marqué les fans de la première heure, et pour tout ça il mérite qu’on s’y attarde ! De mon côté, je reste toutefois un peu empruntée quand je prends une vue d’ensemble et que je m’interroge sur la façon dont ces différents ingrédients ont été exploités, avec une petite touche de regret de me dire qu’il y avait tout pour en faire un très grand jeu, et qu’on se retrouve à la place avec un jeu tout à fait chouette. Rien de rébarbatif, mais rien de renversant non plus. Si tu y joues, je serais en tout cas très curieuse qu’on en parle, parce que j’ai encore du mal à faire le tour de ce ressenti et qu’on est toujours plus malins à plusieurs !