J’ai déjà eu l’occasion de faire quelques jeux sur la Seconde Guerre mondiale ou sur des régimes totalitaires (je pense par exemple à Beholder ou à Papers, Please). J’ai aussi pu jouer à des jeux d’enquête qui traitent d’affaires réelles (comme This is the Zodiac Speaking). L’ami Eric, qui est toujours dans les bons coups, avais donc toutes les raisons de penser que j’allais être intriguée par un jeu d’enquête sur des affaires réelles de la Seconde Guerre mondiale ! Est-ce qu’il a eu raison ? On va voir ça ensemble dans ce test de The Darkest Files, réalisé sur PC à partir d’une clé de test réservée à la presse.
Test de The Darkest Files : quel est le pitch ?
The Darkest Files est un jeu d’enquête qui a pour contexte, comme tu l’as compris, la Seconde Guerre mondiale. Plongé en Allemagne en 1956, tu accompagnes une procureure fraîchement engagée dans un cabinet qui déterre de vieilles affaires. Face au nombre important de criminels qui ont commis des actes terribles pendant la guerre et qui n’ont jamais été arrêtés, ta mission est de reconstituer les faits et d’enfin offrir une forme de justice aux victimes de ces atrocités. Bien sûr, pendant ce temps, le peuple essaie de se reconstruire, et l’opinion publique ne soutient pas franchement ce travail de mémoire, espérant plutôt pouvoir oublier et tourner la page…

Ambitieux dans son sujet, ce jeu est le nouveau projet du studio allemand Paintbucket Games (il constitue d’ailleurs une suite de Through the Darkest of Times, même si j’ai pu tout à fait l’apprécier sans avoir joué à son prédécesseur). Sorti le 25 mars sur PC, le jeu s’inspire notamment de la franchise des Ace Attorney. En effet, celui-ci propose une phase d’investigation suivie d’une phase de tribunal, en se réappropriant largement les codes, mais en proposant évidemment un ton bien plus sérieux.
Un contexte historique passionnant
Je vais poursuivre ce test de The Darkest Files en soulignant le scénario, et tout le travail de documentation que le titre a nécessité. Le jeu comporte deux affaires et un épilogue, directement inspirés de vraies affaires liées à la Seconde Guerre mondiale. Tu dois t’en douter mais autant le dire tout de suite, les sujets qui sont abordés dans le jeu sont lourds et la nature humaine n’y est pas dépeinte sous son meilleur jour. Ancien général nazi ou simple voisin mal intentionné, tout le monde est suspect dans ces récits qui brouillent largement les frontières des gentils et des méchants.

L’ambiance de ce cabinet des années 1950 fonctionne également très bien : on sent que ce travail de mémoire, bien que terriblement important, ne plaît pas à tout le monde. Le père de l’héroïne insiste beaucoup pour qu’elle change de travail, les premières lettres de menace se glissent dans le courrier du matin… Entre l’interrogation des témoins, les échanges avec les collègues, la lecture des archives et la reconstitution des événements, les heures de jeu passent à toute vitesse, et j’ai pris un très grand plaisir (pour autant que la notion de plaisir soit appropriée ici) à découvrir ce pan de l’Histoire dans tout ce qu’il a de sordide. De plus, le subtil mélange entre enquête, drame familial et pression sociale confère au récit une tension constante qui rend chaque avancée captivante, et pesante !
Du soin dans le fond et dans la forme
On commence à le savoir (je radote, je radote), dans les jeux d’enquête, il est important de doser la difficulté. Si c’est trop simple, on s’ennuie, si c’est trop difficile, on se frustre. Eh bien dans ce test de The Darkest Files, la question est traitée avec pas mal d’habileté, puisqu’on a accès à plusieurs niveaux de difficulté : un mode concentré sur l’histoire, qui demande quelques déductions sans être trop punitif, un mode plus exigeant où l’on peut rater totalement son procès en mobilisant les mauvaises preuves (et qui nous plonge vraiment dans le rôle de l’enquêteur), et un mode qui permet d’ajuster tout un tas de paramètres pour se construire une expérience de jeu personnalisée.

J’ai trouvé le gameplay vraiment agréable, et bourré de bonnes idées. Nous avons à notre disposition un certain nombre de documents, qu’on peut annoter avec des post-its pour garder en tête les paragraphes importants, on a également une carte qui nous permet de reconstituer les déplacements et les actes des suspects pour nous représenter les événements. Lorsqu’on fait venir un témoin au bureau, on plonge dans ses souvenirs, et on peut alors examiner les lieux : plus on est assidû dans notre investigation, plus on va récolter des indices qui nous aideront à faire les déductions finales. D’ailleurs, le tout est véritablement fluide, varié et tout à fait stimulant, je suis franchement ravie ! La direction artistique n’est pas en reste, avec ses déclinaisons de bleu, ses planches de bande dessinée en guise de cinématiques et son ambiance sonore immersive.
Bref, ce test de The Darkest Files a été un vrai coup de coeur ! Les mécaniques d’enquête sont utilisées avec beaucoup de talent, elles rythment agréablement le jeu et permettent une vraie réflexion pour identifier les coupables et rassembler les bonnes preuves de leurs actes. Les faits racontés dans le jeu, percutants et très bien mis en scène, nous font découvrir un quotidien bien sombre de ce temps de guerre. En outre, à la fin de chaque affaire, on a accès à des informations sur l’histoire dont elle est tirée et le dénouement du procès. C’est également l’occasion d’avoir tout un discours en filigrane sur le devoir de mémoire, et les notions de prescription. J’ai beaucoup aimé l’épilogue, qui conclut efficacement le jeu : j’aurais même volontiers prolongé l’expérience avec un ou deux chapitres de plus, tant j’étais plongée dans ma partie ! Si tu as envie de te creuser les méninges tout en apprenant des choses, je ne peux que t’encourager à donner sa chance à The Darkest Files. Et surtout, reviens m’en parler si tu te lances !
Les plus et les moins ✔︎ Un sujet passionnant et traité avec sérieux. ✘ J'aurais voulu que ça dure un peu plus !La note de la rédaction
✔︎ Un super gameplay au service de l'enquête.
✔︎ Une atmosphère captivante !
2 réponses
Ah oui 9,3/10 tu l’as super bien noté, ça doit vraiment être une pépite !
Allez hop je le mets en prioritaire dans ma wishlist 😉 Merci pour cette belle découverte Coline.
En plus le contexte historique du jeu est intéressant.
C’est vrai qu’il me parait pas mal ! Effectivement tu as mis une grosse note.
Ah mais maintenant, je me souviens, un jeu d’enquête, j’avais même une carte, c’est vieux, c’était sur Amiga, c’était « Mais où est passée Carmen Sandiego » where in the world is Carmen Sandiego.
Un autre jeu indé qui est la suite Soldats inconnus : mémoires de la grande guerre, sa suite, c’est Soldats inconnus : Frère d’armes (il doit être sorti en 2024 ou 23)