Test de Have a Nice Death : la faucheuse mort la poussière

Le pollen, le bon Dieu de misère de pollen de ses morts ! Non, mais, je veux dire, c’est quoi ce foutu délire ? J’ai l’impression que la nature, le monde, la vie même, veulent ma mort ! J’ai le nez qui coule, j’éternue si souvent que mes chats font maintenant de l’hypertension et mes yeux sont tellement irrités qu’ils ressemblent au trou de balle du Pokémon Camérupt. Alors, j’ai voulu me changer les idées et prendre du recul par rapport à mon expérience permanente de mort imminente en m’achetant un petit jeu sympa. Hop, c’est dans le panier, c’est parti pour un test de Have a Nice Death sur Nintendo Switch ! Wait…

Bosser à la Trépas-Nation

Magic Design Studios nous a sorti un sacré jeu. Have a Nice Death est un roguelike 2D où vous incarnez la grande faucheuse. Enfin, elle n’est plus si grande, étant donné qu’elle a rapetissé suite à un burnout. PDG de Death Incorporated, elle se rend compte que ses employés font n’importe quoi. Le responsable des entrées, Brad, laisse passer n’importe qui, le responsable de la malbouffe fait de l’excès de zèle depuis que McDo s’amuse avec nos niveaux de dopamine, et les autres ne font pas mieux. Votre rôle ? Les faire rentrer dans le rang en leur explosant la gueule.

À l’heure où le pauvre marché du travail est en crise (c’est vrai, les Jean-Richard le disent tous) parce que les nouvelles générations ont moyennement envie de se tuer à la tâche pour des vieilles bombes de l’après-guerre, cet objectif résonne beaucoup avec la réalité. C’est d’ailleurs l’objectif du studio : proposer une satire de la start-up nation et parler du burnout. Sur ce point, je dois avouer que ce test de Have a Nice Death m’a bluffé. Tous les personnages sont des clichés que tout le monde a déjà rencontrés.

Les dialogues sont tous plus hilarants les uns que les autres. Entre Bernadette de l’accueil qui vous raconte tous les potins de l’entreprise, Gérard le syndicaliste qui fait grève pour un rien ou Patrice des RH qui fait des squats pour motiver ses collègues, on n’a pas fini d’éclater de rire toutes les cinq minutes. Le ton général est délicieusement sarcastique, et on enchaine les runs pour en découvrir toujours plus. Je dois dire que je suis très impressionné par la localisation du jeu, qui transmet l’ambiance avec beaucoup de justesse et qui s’en donne à cœur joie avec les jeux de mots.

Test de Have a Nice Death : quand la mort ricane

Roquelike oblige, l’idée est de se faire atomiser en boucle jusqu’à comprendre les patterns des ennemis et des boss (comptez une vingtaine de boss et de sous-boss). Généralement, je dois avouer que je ne suis pas très roguelike ou soulsborne, tout simplement parce que ça me donne envie de couvrir ma manette de parmesan bas de gamme et d’enfourner le tout 20 minutes, thermostat 8. Mais ce test de Have a Nice Death a été différent. Premièrement, la direction artistique est à tomber raide mort. Les dessins, les musiques, le sound design, tout fait mouche en permanence.

Du côté technique, c’est aussi un bonheur absolu. Le jeu est nerveux à souhait et ne donne jamais l’impression d’être injuste. C’est un pur bonheur, je n’ai pas vu passer les 26 heures où j’ai séché le jeu. De fait, dès le début, Have a Nice Death vous happe avec un bestiaire très bien pensé, tant du point de vue fictionnel que du gameplay, et la variété des sorts et des armes est plus qu’acceptable. À chaque run, vous commencez avec votre faux, et éventuellement un sort ou ce que le jeu appelle une cape, c’est-à-dire une arme qui ne nécessite pas de mana.

Lors de chaque run, vous rencontrez un personnage dans un cercueil qui vous propose des bonus, comme davantage de dégâts à votre faux, plus de défense ou des effets aléatoires lorsque vous accomplissez certaines actions. Attention cependant, certains bonus, en particulier les plus intéressants, sont assortis de malus. Comme dans tout bon roguelike, le choix des bonus, des armes et des sorts s’avère salutaire, il est très difficile de terminer la run avec des bonus et un équipement aux fraises. Il va sans dire que l’apparition de ces éléments est aléatoire.

Magic Design Studios maitrise très bien son core gameplay et propose une progression très dynamique en début de jeu. Les armes et sorts se renouvèlent souvent, et les ennemis ont une identité visuelle très reconnaissable, ce qui rend l’apprentissage des patterns agréables. Je dois cependant souligner une petite perte de rythme après une quinzaine d’heures, que j’ai fini par dépasser après avoir subi un plateau assez long. La courbe de difficulté est également bien maitrisée, bien qu’elle explose avec les deux-trois derniers boss, particulièrement retors. Bref, ça a été le seul point faible pour moi.

En conclusion, ce test de Have a Nice Death a été tout simplement génial. La qualité de la narration et de l’histoire en fait un bijou satirique, bijou magnifié par une technique qui frôle la perfection. Le gameplay, quant à lui, même s’il est un peu souffreteux après une quinzaine d’heures, remplit très bien son rôle. Je n’ai pas vu mes 26 heures de jeu passer, et je tenterai peut-être de débloquer tous les trophées un jour, ce qui est assez rare pour moi. Bref, Have a Nice Death constitue un bel ajout pour votre ludothèque et trouvera surement sa place dans un des bric-à-brac de Coline !