Récemment, j’ai été extrêmement touché de donner une interview à un jeune étudiant en journalisme passionné par le gaming. Cela m’a fait plaisir que cette personne ait choisi JSUG.com plutôt que l’un des gros sites d’actualité du jeu vidéo que vous connaissez tous. L’étudiant en question m’a confié qu’il aimait notre approche, notre sincérité ainsi que nos différents styles d’écriture. Après cet entretien, je me suis dit qu’il aurait été très intéressant de donner la parole à un professionnel du jeu vidéo spécialisé dans les relations publiques. Car en effet, la presse vidéoludique ne se limite pas aux médias qui relaient les communiqués des développeurs et éditeurs, publient des tests et previews de jeux vidéo, et traitent grossièrement des sujets tendance. Je vous propose donc une interview de Cassandra Dutilh-Lafrance, PR & Influence Manager chez DON’T NOD !
J’ai choisi Cassandra car c’est une vraie professionnelle, et qu’elle est très accessible. Je pense qu’il n’y a pas mieux placé qu’elle pour vous parler de l’autre facette de la presse vidéoludique. Effectivement, de nombreux jeunes rêveraient d’intégrer le secteur du jeu vidéo, côté presse. Sauf que nous savons tous que le métier de journaliste JV est précaire et très cloisonné. Mais il existe une alternative pour toutes celles et ceux qui souhaitent parler d’un jeu vidéo et le faire connaître au plus grand nombre : le métier de responsable des relations presse. Cassandra, par exemple, est en première ligne pour faire la promotion des jeux du studio DON’T NOD auprès des médias. Son rôle, c’est de relayer les informations qui pourraient intéresser les journalistes afin de les publier à grande échelle.
Vous noterez que Cassandra est une vraie pointure dans le milieu puisqu’elle a pendant longtemps travaillé chez PLAION (ex-Koch Media), l’un des principaux développeurs et producteurs indépendants de jeux vidéo. Cassandra est l’une des premières personnes à avoir fait confiance à JSUG.com ; elle a contribué à notre ascension au fil des années.
Interview de Cassandra Dutilh-Lafrance (DON’T NOD)
Bonjour ! Peux-tu te présenter en quelques mots, nous expliquer quel est ton parcours et comment tu es tombée dans le jeu vidéo ?
Bonjour à tous, je m’appelle Cassandra, j’exerce le métier de RP depuis plus de 6 ans maintenant. J’ai fait des études de communication et je me suis rapidement pris d’affection pour le métier d’attaché de presse. Dès que j’ai eu mon diplôme en poche je n’avais plus qu’à choisir l’industrie dans laquelle je voulais exercer. Les jeux vidéo étant l’une de mes passions je me suis rapidement tournée vers ce secteur. Ayant eu le souhait de me spécialiser davantage, j’ai fait un MBA Video Game Management à Paris, je voulais comprendre comment un jeu vidéo se crée de A à Z, etc. Lors de ce MBA, je devais effectuer un stage de fin d’études dans ce secteur, et je ne l’ai plus quitté depuis.
Pour ce qui est de ma passion des jeux vidéo, j’y joue depuis que je suis toute petite, avec mes frères d’abord, et puis de mon côté en grandissant. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui nous ont acheté des consoles très tôt !
Être responsable des relations publiques d’un studio de développement ou producteur de jeux vidéo, ça consiste à quoi ?
Les RP sont le point de contact entre les équipes qui font les jeux et les journalistes. Notre but c’est de faire connaître les jeux auprès du grand public en passant par la presse. Pour cela, on établit et met en place des campagnes de communication, on organise des interviews pour que les équipes de développement puissent parler de leur projet, on envoie des communiqués de presse pour informer les journalistes, on envoie les jeux en test, on organise différents événements, etc. Ce qui est chouette dans ce métier, c’est qu’il y a tout le temps quelque chose à faire et qu’aucun jour ne se ressemble.
Tu as travaillé pendant 5 ans en tant qu’attachée de presse chez Koch Media. Quels sont tes souvenirs les plus mémorables ?
Il y en a eu tellement ! Je pense tout de suite aux salons (Paris Games Week, Japan Expo, Gamescom), aux press tours, tous les moments où je rencontrais les journalistes. Je pense aussi à certaines sorties de jeux qui m’ont vraiment marqué, comme la sortie de Yakuza: Like a Dragon ou Dead Island 2. Sinon, de manière générale, j’adore voir les réactions des médias et de la communauté aux annonces, et j’adore découvrir les notes que les médias attribuent aux jeux à leur sortie.
Tu as récemment rejoint DON’T NOD en tant que PR Manager, un studio français de jeux vidéo réputé à qui l’on doit des jeux comme Life is Strange notamment. Est-ce que pour toi tu as franchi un cap ?
Pour moi, il s’agit surtout d’une nouvelle aventure ! J’apprends de nouvelles choses et c’est passionnant ! Ce qui est sûr, c’est que je suis très fière d’avoir intégré DON’T NOD, c’était un objectif pour moi de travailler un jour pour un studio de développement afin d’être au plus près des équipes créatives. Je trouve ça passionnant et très enrichissant de travailler directement avec les développeurs des jeux.
Quelles sont, d’après toi, les qualités requises pour être un bon PR Manager ?
Pour moi, il est primordial d’avoir un très bon relationnel et un très bon rédactionnel. Il faut aussi être très organisé, être rigoureux et savoir faire preuve d’adaptabilité. Je pense que c’est aussi important d’avoir de bonnes connaissances des jeux et de l’industrie de manière générale. Je suis convaincue que quand tu es passionné par un domaine, ça se ressent dans ton travail.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes personnes qui aimeraient faire de ce métier leur vocation, notamment en termes d’études et de formations ?
J’aime bien conseiller aux gens qui souhaitent devenir RP dans l’industrie du jeu vidéo de jouer à tous les types de jeux, et pas seulement aux genres de jeu qu’ils aiment, comme ça ils seront capables de parler de n’importe quel jeu plus tard, ils maîtriseront davantage leur sujet. Je pense aussi que c’est très important de se montrer curieux, de suivre ce qui se fait dans l’industrie, de consommer de la presse évidemment pour mieux comprendre les médias et leur fonctionnement.
Pour ce qui est des écoles, il existe tout un tas de formations en communication, et même des formations ciblées spécialement dans le secteur des jeux vidéo. Mais même sans, si vous êtes vraiment passionné, il ne faut pas hésiter à consulter les offres et à postuler, par exemple, il y a le site de l’AFJV qui répertorie toutes les offres de l’industrie du jeu vidéo en France.
Avant la sortie d’un jeu, les services de rédaction s’arrachent des codes et clés de test, la publication d’une review étant une étape majeure dans toute bonne stratégie de communication autour d’un jeu vidéo. En tant que PR Manager, quels médias ont le plus de chance de gagner la confiance d’un développeur ou éditeur ? Quels sont les critères qui comptent pour pouvoir tester un jeu ?
Il est vrai qu’il est crucial d’établir une relation de confiance entre RP et journaliste. On va avoir tendance à travailler en priorité avec les médias sérieux qui postent des tests travaillés, et ce dans un délai raisonnable. Il faut bien sûr généralement bénéficier d’un minimum de visibilité, mais il nous arrive régulièrement d’envoyer également des jeux en test à des médias à l’audience plus modeste mais dont le public correspond peut-être davantage à l’ADN du jeu. Si l’audience d’un média est pertinente, les chiffres deviennent secondaires.
Si un média avec lequel nous n’avons jamais travaillé nous contacte et nous demande un code, on va alors regarder ses anciens tests, son historique et on peut même être amenés à demander à d’autres éditeurs s’ils ont déjà travaillé avec lui, s’ils ont des retours à nous faire à son sujet par exemple.
Chez JSUG.com, on a opté pour un modèle très différent des autres sites, on publie peu d’articles, on est très sélectifs dans le choix des sujets qu’on traite. Dirais-tu que pour un PR Manager, le fait qu’on soit à contre-courant de la tendance du moment, c’est nous mettre des bâtons dans les roues, ou bien avons-nous raison de jouer la carte de la différence ?
D’un point de vue RP, à partir du moment où un média est sérieux dans la rédaction de son test et qu’il le réalise dans un délai raisonnable, on est satisfaits. Je pense que c’est un secteur très concurrentiel et que ça ne peut pas faire de mal que de se différencier. Mais l’important reste avant tout de faire ce que l’on aime, à notre manière. Quand on aime ce qu’on fait et qu’on prend plaisir à le faire, ça se ressent toujours !
10 Responses
Voilà pourquoi vous avez des jeux ^^
Ah que je ne savais même pas, très jolie personne !
On n’a pas mentionné qu’il y allait avoir un nouveau life is strange. Pourtant c’était une info importante ou alors je n’ai pas bien lu ^^
Salut Stephane, eh oui ça marche comme ça, tu fais des demandes de clés aux éditeurs ou agences qui gèrent la communication des studios.
Concernant Life is Strange: Double Exposure, ce n’est pas un jeu de DON’T NOD (créateur de la licence), mais de Deck Nine Studios. Par contre DON’T NOD va sortir Lost Records: Bloom & Rage, un jeu qui surpassera je pense le nouveau Life is Strange 😉
Ah , je n’ai pas fait attention, merci pour l’info !
Un super métier que j’aurais aimé faire s’il avait existé à l’époque de ma vie active !
Bravo et merci pour ce chouette interview🥰🥰😘😘😘
Grave ! Je t’aurais bien vu à la tête d’une agence de RP, j’aurais été ton bras droit, on aurait pu faire une bonne doublette 😉
Interview très intéressante ! Merci Eric et Cassandra ! 😉 Ça nous permet de mieux comprendre comment fonctionne l’industrie du jeu vidéo.
Je me doute bien que pour un média du jeu vidéo c’est important d’avoir des relations saines avec les éditeurs et les studios. Bravo pour votre travail et vive JSUG !
Salut Bruno, oui c’est sûr, des relations saines et un respect mutuel, sans quoi toute collaboration serait impossible. Il nous est arrivé de travailler avec des partenaires avec qui ça s’est mal passé simplement parce que nous avons mal noté un jeu par exemple. Mais globalement tout se passe très bien avec JSUG.
Mince, cet article m’apprend que tu es sérieux Eric XD
Blague mise à part, c’est aussi pour ça qu’on vous aime chez JSUG, car justement ce genre d’interview, j’ai l’impression qu’on en voit peu, au même titre que les dossiers de Pierre Yves par exemple.
Le plus dur est de rester dans ses valeurs une fois que tout s’emballe, ne pas devenir le monstre que nous combattions (Dixit Georges Lucas lui même ^^).
Mais j’ai confiance en vous, bien entourés de professionnels bienveillants et passionnés, vers JSUG et au delà.
Bien sûr j’essaie d’être sérieux parfois 😊
Oui, on essaie de proposer du contenu différent ; c’est vrai que les dossiers nous ont pas mal permis de nous distinguer. Pierre-Yves en écrit beaucoup, auparavant j’en faisais pas mal, il faudrait que je m’y remette.
On va rester dans nos valeurs, promis, juré, craché ! Après toutes ces années à bosser, ça serait con de tout foutre en l’air pour des questions d’ego ou de notoriété. De toute façon on n’est pas comme ça.
Merci pour ton soutien et ta confiance grand fou d’Eteur !