Le 26 novembre 2024 est sorti Neon Blood, premier jeu vidéo de ChaoticBrain Studios dont JSUG.com a suivi le développement avec beaucoup d’enthousiasme. En effet, suite à notre entretien avec les développeurs à la Gamescom, nous étions impatients de mettre la main sur ce petit bijou cyberpunk à la patte graphique peu ordinaire ! Tout le monde au sein de l’équipe espérait un lancement réussi pour ce jeu créé par de vrais passionnés. C’est à moi qu’est revenue la lourde tâche d’en évaluer la qualité, et à l’issue de mon test de Neon Blood sur PS5, il s’avère que le contrat n’est malheureusement pas tout à fait rempli… Plus d’explications dans les lignes ci-dessous, que j’ai écrites avec le cœur bien lourd, objectivité journalistique oblige. Merci à Alex, Dani, Roi et l’éditeur Meridiem Games.
Neon Blood : fils illégitime de Cyberpunk 2077 et ANNO Mutationem ?
L’histoire de Neon Blood se déroule en 2053, dans un univers dévasté par les conflits, les injustices et les conséquences du réchauffement climatique. Dans cette société en ruine, on incarne un inspecteur de police, autrefois d’élite, Alex McCoin, désormais en chute libre puisque totalement accro à une drogue synthétique : le Spark. À l’instar de la ville dystopique de Viridis, McCoin, autrefois reconnu pour ses compétences exceptionnelles, n’est plus que l’ombre de lui-même, en proie à son addiction, à l’usure de ses implants cybernétiques ainsi qu’à des maux de tête et troubles de mémoire à répétition. Quant à Viridis, c’est une mégalopole fragmentée : d’un côté, on y trouve Bright City, refuge des tout-puissants, et de l’autre, Blind City, zone où sont « entassés » les laissés-pour-compte.
Tandis qu’Alex McCoin, toujours en activité, sombre dans la déchéance et que les critiques acerbes de ses collègues ne manquent jamais de lui rappeler sa chute, ce dernier est contraint de mener une enquête qui concerne une série de meurtres sanglants dont les cibles sont toutes des ingénieurs de la société d’implants cybernétiques NilkCorp. Cette enquête va propulser notre héros dans une spirale d’événements complexes, enchevêtrés dans des conspirations qui vont bouleverser l’avenir de Viridis et de ses habitants… Et bien entendu, l’inspecteur croisera sur sa route de nombreux ennemis, mais aussi des alliés… Jeu vidéo néo-noir, Neon Blood semble puiser dans d’autres titres vidéoludiques tels que Cyberpunk 2077 et ANNO: Mutationem pour développer son intrigue. Pour les non initiés, celle-ci réservera peut-être son lot de surprises inattendues ! Mais l’histoire de Neon Blood paraîtra, je pense, quelque peu prévisible pour les joueurs plus avertis ou expérimentés…
LE SAVIEZ-VOUS ?
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Une direction artistique pixelisée bluffante, sauf que…
Avant de me lancer dans ce test de Neon Blood, je savais déjà que le jeu me plairait de par son ambiance visuelle. En effet, la direction artistique inédite du jeu est la raison pour laquelle Neon Blood a attiré la curiosité de JSUG à la Gamescom. Les décors en 3D du jeu, assez photoréalistes, sont époustouflants, et mêlent habilement obscurité et couleurs vives, les dernières étant sublimées par des jeux de lumière néon. En outre, le contraste entre les décors et les personnages modélisés dans le style pixel art donne un caché unique au jeu. J’ai particulièrement apprécié l’esthétique des personnages (bien que celle-ci manque parfois de finesse en raison de pixels un peu trop gros), sans compter que les animations de ces derniers sont une franche réussite. Visuellement parlant, je soupçonne ChaoticBrain Studios de s’être une nouvelle fois inspiré d’ANNO: Mutationem, mais sans le côté peinture pixel-par-pixel, sans oublier d’autres œuvres cultes telles que Blade Runner.
Malheureusement, malgré la richesse des décors et la beauté de l’image, Neon Blood ne parvient pas à être immersif, la faute à une ambiance sonore quasi-inexistante. En effet, si l’on met de côté les musiques d’accompagnement très minimalistes du jeu (de type synthwave/rétro-électro) produites par Wildcat Records, il n’y a quasiment aucun son qui parvient à nos oreilles (à l’exception peut-être des bruits de la foule dans l’acte qui se déroule dans un bar clandestin). J’ai profondément regretté que les rues de Blind City ne soient pas plus bruyantes, qu’il n’y ait pas de brouhaha dans les lieux chargés de vie, que l’on n’entende même pas les bruits de pas de notre inspecteur résonnant dans les égouts alors qu’il était à la recherche d’une réponse à ses questions existentielles… Quant aux bruitages et effets sonores des combats, ces derniers sont insuffisants pour nous plonger dans l’action. Les combats, justement, parlons-en dans la partie réservée au gameplay…
Un gameplay trop sommaire, même pour un jeu indé
Malheureusement, ce test de Neon Blood s’est également avéré assez décevant du fait d’un gameplay que je qualifierais de bien trop « basique ». Mais alors, qu’est-ce qui cloche ? Eh bien, plusieurs choses. D’une part, le jeu repose en grande partie sur l’enquête menée par McCoin (à ne pas confondre avec les frites surgelées McCain). En compagnie de notre héros, nous explorons différents environnements, analysons des scènes de crime, et interagissons avec des PNJ… À tout cela s’ajoutent quelques énigmes à résoudre, mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces dernières n’apportent pas grand-chose à l’expérience car elles sont sans la moindre difficulté. Il en va de même pour l’exploration, qui ne contribue pas à l’enrichissement du lore, bien que des petits clins d’œil de-ci de-là égayent notre aventure. C’est dommage, car le jeu avait le potentiel de faire bien mieux.
Durant son enquête, Axel McCoin est amené à se battre. Les combats, à priori inspirés du tour par tour de Final Fantasy VII (le jeu originel, pas le Remake ou le Rebirth), sont sans véritable intérêt. En effet, d’une part, ceux-ci manquent de logique, à tel point que l’issue des affrontements semble totalement dictée par le hasard. Et d’une autre, à l’exception des commandes basiques que sont « Attaquer » et « Défendre », les armes spéciales mises à notre disposition ne nous aident pas à infliger plus de dégâts, ou à moins en subir (grenade fumigène, tir en pleine tête, et j’en passe). En bref, j’ai trouvé les combats simplistes, inintéressants, et sans le moindre enjeu. Quand bien même les duels contre les boss se concluent par de courts QTE, ces séquences donnent l’impression d’exister uniquement pour garder le joueur éveillé face à la monotonie des combats. Monotonie est, je pense, le mot exact pour qualifier Neon Blood, qui manque cruellement de dynamisme, si bien que les 5 heures qu’il m’a fallu pour terminer le jeu m’ont semblé bien longues…
Test de Neon Blood : douche froide à Viridis ?
Face à ce constat, j’aurais tendance à dire qu’en fin de compte, Neon Blood aurait sans doute gagné à bénéficier d’un recentrage complet sur l’enquête menée par le personnage principal ; cela aurait permis de davantage développé la narration, laquelle s’appuie tout de même sur une atmosphère captivante et pleine de potentiel. Je tiens à préciser que le travail abattu par ChaoticBrain Studios en l’espace de trois ans demeure monstrueux, mais peut-être aurait-il été sage de poursuivre le développement du jeu une année de plus, afin de pallier les manques existants ? J’en prends pour exemple la mauvaise localisation du jeu en français, alors même que nous avons glissé des conseils utiles aux développeurs, et leur avons proposé gratuitement notre aide, Pierre-Yves étant désormais un mec très influent ! Pour tout vous dire, les répliques françaises du jeu m’ont tellement rebuté que j’ai fini par switcher vers la version anglaise, laquelle est heureusement bien plus qualitative.
En conclusion, ce test de Neon Blood a été pour moi une véritable déception. Malgré l’esthétique réussie et captivante du jeu, je n’ai jamais été emballé par le récit, et me suis finalement beaucoup ennuyé, y compris lors des combats qui sont dénués de peps. On sent à certaines maladresses que ChaoticBrain Studios manque d’expérience, malgré une franche volonté de bien faire. Mais tout n’est pas à jeter dans Neon Blood, bien au contraire, et malgré mes remarques négatives, je souhaite à nos trois amis espagnols de réussir à se faire un nom au sein de cette industrie vidéoludique ô combien exigeante…
La note de la rédaction
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Gameplay - 3/10
3/10
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Durée de vie - 8/10
8/10
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Graphismes - 9/10
9/10
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Scénario - 5/10
5/10
Les plus et les moins
✔︎ Des visuels vraiment époustouflants !
✔︎ Les éclairages néon, ça déchire !
✔︎ Les clins d'œil cachés un peu partout.
✘ Les déplacements du personnage...
✘ Des combats mous et ennuyeux.
✘ L'absence d'interface HUD.
✘ L'ambiance sonore inexistante.
3 Responses
Au moins ton test est honnête. J’aime bien les ambiance néon, c’est un côté rétro que j’aime, les couleurs fluos jaune, mauve et rose. Maintenant s’il est facilement platinable(je viens d’inventer un mot, je crois ^^). Grâce à ça , il peut avoir du succès, étant donné que les joueurs regardent à cela pour acheter un jeu de nos jours.
C’est souvent qu’ils n’écoutent pas ce qu’on leur dit, c’est parce que c’est leur jeu. Ceux qui font les jeux ne veulent pas comprendre qu’ils ont leur nez dans leur travail et qu’il faut un oeil extérieur qui vienne apporter ce qu’on ressent du jeu et travailler sur les critiques qu’on peut apporter, voir des idées mais cela ne les intéressent pas. Surtout qu’il y a des joueurs seniors en masse, qui ont plus de 30 à 40 ans de jeux vidéo dans les mains.
C’est dommage parce que la DA a l’air ouf ! Même si tous les jeux indé ne le font pas, tu te rends compte que ça peut être intéressant pour les dévs ne proposer aux journalistes (comme vous, pas les vendus) de faire une preview de leur jeu, comme ça ils peuvent rectifier le coche avant la sortie définitive…
C’est dommage de sortir un premier jeu comme celui là, dans le sens où il est moyen… Ça va être d’autant plus compliqué par la suite, mais on leur souhaite bon courage aux ptits espagnols !
La DA a l’air juste incroyable et c’est ce qui m’attirait vers ce jeu. Mais ton test fait l’effet d’une douche froide, car les graphismes et les couleurs ne suffisent pas, hélas. Sachant que le genre cyberpunk se doit d’être très immersif et ambiant, c’est vraiment dommage…