Dans ce test de Ghost of Yōtei, cap sur 1603, au nord du Japon : Sucker Punch délaisse Tsushima pour l’Ezo (Hokkaidō) et plante son récit au pied du mont Yōtei (d’où ce titre qui annonce la couleur). Sorti le 02 octobre 2025 et exclusif à la PS5, le jeu nous a été confié en code presse par PlayStation France. Je l’ai parcouru de fond en comble sur PS5 Pro, en VO japonaise, pour juger au plus juste sa mise en scène et son sound design. Un mois de recul plus tard, l’enjeu dépasse la simple « copie technique », laquelle est somptueuse, soit dit en passant. Ce qui m’intéresse ici, c’est de mesurer en quoi Ghost of Yōtei prolonge (ou non) l’héritage de Ghost of Tsushima : narration, rythme et variété de l’open world, système de combat… tout y passe, ou presque… Alors, itération parfaitement maîtrisée ou véritable évolution de la « voie du Fantôme » ? Réponse claire et tranchante dans cet article.
Au pied du Yōtei, la neige recouvre la vengeance…
Cinq ans après le raz-de-marée Ghost of Tsushima, Sucker Punch délaisse l’île éponyme pour les terres rudes d’Ezo et signe une suite autonome au souffle plus âpre. On y incarne Atsu, onna-musha marquée au fer par le massacre des siens, qui consacre désormais son existence à la traque des « Six de Yōtei ». Le canevas de la vengeance est, certes, des plus classiques et Ghost of Yōtei ne s’imposera pas par l’originalité de son intrigue — passe-partout au fond —, mais le jeu compense par la tenue de sa mise en scène réussie, l’aura de son héroïne froide mais charismatique, et une direction artistique de toute beauté qui, ensemble, donnent du relief à un récit somme toute attendu.

Il est vrai que le postulat de vengeance n’invente rien, mais celui-ci gagne en épaisseur grâce à un casting convaincant, une VO japonaise ciselée et une mise en scène qui alterne tableaux contemplatifs et duels au cordeau. Là où Tsushima racontait la naissance d’un symbole (Jin, le fameux « Fantôme »), Yōtei choisit le récit intime d’une combattante qui se reconstruit à mesure qu’elle démêle — et surmonte —, son passé. Si l’on ne ressort pas foudroyé comme la première fois, on demeure captivé par la constance de l’exécution et l’angle plus personnel que Sucker Punch a adopté pour suivre sa « jeune louve solitaire ».
Direction artistique : entre estampes de glace et vent de soie
Techniquement, la montée en gamme est palpable sur PS5 Pro. Il faut dire que Ghost of Yōtei est un jeu tout bonnement somptueux ! Sucker Punch n’a pas renié sa grammaire : couchers de soleil qui embrasent la poudreuse, météo dynamique qui change la lecture des reliefs, villages lacustres qui sont battus par les vents, etc. La DA capitalise sur les contrastes (toundras, marécages, forêts de bambous) et propose des tableaux à couper le souffle, dignes d’« estampes animées ». Bien sûr, les panoramas et la météo dynamique renforcent l’immersion, mais on retrouve également cette photographie « ciné-samouraï » si chère au studio, avec un grain plus mordant et des lumières plus naturelles, cela dit.

Les cinématiques solidifient ce réalisme : VO japonaise impeccable, cadrages resserrés, gestes économes, et un art du non-dit qui laisse la musique respirer. À tout cela s’ajoute l’exploitation soignée des retours haptiques et du micro de la DualSense : on incline la manette pour allumer un feu, on ranime les braises d’un souffle, on fait griller un poisson ou quelques champignons, on pince les cordes du shamisen, on trace des sumi-e d’une simple pression du doigt. Autant de rituels sensoriels qui épaississent l’immersion sans jamais rompre le fil du récit. Je tiens à féliciter Sucker Punch pour cette belle proposition !
Gameplay de Ghost of Yōtei : même dojo, mais lame neuve !
Dans ce test de Ghost of Yōtei, parlons maintenant des mécaniques de jeu. Ghost of Yōtei suit une philosophie claire : resserrer le core gameplay de la franchise, tout en élargissant les options ! Les combats, par exemple, reprennent le triptyque lecture/esquive/parade, mais s’enrichissent d’une panoplie qui change la musique : le katana double, la yari (lance), l’ōdachi (lame lourde), et la kusarigama (faucille à chaîne) imposent un tempo différent. En duel, le jeu brille toujours : face-à-face scriptés où la moindre faute coûte cher, rythmes de feintes et « clacs » de parades ponctuent toujours aussi efficacement les affrontements !

En contrepartie, l’interface s’est densifiée : malgré la disparition des postures, jongler dans le HUD entre les armes, les objets à lancer et les gadgets peut devenir délicat en pleine mêlée, surtout face à des IA qui enchaînent les assauts. Ce n’est pas rédhibitoire, car on finit par sculpter sa routine, mais l’ergonomie des combats vous demande beaucoup de discipline. Côté « vie quotidienne », Sucker Punch assume l’ADN bac à sable de Ghost of Yōtei : on pêche du poisson, on défriche des bambous, on cuisine au feu de camp, on tue et dépèce des ours, et bien entendu on part au secours des nombreux habitants d’Ezo dans le besoin, en veillant à détruire les camps des « Six de Yōtei » qui se dressent sur notre route. Des à-côtés simples, mais qui épaississent le rôle d’Atsu, c’est peu de le dire.
Ezo au format XXL et une durée de vie conséquente
Évidemment, pendant mon test de Ghost of Yōtei, j’ai retrouvé tous les classiques : les autels de réflexion, les bambous d’entraînement, les ascensions de sanctuaire, les sources chaudes, etc. Mais Ezo ne se contente pas d’un simple copier-coller… Une salve d’activités inédites vient épaissir la boucle de jeu, et allonger la durée de vie, telles que les contrats de primes, les tanières de loups à débusquer, les casse-têtes qui exploitent reliefs, vent et verticalité. Oui, certaines tâches secondaires recyclent des archétypes connus, mais elles se renouvellent assez par leur mise en scène, leurs micro-règles et leurs contextes pour éviter l’effet « liste de cases à cocher ». Résultat : Ezo résiste bien à l’usure, dans le sens où l’on se surprend souvent à viser un dernier promontoire avant d’éteindre la console.

Au sujet de la map, elle est immense, plus fragmentée que celle du premier opus, mais surtout mieux remplie. En délaissant la ligne droite, comptez facilement 60 heures pour libérer les camps, honorer les sanctuaires, compléter les légendes locales et écumer les détours les plus inspirés. D’ailleurs, la formule a encore de la réserve puisque l’excellent mode Legends signe son retour en 2026, offrant un nouvel horizon en coopération à des combats déjà généreux en termes de sensations ! Ça promet de belles soirées gaming !
En bref, Ghost of Yōtei ne révolutionne pas l’héritage de Ghost of Tsushima, et il marque moins par l’effet de découverte… Mais il améliore patiemment sa formule : combats plus ciselés, direction artistique splendide, VO japonaise impeccable, missions secondaires mieux pensées, qualité technique exemplaire, etc. Certes le récit de vengeance demeure très passe-partout, et pourtant, le portrait d’une guerrière « peu féminisée » apporte une nuance assez rare et respectueuse. Résultat : un excellent jeu d’action-aventure sur PS5, plus maîtrisé que disruptif, qui fait briller la voie du sabre sans jamais renier ses racines. Les plus et les moins ✔️ Des combats plus ciselés et un arsenal étoffé ! ✖️ Un scénario assez passe-partout et peu surprenant.La note de la rédaction
✔️ Une direction artistique simplement somptueuse !
✔️ Une VO japonaise et des cinématiques impeccables.
✔️ Un open world plus dense avec de nouvelles activités.
✔️ Une technique infaillible sur PS5 comme sur PS5 Pro.
✔️ La très belle intégration de la manette DualSense !
✖️ La lisibilité perfectible du HUD lors des combats...
✖️ Pas de vraie révolution de la formule « Fantôme ».









