En deux mots : un bijou. J’ai eu un véritable coup de foudre pour ce jeu que j’attendais depuis de longs mois : ça a commencé dès la réception de la clé (et je remercie mille fois les développeurs pour leur confiance), avec une adorable lettre qui raconte la genèse de Knights and Bikes, inspiré directement de l’enfance des auteurs. Ça a continué avec ce générique de rock endiablé, ces deux gamines qui filent à toute allure sur leurs vélos comme si elles volaient, ces graphismes à la main qui donnent une ambiance formidable à l’ensemble. Et ça s’est confirmé tout au long de l’aventure, à mesure que je développais un attachement fou pour Demelza, pour son île, pour son imagination et pour ses rêves d’enfant. Inutile de dire que j’étais très émue en le terminant, et c’est avec la même émotion que je vais te présenter ce titre, ce test de Knights and Bikes un peu moins formel que d’habitude.
Un test de Knights and Bikes pas comme les autres…
Je n’ai aucune envie de le décortiquer, d’analyser le gameplay, la fluidité, la narration ou le game design, parce que j’aurais l’impression de le disséquer et de lui faire perdre son essence profonde. Ce qui transpire de chaque petit détail de Knights and Bikes, c’est la passion des développeurs et leur envie de nous emmener dans leur univers, de nous prendre par la main et de nous raconter un bout de leur vie. Il y a énormément d’amour dans ce titre, une grande sensibilité dans son écriture et une merveilleuse ode à l’enfance dans son histoire. C’est de ça que j’ai envie de te parler, c’est cet esprit-là que je veux mettre en avant et honorer aujourd’hui. (Okay, j’ai beau dire, c’est quand même un test de Knights and Bikes que je suis censée te proposer aujourd’hui, je te donne donc quand même quelques informations techniques : il est développé par Foam Sword Games et édité par Double Fine Production, il est sorti le 27 août sur PC, Mac et PS4, il n’est pour l’instant disponible qu’en anglais.)
Les femmes à l’honneur dans Knights and Bikes
Les stars de ce jeu, ce sont Demelza et Nessa, deux jeunes filles que tu pourras contrôler seul ou à deux. D’un côté, Demelza, la rouquine un peu timbrée, la gamine qui se construit sans sa mère et avec un père un peu dépassé par les événements, qui gère sa solitude en se plongeant dans un imaginaire foisonnant, qui fait des bruits d’avion quand elle court, qui bouge ses couettes dans tous les sens quand elle est enthousiaste, qui passe des larmes au rire en une seconde, qui se fait gronder parce qu’elle dessine des vers de terre sur la tombe de sa maman pour qu’ils lui tiennent compagnie, qui est persuadée que le trésor des anciens chevaliers existe bel et bien, qui doit gérer des situations extrêmement dures, mais affronte tout avec courage, qui n’a pas confiance en elle, mais garde un optimisme inébranlable. De l’autre, Nessa, plus âgée que Demelza, la brune mystérieuse et très indépendante qui arrive sur l’île de manière clandestine, la nana qui n’a pas froid aux yeux, qui s’émancipe de toutes les règles et qui trace sa route, qui s’entiche sans vraiment le vouloir de Demelza et se surprend à l’aider, qui lui sert de modèle et découvre avec elle l’entraide et la loyauté.
En ce sens, Knights and Bikes envoie un fort message féministe, tout en simplicité : on y voit deux demoiselles qui surmontent les obstacles sans aide masculine, et qui lancent de temps à autre des questions ou des réflexions innocentes (notamment sur la légende des chevaliers, quand Demelza demande pourquoi on n’entend parler que des hommes chevaliers) sans que le jeu ait besoin de marteler les esprits de slogans vindicatifs ou de revendiquer quoi que ce soit avec agressivité. Tout est fait par petites touches et en douceur, et j’ai apprécié autant le contenu que la façon de le présenter.
Les aventures du quotidien
C’est bien simple, ce jeu te donnera envie de tout plaquer, d’enfourcher ton vélo et d’aller construire des cabanes dans les arbres et pourfendre des dragons imaginaires. Knights and Bikes, c’est une bouffée d’air frais, c’est même le vent des Cornouailles qui te hurle aux oreilles pendant que tu dévales la pente avec « I wanna ride my bike » à fond dans ton casque (le générique de début de ce jeu est beaucoup trop bien). Les fantasmes de Demelza s’incarnent dans chaque recoin de l’île, et les décors à priori déprimants (petit village sur le déclin, décharges, vieux terrains de jeux abandonnés) se transforment en lieux féeriques, en châteaux majestueux et en irrésistibles passages secrets (trop d’amour dans ce test de Knights and Bikes, décidément !). D’un point de vue graphique, cette double vision est gérée avec beaucoup de talent, en superposant des dessins à la craie sur les images de base.
Les mécaniques de jeu sont également pensées pour accentuer ce sentiment d’aventure à base de bouts de ficelle. Tous les items que tu récoltes (et qui débloquent de nouveaux pouvoirs ou de nouvelles capacités) sont des objets du quotidien présentés comme des équipements rares et épiques. À commencer par les fantastiques bottes de pluie, qui te permettent de sauter dans les flaques et d’asperger tes ennemis (mais il y a aussi les redoutables bombes à eau, les pansements magiques, et toute une panoplie d’inventions que je te laisse découvrir). Nessa et Demelza ont chacune leurs spécialités, ce qui permet de chouettes parties en multijoueur et invite vraiment à la collaboration dans les phases de puzzle (pour le coup, c’est peut-être le petit défaut du mode solo : l’IA risque de résoudre certaines énigmes à ta place si elle est en possession des outils nécessaires. Après, ça n’a pas de gros impact sur l’expérience de jeu, à mon avis).
Un univers-cocon difficile à quitter
Au-delà de l’histoire et des personnages, le monde créé par Rex et Moo est aussi attachant que captivant. Comme ils l’expliquent dans leur lettre, ce jeu vient d’une fusion entre les souvenirs de Rex, qui voulait recréer son enfance dans une ferme des Cornouailles et a réutilisé beaucoup de lieux qu’il avait explorés à l’époque, en y distillant le folklore local, mais aussi les difficultés financières, et ceux de Moo, qui cherchait à retrouver cette sensation des après-midis passés à jouer entre amis sur son sofa.
Concrètement, ce doux mélange d’enfance des années 80, de légendes et de jeux se traduit par un village qui fourmille de recoins, d’interactions à déclencher, de défis à relever. On y croise des chevaliers qui mangent de la pizza, on se lie d’amitié avec une oie qui nous suit partout, on ramasse des pin’s et des vieux porte-clés qui servent de monnaie pour acheter de nouvelles décorations pour nos vélos, on marche sur les traces des anciens Celtes et de leur mystérieux trésor, et on devine à chaque coin de rue la misère, les bâtiments qui tombent en ruine, les commerces qui ferment, les choix douloureux du monde barbare des grandes personnes. Pendant que Demelza soulève des montagnes pour sauver le village d’une horrible malédiction, son père lutte contre la pauvreté, et ces deux tableaux superposés fonctionnent merveilleusement bien, on se prend à espérer que les fantaisies des deux jeunes filles sauveront tout le monde de la faillite. Bref, on oscille sans arrêt entre attendrissement, inquiétude, pragmatisme et plaisir candide, et on redoute le moment où il faudra dire au revoir à l’île de Penfurzy.
Ce n’était pas vraiment un test de Knights and Bikes, on se rapproche plus de la déclaration d’amour, mais je crois que Foam Sword mérite cette avalanche de subjectivité. Ce jeu est à l’image de Demelza : un côté chiot fou, une explosion de couleurs, un humour omniprésent et un doux grain de folie. La dynamique d’amitié qui se développe entre Demelza et Nessa est très belle, l’histoire est terriblement touchante, on aborde des sujets sombres avec la douceur et la candeur de l’enfance, et pour ne rien gâcher, les graphismes sont fantastiques avec des animaux, des paysages et des personnages bourrés de charme. Là où ce titre m’a le plus marquée, c’est dans les jours qui ont suivi, quand j’ai réalisé que j’étais nostalgique de cette ambiance, que Demelza me manquait et que j’avais envie de refaire l’histoire juste pour prolonger le plaisir. C’est probablement lié au fait que ça tape dans plusieurs de mes cordes sensibles (les îles Britanniques, les belles histoires d’amitié, le rock, l’humour un peu absurde, le folklore celtique, le catalogue de Double Fine), mais le travail gigantesque, soigné et unique des développeurs me semble indéniable. Je n’en dis pas plus pour te laisser un minimum de surprises, j’espère donc que tu lui laisseras sa chance et que tu t’éclateras autant que moi !
La note de la rédaction
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Graphismes - 10/10
10/10
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Gameplay - 9/10
9/10
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Scénario - 9.5/10
9.5/10
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Durée de vie - 9/10
9/10
Les plus et les moins
✔︎ J'ai envie d'adopter Demelza.
✔︎ Et de chanter à tue-tête le générique.
✔︎ Et de donner à manger à son oie.
✔︎ Et de faire éclater des bombes à eau.
✔︎ Et de customiser mon vélo.
✔︎ Et de trouver ce fichu trésor !
✘ Je dois vraiment chercher des points négatifs ?
✘ Okay, peut-être que certains éléments de scénario sont devinables.
✘ Et le gameplay n'est pas parfait dans les combats.
✘ Mais concrètement, on s'en fout un peu.
✘ Donc, y a pas vraiment de point négatif.
✘ Ah si : Penfurzy me manque, damn !
15 Responses
Ah mais on peut le faire en solo ? Bon, eh bien direct dans la liste alors.
Sinon, bravo pour ce « test ». Ça donne vraiment, vraiment envie de découvrir le jeu. Et on ressent bien à lecture tout l’amour que le jeu t’a procuré.
Eh oui, j’ai bien pensé à toi !
Mille mercis Gilles, on en a déjà discuté mais ce test me tenait vraiment à coeur 🙂 J’espère vraiment que le jeu te plaira !
Merci Coline pour ces infos. Ça donne envie et j’adore le graphisme. Bisouxxx de Mamijo
Il a des arguments pour te plaire ! En tout cas le scénario est tout doux 🙂 Des bises, merci à toi !
Le titre me dit quelque chose, je l’ai vu sur jvc. C’est quoi le but du jeu, on doit trouver un trésor? quand je regarde le trailer, c’est plein de petites missions différentes ?
C’est dérangeant qu’il soit en anglais, cela raconte beaucoup de chose en anglais? ou ce sont des mots par-ci par-là ? son prix ?
C’est surtout un jeu narratif, il n’y a pas vraiment de but (mais, oui effectivement les deux héroïnes cherchent un ancien trésor celte).. Mais du coup oui, l’anglais est assez présent, vu que toute l’histoire passe par les dialogues !
Pour le prix malheureusement je n’ai que les prix suisses sur Steam, je dirais qu’il tourne autour des 15 €.
Ce n’est pas grave si tu n’as que des petits suisses, moi j’aime bien….et tu crois que tu feras le test de concrete geni ?
Je suis en train de télécharger le jeu sur ma PS4 ?. Merci Coline pour ce test magnifique je sens que grâce à toi je m’apprête à découvrir une pépite. J’ai direct accroché au trailer ! Bref je suis bien content d’être un lecteur de JSUG. Et puis ton test est rédigé avec un tel amour… Franchement y a que sur JSUG que je vois ça.
Oh mais génial !! Je veux ton retour quand tu l’auras fait ! 🙂
Et merciiii, j’ai mis beaucoup de temps à le rédiger pour le soigner au max, donc trop ravie que le résultat te plaise 🙂
Les graphismes sont étonnants, et j’adore! Je suis surprise par ton intro, je n’aurais pas cru que les développeurs et créateurs de jeux vidéos pouvaient dévoiler leur création de façon si intime (par rapport à la lettre expliquant la genèse du jeu). Je suis agréablement surprise.
Je te rejoins, j’ai tout de suite adhéré aux graphismes aussi ! Et effectivement, ça arrive que les développeurs indé parlent des coulisses, mais là c’est spécialement touchant et bien amené je trouve. 🙂
A priori, je ne sais pas si je pourrais adhérer aux graphismes, mais l’amour que tu voues au jeu est très communicatif. Merci pour ton test !
Ils sont peut-être un peu clivants, c’est vrai 🙂 Mais vraiment en accord avec l’ambiance du jeu… Merci à toi pour ce retour !
Quel test !
Du couch coop ça fait plaisir, je vais garder ce jeu dans ma liste des choses à faire !
Encore un thème difficile abordé de façon enfantine, ça fait du bien de montrer que les enfants ne vivent pas forcément les choses aussi mal que les adultes.
Oh merci !! Ah trop chouette que ça t’ait donné envie.
C’est vrai, et en même temps on voit aussi bien qu’ils comprennent bien plus de choses que ce que les parents veulent bien croire 🙂