Diffusé pour la première fois en 1999, Angel — spin‑off longtemps éclipsé par Buffy contre les vampires —, a connu chez nous une programmation tardive et bien souvent chaotique. Vingt‑six ans plus tard, j’ai enfin cédé au binge‑watching de cette création signée Joss Whedon et David Greenwalt, et force est de constater que ses cinq saisons, taillées pour le streaming avant l’heure, n’ont rien perdu de leur mordant. En 2025, la série agit comme un miroir noir d’une lucidité saisissante : elle dissèque la culpabilité, la quête de rédemption, les excès d’un capitalisme carnassier et toutes ces zones grises où se décident nos choix moraux. Vous hésitez encore à vous (re)plonger dans la nuit d’un vampire doté d’une âme ? Dans ce cas, voici vingt arguments implacables qui vous aideront à vous décider une bonne fois pour toutes ! Veuillez vous installer confortablement, tamisez les lumières, et sortez le pop‑corn : Los Angeles vous ouvre ses artères scintillantes… et sa part d’ombre.
Pourquoi (re)plonger dans l’univers de la série Angel en 2025 ?
Avant de passer aux vingt raisons en détail, rappelons ce qui fait la singularité d’Angel : un regard sans complaisance sur le bien et le mal, des héros imparfaits confrontés à leurs propres démons et une vision de Los Angeles comme terrain de jeu cynique et lumineux à la fois. Plus qu’un simple spin‑off de Buffy, la série explore les dilemmes moraux et les sacrifices personnels avec une profondeur qui résonne encore vingt‑cinq ans après son lancement. Au fait, je préfère vous prévenir tout de suite : cet article est truffé de spoilers !
1. Un ton résolument plus sombre et mature
Si Buffy abordait déjà les affres de l’adolescence, Angel se tourne vers l’âge adulte et ses zones d’ombre. Ici, la question n’est plus « Peut‑on vaincre le mal ? » mais « Que reste‑t‑il à sauver quand on a déjà tout perdu ? ». Le héros, un vampire pluriséculaire accablé par le poids de ses nombreux péchés, côtoie des inspecteurs de police fauchés, des marginaux et des démons repentis, à peu près tous en quête de sens. L’atmosphère de la série, faite de ruelles humides et de halls crasseux, nous rappelle que les lumières artificielles de L.A. ne dissipent jamais véritablement la nuit intérieure qui se cache en nous…
La série aborde sans détour des thèmes très adultes comme les violences conjugales, la corruption systémique ou tout simplement le poids des responsabilités de chacun. Et même quand les héros gagnent, ils y laissent souvent des plumes : un amour anéanti, un ami disparu, une conscience à jamais tourmentée… Contrairement à Buffy, dans Angel, il n’y a jamais de happy ending. Le danger rôde toujours, et peut surgir à tout moment.
2. Los Angeles, personnage à part entière
Contrairement à Sunnydale, bourgade fictive bâtie sur une Bouche de l’Enfer, Angel choisit une métropole bien réelle : Los Angeles. Mais dans la série, la Cité des Anges n’est pas un simple décor ; c’est un protagoniste à part entière, cynique, tentateur et dévoreur d’âmes. Ses néons, ses coulisses hollywoodiennes et ses ruelles lézardées reflètent le glamour et la décadence. Dans Angel, chaque quartier de L.A. est habité pas des monstres et autres horribles créatures qui se confondent habilement avec les plus ambitieux des humains.
La série interroge ainsi le mythe du rêve américain : à Los Angeles, il est préférable de devenir son propre agent que de se faire avaler par la machine…. En 2025, l’obsession des réseaux sociaux pour la réussite rend cette lecture encore plus pertinente ! La topographie mouvante de la ville sert en quelque sorte de labyrinthe émotionnel piégeant personnages et spectateurs dans une quête de sens (sans GPS, s’il vous plaît).
3. Un parcours de rédemption sans concession
Angel n’est pas le vampire romantique figé que l’on voit dans Buffy. Sa propre série l’oblige à agir, souvent au prix d’erreurs tragiques. Son arc de rédemption montre que le salut est un marathon épuisant, rythmé par des rechutes et compromissions. Qu’il sacrifie son âme pour infiltrer l’ennemi ou qu’il prenne la tête du cabinet qu’il combattait autrefois, chacune de ses décisions peut engendrer un mal encore plus grand. Aussi, la série refuse la morale simpliste : un acte héroïque ne garantit pas le répit.
En 2025, cette leçon résonne d’autant plus que l’engagement citoyen flirte souvent avec le burnout militant : transformer le monde se joue dans les actes quotidiens, pas dans un hashtag éphémère. Angel nous rappelle que l’identité se construit par l’action et que nous restons, malgré tout, les artisans d’un avenir imparfait mais perfectible.
4. Des arcs feuilletonnants avant l’heure du streaming
Dès ses premiers épisodes, Angel s’affranchit du format « Monster of the Week » pour développer une intrigue résolument « feuilletonnante » (je vais déposer un brevet pour ce mot que je viens d’inventer). Chaque saison se construit comme un thriller continu où les actions d’un épisode se paient plusieurs chapitres plus tard. Wolfram & Hart, la prophétie de Shanshu, la naissance de Connor, l’apocalypse, sont autant de fils rouges tissés dans un canevas qui récompense constamment la fidélité et la loyauté du spectateur !
En outre, revoir la série en 2025, c’est savourer le binge‑watching moderne : aucun arc ne laisse souffler et les cliffhangers appellent aussitôt la suite ! Cette continuité influencera plus tard des séries comme The Blacklist ou Daredevil. Par ailleurs, chaque revisionnage révèle des détails et des symboles insoupçonnés, et c’est bien pour cela que ce fut pour moi un véritable plaisir de regarder Angel dans son intégralité !
5. Wolfram & Hart, la satire ultime du monde corporate
Bien plus qu’un cabinet d’avocats démoniaques, Wolfram & Hart est une satire mordante du capitalisme dévastateur. Les associés qui dirigent cette boîte sacrifient des stagiaires, les contrats sont signés avec du sang et les ascenseurs du building mènent… eh bien, au Néant. Loin du joli lycée de Sunnydale, Angel, série indubitablement visionnaire, traite de la recherche d’emploi, de la compétition en interne et du harcèlement moral sous un prisme surnaturel mais terriblement pertinent pour l’employé de 2025.
Par ailleurs, dans la saison 5, quand le héros accepte de diriger le cabinet pour tenter de le réformer de l’intérieur, la série pose une question cruciale : peut‑on changer une institution pourrie jusqu’à la moëlle sans s’y perdre ? Les open spaces vitrés et ces réunions où l’on évoque les pertes humaines comme s’il s’agissait d’un indicateur clé de performance illustrent la folie institutionnelle d’un endroit qui, pourtant, ferait rêver plus d’un.
6. Illyria, la déesse déchue qui redéfinit l’humanité
Arrivée à la fin de la saison 5, Illyria est l’un des ajouts les plus audacieux du « Buffyverse ». Ancienne divinité réveillée dans le corps fragile de Fred, elle marie tragédie humaine et mythologie lovecraftienne. Son langage archaïque, son immense mépris des mortels et son incompréhension des émotions rendent chacune de ses scènes époustouflantes.
Peu à peu, Illyria finit par comprendre que la faiblesse peut avoir du sens, ce qui nous fait pleinement réfléchir à la mort, au deuil et à la reconstruction de soi. Et puis avec ses pouvoirs exceptionnels — arrêter le temps, lancer des ondes de choc, ouvrir des portails vers d’autres dimensions —, ce personnage offre des scènes visuellement marquantes, y compris en 2025, à l’heure où l’on débat de transhumanisme et d’IA…
7. Lilah Morgan et Lindsey McDonald, miroirs corrompus de nos ambitions
Lilah Morgan et Lindsey McDonald incarnent l’ambiguïté morale la plus fascinante de la série. Ces deux avocats ne sont ni des démons, ni de simples exécutants… En effet, ce sont des carriéristes qui sont prêts à pactiser avec le diable ! Mais sous leur cynisme se cache une vulnérabilité assez désarmante : un amour refoulé pour Wesley chez Lilah, un désir de salut chez Lindsey. Dans Angel, même les méchants ont leur part d’humanité.
Portés par des acteurs magistraux, ces deux antagonistes montrent qu’on peut rester poignamment humain sans pour autant être totalement absous. Vingt-cinq ans en arrière, ils annonçaient déjà les anti-héros charismatiques de Succession ou Better Call Saul. Leur trajectoire pose une question limpide : à quoi sert un CV irréprochable si l’on doit sacrifier son âme ? Dès lors, chaque face-à-face avec Angel finit par se transformer en véritable partie de poker morale, où la mise n’est rien de moins que la conscience de chacun.
8. Des combats spectaculaires et un héros façon Batman
Surnommé « le Batman du Buffyverse », Angel n’usurpe pas son titre. Les scènes d’action, filmées de nuit sous les néons de Los Angeles, rappellent immédiatement le Chevalier Noir : chorégraphies précises, impacts lourds et décors verticaux où l’on saute d’un toit à l’autre et l’on se bat dans l’étroitesse d’une cage d’escalier. La caméra reste lisible, sans montage épileptique, ce qui donne aux coups portés un réalisme que l’on ne retrouve pas toujours dans les grosses productions de 2025. Et l’utilisation des ralentis est excellente !
Mais la comparaison va bien au‑delà des poings. Angel patrouille la ville après le coucher du soleil, tout comme Bruce Wayne, parce que la lumière le brûle littéralement. Son long manteau noir flotte derrière lui à la façon d’une cape, accentuant sa silhouette de justicier solitaire. Il enquête sur les crimes occultes depuis ses bureaux d’Angel Investigations, rôle de détective privé qui fait écho au « World’s Greatest Detective ». Même sa voiture — un cabriolet noir, la plupart du temps —, est moquée par Spike : « Alors, on prend la Batmobile ? ». Pour finir, les réseaux de tunnels et d’égouts que le héros emprunte pour éviter le soleil rappellent irrémédiablement les passages secrets de la Batcave.
9. Des épisodes conceptuels qui défient les genres
La série Angel est de celles qui adorent surprendre ! L’épisode Smile Time, dans lequel le vampire devient une marionnette, mélange horreur et humour absurde, tandis que Waiting in the Wings emprunte au théâtre classique pour disséquer les jalousies amoureuses. Ces parenthèses ont en quelque sorte préfiguré les épisodes méta d’Atlanta ou The Boys.
Chaque expérimentation des scénaristes rappelle que la série n’a jamais craint de briser son moule. Les nombreux thèmes abordés qui sortent un peu de l’essence de la série — la perte de contrôle, la fatalité du temps, la manipulation médiatique —, résonnent d’autant plus qu’ils sont traités de façon audacieuse et impactent réellement l’intrigue.
10. L’ascension et la chute bouleversantes de Fred
Winifred Burkle, alias Fred, passe d’ex-prisonnière apeurée d’une dimension parallèle à brillante physicienne, avant d’endosser la stature surprenante d’une héroïne de tragédie grecque. Quand l’Ancienne Illyria s’empare de son corps, la série franchit un tabou : elle immole l’innocence du personnage pour y instiller un vertige métaphysique permanent. Ce deuil sans retour miraculeux place chaque membre de l’équipe devant un choix moral des plus difficiles, révélant dans le même temps la fragilité de leurs convictions.
Fred symbolise la beauté pure et sans artifice, ainsi que la fragilité de l’espoir, tandis qu’Illyria représente la brutalité du changement, le chaos : deux faces d’une même pièce douloureusement authentique. Le personnage de Fred est clairement admirable, on finit par s’amouracher de lui alors que rien ne laissait présager cela lors de son introduction.
11. Wesley Wyndam‑Pryce : du souffre-douleur au protecteur
Lors de son arrivée dans Buffy, Wesley n’était qu’un mec ringard à l’accent british, l’éternel « premier de la classe », un type raide comme un piquet, un mouchard du Conseil des Observateurs, un souffre‑douleur qu’on adorait détester… Viré pour incompétence, il arrive à Los Angeles comme chasseur de démons indépendant, manteau froissé, cheveux en bataille et maladresses en bandoulière… Mais c’est là que commence sa mue : intégré à Angel Investigations, il compense son manque de pouvoirs par un courage acharné et un sens moral qui l’oblige à prendre, seul, les décisions les plus terribles.
Au fil des saisons, le pauvre Wesley se fracture — au sens propre comme au figuré —, lorsqu’il enlève l’enfant d’Angel pour éviter une prophétie ou tire une balle sur son propre père… Ce poids de la solitude le pousse vers l’alcool et l’isolement, avant qu’un amour sincère avec Fred ne lui rende espoir. Leur romance, puis la disparition cruelle de Fred au profit d’Illyria, figent Wesley dans une fidélité déchirante : il choisit d’aimer ce qu’il reste plutôt que de tout abandonner. Le personnage de Wesley est si fascinant et profond qu’il me donne envie de pleurer toutes les larmes de mon corps… Je t’aime mon Wesley !
12. Un humour noir qui caresse avant de mordre
Dans Buffy, la comédie fait partie de l’ADN de la série : le concept est décalé (normal, c’est essentiellement une série pour adolescents), le patronyme « Buffy » est lui-même assez ridicule quand on y repense, on s’attend à des répliques cinglantes de la part de Xander ou Oz à chacune de leurs différentes apparitions, etc. Finalement, il n’y a que dans les heures vraiment tragiques qu’aucune vanne ne fuse dans Buffy.
Angel joue dans un registre inverse : l’ambiance est tellement sombre que le moindre trait d’esprit surprend et, justement, fait mouche. La série ne repose pas sur des punchlines mais sur le décalage de situations dramatiques. Dans le pilote, Angel bondit dans sa décapotable pour poursuivre un démon… avant de s’apercevoir qu’il s’est assis dans la voiture d’un inconnu : la tension est brisée net, et les rires sont immédiats ! Plus tard, une jeune femme lui demande de danser lors d’une soirée, alors que ce n’est pas du tout le genre de notre vampire doté d’une âme : la caméra nous plonge alors dans un fantasme totalement improbable où le suceur de sang exécute le déhanché le plus ridicule de l’histoire de la télévision. Ces éclats comiques fonctionnent parce qu’ils se heurtent à la noirceur ambiante de la série ; on rit deux fois plus fort, parce qu’on ne s’y attend pas !
13. Des seconds rôles qui volent la vedette
Angel n’est jamais qu’un héros solitaire : autour de lui gravite une vraie constellation de personnages secondaires si solides qu’ils occupent souvent le premier plan. Charles Gunn, ancien chef de bande des rues, offre une perspective sociale rare dans le genre : il questionne le fossé entre élite surnaturelle et quartiers défavorisés, et rappelle qu’on peut perdre son humanité en voulant la protéger. Lorne, le démon empathique du Caritas, joue les conseillers sentimentaux en lisant l’âme de ses clients qui chantent ; son sens de la répartie et son pacifisme prônent l’écoute et la nuance au cœur d’un monde violent.
La série ose aussi réinventer des visages plus familiers : Cordelia Chase passe de la peste superficielle à l’héroïne clairvoyante, puisque douée de visions qui l’obligent à assumer une responsabilité écrasante ; son parcours parle de vocation et de sacrifice autant que celui d’Angel. Harmony Kendall, vampiresse ingérable, apporte une légèreté bienvenue : gaffeuse, fan de licornes et pourtant redoutable quand il s’agit de survivre, elle sert de miroir comique aux nombreux dilemmes de l’équipe. En bref, ces arcs parallèles donnent de la profondeur à l’univers sans l’alourdir : chaque personnage a ses propres rêves et démons, si bien que le spectateur peut se reconnaître dans plusieurs destins à la fois.
14. Une fin ouverte fidèle à l’esprit de la série
Dans Buffy, tout a été soigneusement bouclé : après avoir été sauvée in extremis du couperet de la saison 5, la série se termine finalement sur une grande bataille au lycée de Sunnydale. Buffy, les Scoobies et la nouvelle génération de Tueuses éliminent une armée d’Ubervampires, la Bouche de l’Enfer est détruite et toute la ville disparaît dans un cratère. Chacun retrouve une forme de normalité dans sa vie. En gros, tous les fils narratifs ont été correctement noués, offrant une conclusion satisfaisante par rapport aux sept saisons.
À l’inverse, le final d’Angel, Not Fade Away, se termine brutalement avant un affrontement épique qui oppose l’équipe d’Angel à une armée composée de 30 000 démons, dont des géants et un dragon ! Ici, encore une fois, pas de happy ending. Juste un « Allez, on se met au boulot », et un fondu au noir. Un choix certes controversé, mais totalement cohérent : la quête d’Angel n’a jamais été de vaincre le mal une bonne fois pour toutes, mais de se lever chaque jour pour poursuivre le combat parce que c’est la seule chose qu’il y ait à faire. La série se devait donc de s’achever de cette manière. Angel nous rappelle que la lutte, tout comme la vie, ne s’arrête jamais vraiment.
15. Une bande-son jazzy qui caresse l’âme
Le générique, composé par Darling Violetta, mêle violoncelle plaintif, guitare slide et légers coups de cymbales. Résultat : en à peine quinze secondes, on se croirait propulsé dans un film noir des années 1950. Ensuite, au score hebdomadaire, le redoutable Robert J. Kral enrichit chaque épisode de cuivres feutrés, d’orgue Hammond ou encore de contrebasse, évoquant un club enfumé du Downtown L.A. Une fois n’est pas coutume, cette saveur acoustique ancre la série dans un univers adulte, bien loin des riffs pop‑punk de Buffy.
Revoir Angel en 2025, c’est presque comme écouter un bon vinyle. Essayez donc. Fermez les yeux. Vous l’entendez, cette montée de violon qui vous fait frissonner et vous renvoie aussitôt dans les ruelles nocturnes de L.A. en compagnie de notre vampire préféré ? Peu de séries peuvent se targuer d’un sound ID aussi immédiat. On reconnaît Angel en trois notes, et c’est tout un imaginaire qui remonte à la surface.
16. Le libre arbitre contre la tyrannie du destin
Du tout premier épisode aux adieux de Not Fade Away, Angel se heurte systématiquement à un dilemme : doit‑il suivre la prophétie de Shanshu (redevenir humain après avoir sauvé le monde) ou tracer sa propre route ? Les Oracles, Cordelia et ses visions, puis Jasmine et les Senior Partners le poussent sans cesse sur des rails prédéfinis. Pourtant, chaque fois que le destin paraît scellé, un choix individuel — quitter l’équipe, signer le contrat brisant la prophétie, sacrifier Connor, ne pas sortir Fred des griffes d’Illyria, etc. —, change la donne.
En 2025, alors que nos vies sont cartographiées par des algorithmes prédictifs, la série nous rappelle que la responsabilité n’est ni déléguable, ni programmable. Angel lui-même martèle que l’intention sans l’action reste vaine et que la liberté consiste peut‑être à se battre de toutes ses forces, même quand la victoire est plus qu’improbable. Autrement dit, c’est cette lutte consciente, plus que le résultat final, qui définit ce que l’on est.
17. Une morale grise qui n’est jamais simpliste
Dans Angel, la ligne de démarcation entre les gentils et les méchants fond dès la saison 1 : Doyle, le démon aux piquants, se sacrifie, tandis qu’un humain ordinaire vend son âme pour une simple promotion. Gunn, décidément animé d’un idéal héroïque, tue par erreur un scientifique presqu’innocent. Wesley trahit Angel en enlevant Connor pour « le sauver ». Même Angel cause du tort à ses amis lorsqu’il devient Angelus (Angelus étant le démon maléfique qui sommeille en Angel, le vampire doté d’une âme). Tout cela pour dire que la série ose montrer que le mal émane souvent des intentions les plus louables.
Cette éthique ambivalente cadre parfaitement avec les dilemmes contemporains : climat, IA, politique, vous le savez, rien n’est binaire… En exposant les conséquences concrètes d’actes motivés par la peur, l’amour ou l’orgueil, Angel encourage la nuance plutôt que le tribunal permanent des réseaux sociaux. Car nous sommes capables de comprendre sans excuser, et de pardonner sans oublier. La vraie leçon consiste à garder un œil critique sur nos propres compromis, histoire de ne pas devenir le monstre que l’on combat.
18. Des romances adultes, sans fards ni paillettes
Oubliez le « grand amour éternel » façon lycée : la relation Angel‑Cordelia grandit d’une complicité piquante à une tendresse inavouée, freinée par des visions, des comas et des possessions démoniaques. Wesley et Fred illustrent la peur de déclarer sa flamme avant qu’il ne soit trop tard, tandis que plus tôt dans la série, la relation entre Gunn et la même Fred exposait la jalousie professionnelle et le poids de l’inégalité sociale dans un couple.
Ces histoires fonctionnent parce qu’elles traitent d’engagement, de trauma et de timing plus que de triangles amoureux. En 2025, où appels visio et messageries instantanées compressent sentiments et malentendus, Angel rappelle qu’aimer, c’est souvent choisir de rester — ou de partir, à vous de voir —, malgré les incertitudes. Pas de baiser final sous la pluie. L’amour, c’est un chantier en cours qui exige patience, compromis et renoncement.
19. Un univers étendu cohérent pour prolonger l’aventure
À la diffusion du final, IDW a publié Angel: After the Fall, supervisé par Joss Whedon, une bande dessinée dans laquelle Los Angeles devient littéralement une dimension infernale, prolongeant la série sans retcon maladroit. Par ailleurs, les arcs Illyria: Haunted ou encore Angel & Faith (chez Dark Horse) approfondissent la quête identitaire des rescapés, tandis que Big Finish propose des audio dramas avec les acteurs originaux.
Pour les fans, cet écosystème est un terrain de jeu clair : chaque comic, roman ou jeu de rôle s’imbrique dans la chronologie officielle. Il n’y a pas besoin de jongler avec plusieurs continuités contradictoires : on peut juste binge‑watcher, binge‑lire, puis revenir à la série avec un regard enrichi. Rare exemple d’une franchise qui a su croître sans perdre le cap !
20. Un magnifique héritage qui irrigue la Peak TV
Le trio « enquête privée, fantastique urbain, dilemmes moraux » lancé par Angel a servi de modèle à des séries comme Supernatural, Lucifer, Jessica Jones et j’en passe. Le principe de la petite équipe soudée qui devient une « famille » se retrouve aussi dans Leverage ou Umbrella Academy. Des réalisateurs comme Eric Kripke l’ont déclaré publiquement : ils se sont inspirés d’Angel, et non de Buffy, pour mêler grande aventure et drame intime.
Revoir la série en 2025, c’est donc remonter aux racines de nombreuses fictions actuelles : des histoires qui s’échelonnent sur toute une saison, un humour qui casse la tension, des héros tourmentés, un adversaire qui est représenté par un système plutôt que par un seul monstre. Angel reste un modèle précieux pour celles et ceux qui écrivent, réalisent ou, tout simplement, aiment les séries d’aujourd’hui. Et c’est pour moi aussi une incroyable source d’inspiration, un véritable coup de cœur qui me rend triste que l’histoire soit déjà terminée.
Bien sûr, ce long article n’est qu’un point de départ. Désormais, la parole vous appartient ! Partagez vos scènes favorites, vos théories (Angel et le reste de la bande ont-ils vraiment réussi à vaincre le Cercle de l’Aiguille Noire ?) ou bien vos désaccords dans les commentaires : plus on débat, et plus le « Buffyverse » vivra ! Et si vous ne savez pas où et comment regarder Angel en 2025, sachez que les cinq saisons sont disponibles en intégralité en France sur Disney+ (en VOST et VF). Autrement, pour les collectionneurs, il doit encore être possible de mettre la main sur les coffrets physiques sur Internet. Il ne vous reste plus qu’à enfiler votre long manteau noir, à lancer le générique… et à venir me dire si vous aussi, vous entendez déjà le violoncelle. Sur ce, bonne chasse aux démons !
3 réponses
Je ne me suis jamais plongé dans un Angel ou un buffy contre les vampires.
Je connais les séries, j’ai déjà vu un épisode de l’un comme de l’autre.
Angel, je n’ai jamais vraiment accroché, je crois même que cet acteur était trop présent à l’écran.
Evidemment, j’aime mieux Buffy, Sarah Michelle Gellar, à l’époque c’était une jolie jeune femme.
Ce n’est pas pour autant que je regardais la série.
J’ai joué par contre à un buffy contre les vampires, ce devait être sur Playstation 2.
Il y a une série que j’aurais aimé revoir, ce sont les Hulk, le vrai Hulk, c’était l’incroyable Hulk, pas les films bidons. C’était une série comme Starsky et Hutch
L’acteur qui jouait ce personnage collait vraiment dans son rôle. Il était vraiment fait pour ça ,ce gars-là.
J’étais petit, quand il se transformait, il me faisait une peur bleue. Il y avait énormément d’émotion dans cette série.
Tout comme l’homme qui valait les 3 milliards, j’adorais le générique. A un tel point que je cours aussi vite, à 12 ans, je faisais 13 secondes sur 100 mètres. et super jaimie la version au féminin.
Je suis de 1975, je n’étais qu’un enfant et pourtant je me souviens de tout. Quand je n’avais qu’un an ou deux, je me souviens de certaine chose que j’ai vécue, je me souviens de ma vie complète à partir de 8 ans.
Je parle d’autre chose mais bon ^^ Ce sont mes souvenirs tout ça, je suis né pile au bon moment.
J’aimerais tellement revenir dans ces années et effacer les années 2000. Le 2.000 ne me plaisait pas, je ne l’ai jamais senti, je ne sais pas pourquoi, je sentais que ça n’allait pas être terrible et c’est le cas.