Season: A Letter to the Future, ou la beauté pure et hypnotique

J’aimerais commencer par dire que j’ai mis un temps fou à rendre ce test de Season: A Letter to the Future, et j’en suis absolument navrée. La vie continue ses surprises et ses tumultes, et j’ai eu bien du mal à me tourner vers les jeux vidéo ces dernières semaines. Et pourtant, il se trouve que Season: A Letter to the Future est exactement le jeu dont j’avais besoin ; j’ai donc vraiment à cœur de te présenter ce petit bijou et je remercie infiniment l’éditeur pour sa confiance. Prêt pour un voyage onirique, atmosphérique et hypnotique ? 

Sorti le 31 janvier 2023 sur PC, PS4 et PS5, ce jeu est le second bébé du studio québécois Scavengers. On y accompagne une jeune femme qui sort pour la première fois de son village natal dans le but de documenter et immortaliser la région avant la catastrophe imminente qui marquera la fin de la saison actuelle. Derrière ce point de départ un peu cryptique se cache un magnifique voyage, rythmé par des images et des sons à capturer pour s’imprégner de cet univers à la fois familier et dépaysant. Tu l’auras compris, on est sur un jeu essentiellement narratif, plutôt doux et lent, qui fait la part belle à l’exploration et à la contemplation.

Season: A Letter to the Future et son ambiance hypnotique

Par où commencer ce test de Season: A Letter to the Future ? Peut-être par l’atmosphère, justement, essence même du jeu qui le rend si unique. Laisse-toi porter, mets un casque pour te concentrer sur les bruits de la nature et les musiques délicates, choisis ton rythme de balade (à vélo ou à pied, c’est selon) et profite de ce grand bol d’air frais virtuel, tu en auras pour ton argent. Décors sublimes, petit accent québécois dans les doublages, character design très assumé, l’alchimie de ce jeu est toute particulière et il est difficile de ne pas tomber sous son charme une fois que la première phase de gameplay laisse place à l’exploration de la vallée.

Pour accompagner ce voyage, on te parlera de mémoire, de deuil, de l’importance des souvenirs et de ce qu’il faut laisser derrière soi pour avancer. De la peur du changement, des cycles, des casseroles qu’on traîne. De spiritualité, de l’envie de s’abandonner à des forces supérieures. De la multitude de détails qui forment un tout, de l’enfance, de la vieillesse, de l’amour et des liens. Et partout, partout, on te parlera d’espoir. Touche par touche, cette vallée dévoile certains de ses secrets, on rassemble quelques pièces de puzzles pour comprendre les anciennes saisons, la saison en cours, le vide omniprésent, les théories farfelues et les promesses des dirigeants, autant de regards croisés qui colorent et donnent de l’épaisseur à cette histoire, à coups d’objets laissés derrière soi, de vieilles affiches et de monuments sacrés.

L’éternel débat des walking sims…

Je n’ai pas vraiment envie de rentrer dans les aspects techniques de ce titre, de te faire le point classique du gameplay, de la durée de vie ou des performances graphiques, tant l’expérience qu’il propose dépasse ce qu’on attend d’un jeu. Comme dans tous les jeux narratifs et autres walking sims, il y aura ceux qui considèrent que ce n’est pas un jeu vidéo, qui se plaignent de la maniabilité du vélo ou de l’absence d’objectif clair (et ça voudra simplement dire qu’ils ne font pas partie du public cible, sans que cela soit grave dans l’absolu), et les autres, c’est-à-dire ceux qui l’apprécieront du fait de leur sensibilité.

Si tu t’interroges quand même sur l’aspect ludique, voilà ce que je peux te dire : pour t’encourager dans ta progression, tu devras alimenter un carnet (en y ajoutant des photos, des enregistrements audio, des commentaires et des dessins) qui retrace tes explorations. Libre à toi de faire le strict minimum ou de passer du temps à le décorer : de manière générale, le jeu te laisse tout à fait le choix de remplir tes missions avec soin ou d’accélérer le mouvement, d’où une durée de vie très variable (de 6 à 12 heures selon les développeurs) et une expérience différente pour chacun. Il y a aussi quelques puzzles pour accéder à certaines zones de la carte, quelques décisions à prendre dans les interactions avec les personnages, mais rien de technique ou de stressant, tout est quand même fait pour fluidifier au maximum ton exploration. Et ça marche !

Une vraie bulle de douceur !

Certains trouveront peut-être le propos trop forcé ou inutilement poétisé. Là encore, il s’agira du ressenti de chacun et je ne peux rien te garantir quant à ta propre sensibilité aux sujets et à ce que le jeu propose. Le résultat de mon test de Season: A Letter to the Future, en tout cas, c’est que je me suis laissée porter, j’ai vécu quelques moments vraiment doux avec certains PNJ, j’ai pris un nombre indécent de captures d’écran devant la beauté folle des paysages, j’ai été plusieurs fois surprise par l’angle pris par le scénario, par la diversité des approches qui participent à comprendre cette saison et les règles de l’univers qu’on explore, j’ai été émue par certaines scènes, certains caps à franchir, et je n’ai pas vu passer les quelques heures que j’ai consacrées à ce titre. Personnellement, ça me suffit pour le recommander ! Ensuite, à chacun d’y trouver ce qui aura une chance de le toucher !

En bref, j’espère que ce test de Season: A Letter to the Future retrace fidèlement mon expérience de jeu, parce que j’ai vraiment aimé sillonner cette vallée en brandissant mon appareil photo à chaque contour. Le travail visuel et sonore est tout à fait admirable, le scénario se dévoile de manière vraiment intelligente et si tu es sensible aux questionnements sur le changement, le deuil et la mémoire, tu devrais trouver ton compte dans ce que le jeu propose. On est donc sur une magnifique bulle atemporelle, relaxante et émouvante, qui t’accompagne sans te pousser dans une direction plutôt qu’une autre, qui s’adapte à ton rythme et tes envies, et qui regorge de belles surprises.