Décidément, le studio Deep Silver Volition semble avoir du mal à se séparer de ses bonnes vieilles habitudes. Et pourtant, en dépit de son attrait récurrent pour le mauve et sa panoplie de personnages élégamment vêtus tout droit sortis d’un Saints Row, Agents of Mayhem est le fruit d’une volonté propre : proposer quelque chose de neuf, de différent. Dans ce test de Agents of Mayhem, vous saurez tôt ou tard si cette audacieuse tentative s’est soldée – comme beaucoup le pensent –, en un échec cuisant. Reste qu’à force de vouloir nous immerger dans les profondeurs d’un monde cartoonesque teinté de mille et unes couleurs, à force de nous opposer à des vagues d’ennemis dont l’intelligence est proche de celle d’un lévrier afghan, à force de placer les phases de tirs au cœur du gameplay, Deep Silver Volition se laisse rattraper par ses vieux démons. Agents of Mayhem serait-il un Saints Row camouflé ?
Si t’es un vrai Agent of Mayhem, lève le pouce
La toile de fond d’Agents of Mayhem n’est autre que la ravissante ville de Séoul. Avec ses édifices ultra-modernes, ses grandes esplanades ouvertes, ses anciens temples enveloppés de cerisiers en fleurs, ses ruelles et culs-de-sac recouverts d’affiches propagandistes, la capitale sud-coréenne, fascinante, est vraisemblablement le champ de bataille rêvé, d’autant plus que des batailles, vous devrez en mener une bonne centaine contre l’infâme Docteur Babylon, qui préside une organisation maléfique baptisée LEGION. Son but ? Comme Minus et Cortex l’auraient deviné, conquérir le monde, cela va de soi. Wesh !
Or, il se trouve que tout là-haut dans le ciel, une arche surplombe la ville. Sur un écriteau lumineux, on peut y lire MAYHEM. MAYHEM, c’est justement la société ultra-secrète pour laquelle vous travaillez. D’ailleurs, votre mission, si vous l’acceptez, sera de mettre fin aux agissements du super-vilain caca tout plein du jeu. Bon, quand on sait que c’est l’autoritaire Persephone Brimstone qui contrôle cette agence de justiciers, je peux vous promettre que vous éviterez de sortir de vos gonds. Vous vous contenterez de remplir votre mission. Et rien d’autre. Kapish ? Bon, si aucun écart ne sera en théorie permis, nous verrons dans ce test de Agents of Mayhem que le jeu nous réserve une bonne dose de fun. Et la bonne nouvelle, c’est que l’humour est globalement plus subtil que dans les jeux Saints Row !
Si l’humour est subtil, le jeu, lui, ne l’est pas
Si l’humour semble plus élaboré et plus recherché dans Agents of Mayhem, le jeu en lui-même n’est pas subtil pour trois sous. Le jeu d’action et d’aventure des développeurs de Saints Row n’a de cesse de voir plus grand que nature. Ses combats explosifs, ses protagonistes ô combien lascifs, ses injures à outrance font d’Agents of Mayhem un jeu de l’extrême. Deep Silver Volition semble être attaché à cette drôle d’attitude qui plaira à un public majoritairement juvénile, mais pas à une audience réellement avertie. Qui plus est, derrière l’aspect fou-fou-cinglé-complètement-barré d’Agents of Mayhem se cachent des redondances qui finissent par profondément ennuyer le joueur : des missions recyclées, des bugs contextuels, un script pas toujours bien pensé et beaucoup trop chargé en vulgarités. Si Agents of Mayhem est dépourvu de cette folie démesurée qui constituait les Saints Row, il en garde tout de même quelques traces, preuve que le tournant radical promis par Deep Silver Volition est tout sauf total. Heureusement qu’Agents of Mayhem a le mérite d’être scénaristiquement au point !
Une bien belle panoplie de héros déjantés
Au tout début du jeu, on est directement transporté dans un tutoriel en compagnie de trois des héros, j’ai nommé Fortune, Hollywood et Hardtack. Il s’agit de quelques-uns des douze agents que l’on peut incarner au fil de nos parties. Les neufs héros restants peuvent être débloqués plus tard et ce qui est intéressant, c’est que tous disposent d’un scénario qui leur est propre. La campagne principale se concentre sur les affrontements qui opposent MAYHEM aux fidèles lieutenants du Docteur Babylon, lesquels sont introduits tour à tour. Si la plupart du temps les boss du jeu se démarquent de part leur QI semblable à celui d’une huître fraîchement pêchée, certaines missions restent tout de même très fun à jouer. Parmi les boss les plus emblématiques, il y a un serviteur aux allures de Justin Bieber et un groupe de nanas tout droit tirées d’un girlsband K-pop. Qu’on adhère ou pas au délire, l’idée est là.
Malheureusement, au bout d’une dizaine d’heures de jeu, on constate que Séoul possède un nombre incalculable de repaires à nettoyer ; en conséquence, il faut s’armer de patience si l’on veut débloquer chaque agent de MAYHEM. Toutefois, si vous êtes de ceux qui aiment les missions secondaires, vous n’aurez aucun mal à délaisser la trame principale quelques temps : les missions uniques aux différents agents sont très sympathiques. Personnellement, j’ai été autant obnubilé par la personnalité, l’armement, les skills et les animations uniques de chaque héros que par le scénario en lui-même. Et même si les missions inhérentes aux héros sont relativement courtes, elles éclipsent sans mal certains moments très dispensables du jeu, notamment les épisodes contre les boss les moins intéressants du lot. Et le gameplay dans tout ça, qu’est-ce qu’il vaut ? Eh bien je vous en parle plus bas.
Les combats d’escouade au cœur du gameplay
Ce test de Agents of Mayhem serait incomplet sans une analyse en matière de gameplay. Sachez que la pierre angulaire du jeu, ce sont les combats d’escouade. En effet, avant de démarrer une mission, on peut sélectionner les trois agents de son choix. Toutefois, on ne se bat pas véritablement à leurs côtés, on switche d’un personnage à l’autre en se servant du stick multi-directionnel de la manette. Cette manipulation est efficace, notamment lorsque l’un de nos agents a subi des dégâts majeurs. Cela lui permet de recouvrer sa santé ! Par contre, du moment que l’un des héros succombe aux assauts de l’ennemi, c’en est fini pour lui. Le joueur est alors contraint de terminer la mission avec les deux personnages restants. S’ils meurent tous, game over, l’utilisateur doit redémarrer la mission du début.
Ce qui est intéressant, c’est que chaque personnage possède un style de combat qui lui est propre. Même si dix des douze agents sont équipés de fusils ou de pistolets, d’autres avatars sont plus originaux. Rama, par exemple, se sert d’un arc qui propulse des flèches d’énergie tandis que Scheherazade, qui est une ninja, utilise un katana. Les armes sont équilibrées : le pistolet silencieux d’Oni inflige le même nombre de dégâts que le mini-gun de Daisy. Aussi, les armes les plus volumineuses ne sont pas forcément les plus efficaces, l’idée étant de monter une escouade pertinente (un personnage polyvalent, un spécialiste des combats au corps-à-corps et un tireur à longue distance forment généralement une équipe redoutable). Bien entendu, chaque agent est doté de compétences qui sont déblocables sur le long terme. Leurs gadgets et mouvements peuvent aussi être updgradés.
Le principal intérêt d’Agents of Mayhem est véritablement la diversité de ses personnages. Bien que la campagne principale patauge bien comme il faut par moment, on arrive à avoir de l’affection pour eux. Qui plus est, Séoul n’est pas avare en contenu : il y a tout un tas de choses à y faire en plus des missions standards, ce qui rallonge radicalement la durée de vie du jeu, qui est de grosso-modo cinquante heures. Par ailleurs, avec quinze niveaux de difficulté disponibles, l’expérience peut réellement se montrer intense si vous en ressentez le besoin. Reste que la plupart des missions sont mal écrites et mal construites et que tout le monde n’accrochera pas à l’humour mal dosé de ce jeu qui nous rappelle Saints Row par certains aspects. Résultat mitigé ! Les plus et les moins ✔︎ Un casting de héros qui envoie du lourd ! ✘ Des missions mal écrites et mal inspirées.LA NOTE DE LA RÉDACTION
✔︎ Le choix de Séoul comme toile de fond.
✔︎ Une réelle envie d'innover, de bien faire.
✘ Des bugs de texture, de collision etc.
✘ L'ennui s'installe malgré de bonnes idées.
12 Responses
Merci pour ce test Eric ! Je l’ai dévoré, et j’ai pas manqué une miette, je surveille JSUG depuis longtemps car dans la newsletter vous avez justement dit qu’un test de AOM était prévu. Tu sais je suis mega fan des saints row, ces jeux super dingues me manquent, du coup si AOM est aussi fou que les saints row (même si tu dis que l’humour est un peu plus travaillé) ben moi ça me va je prend direct ! Dans les images les graphismes ont l’air très jolie, pourquoi juste 6.5/10 dans cette catégorie ? Merci encore pour ce test tout de même assez optimiste (car je vois que tous les gros sites démontent AOM), test très pro, intelligent, bref, au top comme d’hab! #TeamJSUG
Salut Bruno ! Ravi que le test t’ait plu 😉 J’ai volontairement baissé la note relative aux graphismes pour compenser avec certaines faiblesses techniques du jeu (animations, level design, conduite des véhicules). Mais des mises à jour sont prévues pour corriger tout ça. Il va simplement falloir se montrer patient !
Ca donne envie, j’attendrais sûrement qu’il soit à bas prix parce que j’ai déjà trop de trucs à jouer en ce moment. Mais j’aime bien l’humour de ce studio, et le choix de Séoul est plutôt sympa. Même si je crains qu’il n’y ai rien de reconnaissable vu le contexte futuriste (un monument, un lieu… ?)
Tu as raison, en l’état, Agents of Mayhem ne vaut pas réellement son prix. Pour répondre à ta question, je ne saurais te dire car je ne suis jamais allé à Séoul. Mais personnellement, j’ai trouvé la ville plutôt agréable visuellement parlant !
Je suis actuellement en train d’y jouer (pour un futur test justement) et j’avoue que je ne partage pas vraiment ton enthousiasme pour le moment ! L’aspect open world est pour moi véritablement raté : l’idée de Séoul est très bonne et l’architecture est parfois sympa à observer mais à côté de ça…. Les quêtes de remplissage (on dit annexes je crois : ] ) sont inintéressantes et la ville vide et inexploitée. La parodie d’agence secrète fait sourire mais on est très très loin de l’humour décomplexé de Saints Row, et honnêtement, ça manque énormément ! Enfin on croule sous les récompenses et les aptitudes, c’est l’overdose X_X
Bref, ça défoule un coup mais vu tous les jeux qui sortent à côté et qui sont bien plus intéressants, vaut mieux garder ses biftons !
Salut Raph ! Je ne suis pas sûr d’avoir fait montre d’un enthousiasme particulier pour Agents of Mayhem 😕 LOL
Lorsque j’ai rédigé le test, je me suis volontairement détaché de ce que je sais déjà en matière d’open world. Avec Agents of Mayhem, j’imagine que la plupart des gens s’attendent à un Saints Row voire un GTA (avec une map gigantesque, de la vie dans tous les coins de rue, un délire total). Sauf que Deep Silver Volition n’a jamais promis un Saints Row ou un GTA aux joueurs. Ils ont tenté de faire quelque chose de différent (même si ça ne se voit pas forcément, Agents of Mayhem étant en quelque sorte un spin-off de Saints Row). Aussi, le fait que la map soit majoritairement vide ne m’a pas forcément dérangé. Par contre, la répétitivité des quêtes annexes, on est bien d’accord, c’est super saoulant.
Super test! Comme le disent mes VDD même si tu soulignes aussi bien les cotés positifs que négatifs ca donne grave envie!!!
Salut Jane ! Tu m’en vois ravi ! Si tu t’appropries le jeu, donne-moi ton avis à l’occasion !
Le trailer n’est pas mauvais, vu comme ça, mais bon on se retrouve vite devant la série phare des Saints row, déjà rien que le violet était à proscrire, afin d’éviter la comparaison, mais le gameplay et les soucis techniques sont semblables aux difficultés que rencontre Saints row. Je crois que c’était l’épisode numéro 2 que j’avais bien aimé, bien que techniquement à la ramasse partout, l’ idée du second épisode était sympa à faire, après la série est trop partie en sucette niveau scénario, je veux bien qu’on se lâche mais dans le 4 on dirait que celui qui a écrit le scénario n’a pas su s’arrêter dans son délire.
Yo Steph ! Je dirais même plus que le trailer est bon. Le problème, c’est que ce n’est qu’un trailer ^^. Oui, Agents of Mayhem c’est un petit peu le fils non avoué de Saints Row. Et comme tu le dis, en général, on n’apprécie pas un Saints Row pour ses performances techniques ! 😉
Le jeu me laisse totalement de marbre depuis son annonce ! J’ai l’impression de voir l’enfant illégitime de Saints Row (le code couleur quoi…) et Crackdown. C’est loin de me faire rêver pour le coup.
Sinon super test Eric, comme d’habitude ! Je suis content de revoir ta plume pour un gros test ! La rentrée de Je suis un gameur approche ? ?
Eh oui mon cher Coffee la rentrée approche doucement, toute l’équipe va devoir se remettre au boulot maintenant. De gros tests vont être publiés dans les prochains jours et les échéances sont nombreuses !